Des citoyens invitent à la mobilisation pour la santé
Par France Poirier
Des citoyens veulent créer un regroupement afin de réclamer un financement plus équitable des soins de santé et de services sociaux dans la région des Laurentides.
Ainsi, Chantal Maillé, militante et préposée aux bénéficiaires, Jacques Bouchard, citoyen impliqué et conseiller municipal, et le Dr Jean Robert, médecin communautaire, invitent les citoyens à une rencontre le 9 novembre prochain afin de former le regroupement. La rencontre aura lieu au Quartier 50+ à 19 h.
Plusieurs objectifs
C’est devant le sous-financement des soins de santé et des services sociaux, l’accélération de la privatisation et les problèmes récurrents de gestion dans l’administration des soins, qu’ils veulent créer un regroupement transpartisan afin de militer pour une plus grande équité en santé dans les Laurentides.
« On a eu plusieurs rencontres. On a déterminé nos objectifs, on veut représenter les différents milieux de la communauté. Ainsi, on se mobilise autour de trois objectifs : financement juste et équitable en santé et en services sociaux, décentralisation du système de santé et exiger un régime solide public pour toutes et tous. On s’est regroupé autour de ces objectifs parce qu’on trouve que la situation est insoutenable », a souligné d’entrée de jeu Jacques Bouchard.
« L’assemblée vise à informer les gens sur les investissements en santé dans la région au cours des dernières années pour la région. On va aussi parler de la privatisation. Notre objectif est de décentraliser la santé et les services sociaux. La région est assez vaste qu’on pense qu’il est important de développer des soins de proximité. Il y aura aussi la déprivatisation. Il y a une recrudescence des cliniques privées. On pense que ce n’est pas la meilleure chose. Lors de cette soirée, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) viendra parler des conséquences du projet de loi 15 et des changements. On discutera aussi de comment s’organiser pour défendre ses trois objectifs. Puis, on veut l’étendre à travers le territoire en formant différents comités. On pense que la population a perdu son droit de parole et des services qui ne sont pas à proximité », explique Chantal Maillé.
« Le système est implosé »
Selon ce que le Dr Jean Robert voit sur le terrain, « le système ne va pas imploser, il est implosé ». « Le signe de ça est l’hyperstructure. Le système a usé les ressources humaines. Les gens qui travaillent dans un système implosé jouissent d’un bien-être au travail d’une durée moyenne de six mois. La déshumanisation tue le système. Les organismes souffrent de l’indifférence », déplore M. Robert.
« Depuis des années, non seulement, la part du budget santé accordée à la région des Laurentides est insuffisante en proportion de sa population permanente, mais elle ne tient pas compte des soins prodigués aux villégiateurs lors de leur séjour. On note aussi qu’en plus des problèmes criants et récurrents dans les urgences des hôpitaux de la région, la pénurie de travailleurs et travailleuses de la santé et des services sociaux pèse de plus en plus lourd sur la charge du personnel en place. Devant la lenteur du gouvernement pour pallier ces lacunes, des citoyens et citoyennes s’organisent pour mettre la pression sur les élues et élues », peut-on lire dans le communiqué du regroupement.
Le projet de loi 15 soulève des inquiétudes
Le projet de loi 15 n’a rien pour rassurer les instigateurs du regroupement. Selon eux, la centralisation des pouvoirs prévue dans ce projet de loi va à l’encontre des principes d’un système de santé et de services sociaux universellement accessible. Le regroupement revendique que le projet de loi 15 renforce plutôt des pouvoirs décentralisés.
« Nous faisons face non seulement à la privatisation en douce de la santé, qui nous coûte plus cher, mais aussi à une perte réelle du pouvoir de la population sur les services qui lui sont rendus », affirme Dr Jean Robert. « Nous voulons la mise sur pied de séances publiques d’information avec les instances décisionnelles des établissements, et des mécanismes de consultation notamment sur les plans stratégiques régionaux », souligne M. Bouchard.
D’autre part, le regroupement trouve « très préoccupante la volonté exprimée dans le projet de loi 15 », soit celle d’assujettir les organismes communautaires aux orientations publiques en matière de services. Comme l’exprime le mémoire présenté par la Coalition des Tables régionales d’organismes communautaires (CTROC) : « Les organismes communautaires autonomes sont des lieux d’appartenance, des espaces démocratiques, des berceaux de transformation sociale et des sites de service. Leurs différents volets d’intervention forment un tout qui agit sur les déterminants de la santé, la prévention et les changements sociaux », ont-ils ajouté.
Assemblée publique pour la population des Laurentides
Les citoyens et citoyennes des Laurentides qui sont interpellés par ces enjeux sont invités à une rencontre publique du 9 novembre. Celle-ci aura comme objectif d’amorcer la création d’un groupe de pression citoyen. Ce groupe militera pour un réajustement des investissements en santé, pour la fin de la privatisation en douce des soins et pour une plus grande mise à profit de la population laurentienne dans les décisions.
Lors de cette rencontre en trois volets, un membre du regroupement présentera d’abord l’état de situation des infrastructures et des investissements dans la région des Laurentides, « une histoire de promesses non tenues et retardées ». Par la suite, un invité de l’IRIS présentera une analyse de la réforme de la santé proposée par le biais du projet de loi 15. Finalement, une dernière partie sera consacrée à l’action, présentant un modèle d’implication des citoyens dans les revendications en santé et services sociaux.
« Il est primordial que la population fasse entendre ses préoccupations sur l’urgence de mettre à niveau les services de santé dans la région et sur la privatisation des soins. Les citoyens et citoyennes ne doivent pas être tenus à l’écart des orientations prises dans un système de santé public », conclut Chantal Maillé.