Dépôt du rapport annuel de la DPJ
Par nathalie-deraspe
Trop d’enfants négligés
Les Départements de la protection de la jeunesse du Québec ont déposé lundi leur 7e bilan annuel. On y apprend que les Laurentides atteignent un nouveau record.
Même si la région n’a pas égalé ou surpassé le triste record de 2007-2008 en terme de nombre de signalements, les Laurentides figurent parmi les endroits de la province où la DPJ doit le plus souvent intervenir.
Cette année, le Centre jeunesse a reçu 6 615 plaintes, soit 128 de plus que l’année dernière. Près de la moitié d’entre elles (46%) ont été retenues pour fins d’évaluation. C’est donc plus de 3 000 dossiers à être étudiés au cours de l’année. Un nouveau sommet.
Dans 38% des cas, il s’agit de négligence ou de risques de négligence, alors que dans 28% d’entre eux, on parle d’abus physique ou de risques d’abus. Les mauvais traitements touchent près de 15% des signalements, tandis que les abus sexuels réels ou risqués dépassent le seuil des 10%.
Sans sous-estimer la situation, le directeur de la DPJ des Laurentides, Denis
Baraby, explique que plusieurs facteurs peuvent expliquer les données recueillies dans les Laurentides. «On fait des campagnes pour éduquer nos partenaires sur le rôle de la DPJ, mais également sur les services offerts dans la région. Il faut savoir distinguer si un enfant qui vit un problème doit nécessairement passer par la DPJ», précise-t-il. À titre d’exemple, Denis Barary affirme que le quart des signalements faits à l’organisme proviennent de la police. Or, seul un signalement sur quatre en provenance de cette source est finalement traité par la DPJ. Une éducation est donc à faire en ce sens.
Cela dit, les chiffres demeurent inquiétants. Est-ce que les familles des Laurentides éprouvent plus de difficulté à s’en sortir qu’ailleurs? Est-ce le contexte économique qui est défavorable? Denis Baraby estime que seules des interventions concertées peuvent venir à bout du problème. « Parlez-en à nos collègues de la Maison André-Boudreau. Ils vous diront à quel point la clientèle est en hausse au niveau de la toxicomanie.» Même chose en santé mentale. Et cela sans compter les taux faramineux de décrochage scolaire. Un ensemble de facteurs qui peuvent conduire à la négligence des parents envers leur progéniture. «Beaucoup de familles viennent s’établir dans la région en pensant créer un beau cadre de vie. Mais il y a beaucoup d’emplois saisonniers et précaires, ce qui compromet la stabilité des familles», avance Denis Baraby.
Un choix de société
Selon le directeur de la DPJ, toutes les ressources sont disponibles sur le terrain. Le gouvernement aspire à ce que chacune des régions de la province développe des programmes en partenariat avec l’ensemble des organismes locaux concernés par la maltraitance des enfants. Il suffit parfois de quelques dizaines de milliers de dollars pour bien mobiliser les gens et mieux cibler les besoins, ajoute Denis Baraby. Mais les Laurentides demeurent le parent pauvre en matière de financement du réseau de la santé. Cela est d’autant plus vrai pour le secteur des services sociaux. «La nouvelle loi sur la Protection de la jeunesse, adoptée en 2007, nous donne une marge de manœuvre pour faire plus dans certaines circonstances, d’indiquer Denis Baraby. On a de belles collaborations avec les Pays-d’en-Haut et le CSSS des Sommets, mais le programme axé sur la négligence n’existe que dans la région d’Argenteuil. C’est un enjeu d’équité interrégionale. Il y a eu des promesses à maintes reprises, mais l’argent n’est toujours pas là. Pourtant, il y a toujours des conséquences néfastes à placer un enfant.» Ils sont en moyenne 2 500 à vivre cette situation année après année dans les Laurentides.