Cruauté envers les animaux: à qui la faute?
Par nathalie-deraspe
En 11 mois à peine, dans la seule municipalité de Saint-Hyppolite, 77 chats sur 79 ont été euthanasiés. Durant la même période, 14 chiens ont connu le même sort. Qui se soucient des animaux recueillis par les patrouilles canines?
Le directeur du service des incendies de Saint-Hippolyte, Michel Raymond, a reçu le mandat d’étudier le dossier animalier de sa municipalité. Les données qu’il a recueilli l’ont estomaqué. Pourtant, le contrat liant la municipalité à la patrouille canine SPCM est clair. Après trois jours, les animaux non réclamés sont euthanasiés. Comment vérifier ce fait? «On fonctionne sur la bonne foi de la compagnie», laisse tomber M. Raymond. Alors que les plaintes continuent d’affluer à propos d’aboiements de chiens, d’animaux en liberté ou considérés comme dan- gereux, la municipalité devait débourser jusqu’à 1 000$ par mois pour des chats euthanasiés. «Si tout le monde assistait au moins une fois à l’euthanasie d’un chien ou d’un chat, chacun prendrait davantage ses responsabilités», lance la directrice générale de la SPCA des Laurentides, Corrine Gonzalez. Aux États-Unis explique-t-elle, dès qu’un animal est trouvé errant, on le stérilise. Des refuges offrent également le service à prix modique. Certaines municipalités proposent des licences à vie pour les animaux stérilisés. La tarification est d’ailleurs plus élevée si l’animal est fertile. «Ici, déplore-t-elle, les gens se débarrassent de leurs animaux en se disant que quelqu’un d’autre va faire le sale boulot.»
Une responsabilité citoyenne
Certaines municipalités de la région exigent que les contrôleurs conduisent les animaux non-réclamés à la SPCA. Éthiquement, cela est mieux. Mais bien souvent, le refuge de Sainte-Agathe a du mal à fournir. Le Centre d’adoption des animaux de compagnie du Québec prend parfois le relais. Le Réseau-secours offre également un peu de répit à l’organisme. Il existe même des familles d’accueil pour les animaux en voie d’être euthanasiés. Il s’agit souvent de bénévoles qui font le tour des refuges pour leur éviter une mort certaine. Mais quand l’entreprise chargée de la patrouille est rémunérée à l’acte, c’est comme lui enlever le pain de la bouche. À l’heure actuelle, les articles 444 à 447 du Code criminel prévoient une peine maximale de six mois d’emprisonnement et de 2 000 $ d’amende pour les crimes contre les animaux. Sous le régime du projet de loi C-15B adopté en juin dernier par la Chambre des communes, les peines maximales dans les cas d’infraction les plus graves, passent à cinq ans d’emprisonnement pour toute poursuite par voie de mise en accusation. Pour les cas d’infractions par voie de procédure sommaire, les peines passent à 18 mois et les amendes sont quintuplées. Reste à savoir s’il s’agit d’un crime que d’euthanasier un animal sous le seul prétexte qu’il n’a pas été réclamé.