Des fraudeurs des Laurentides pris la main dans le sac

Par nathalie-deraspe

Les bandits à cravate à la Vincent Lacroix semblent se multiplier à la vitesse de l’éclair. Les derniers en lice ont été épinglés dans la région de Laval et des Laurentides. La province était leur terrain de jeu.

C’est par le biais de petites annonces affichées largement dans les journaux régionaux du Québec que les fraudeurs atteignaient leur cible, nous apprend Dominique Landry, inspecteur responsable de l’enquête à l’Équipe intégrée de la police des marchés financiers (EIPMF), mise en place pour détecter et empêcher les fraudes dans ce secteur d’activité.

Ceux-ci faisaient miroiter la possibilité aux détenteurs de comptes d’encaisser un montant équivalent à environ 40% de la valeur de leur régime enregistré d’épargne-retraite (REER), leur compte de retraite immobilisé (CRI) ou leur fonds de revenu viager (FRV). Pour ce faire, les personnes intéressées devaient transmettre plusieurs renseignements personnels, tels les codes d’accès du compte de courtage, ainsi que les mots de passe permettant à un tiers d’administrer les comptes autogérés.
«Vous avez le droit de gérer vos propres avoirs, explique Dominique Landry. Votre institution financière n’a qu’à vous indiquer les codes pour accéder à vos comptes. Mais si vous les divulguez à un fraudeur, c’est comme donner la clef de la maison à un étranger en disant: en passant, le coffre-fort est dans telle pièce et voilà la combinaison.»

Un réseau sophistiqué

En décembre 2008, l’AMF réfère le dossier aux agents. Dès que ceux-ci ont compris que le réseau fraudait en faisant notamment de la manipulation boursière au détriment de leurs «clients», ils se sont empressés d’interpeller les têtes dirigeantes, afin de freiner leurs activités.

En tout, 16 personnes ont été arrêtées et une quinzaine de sites ont été investis. Mais ce type de crime est d’autant plus difficile à circonscrire qu’il implique sciemment le consentement de leurs victimes. Et la police n’est pas dupe. Dès qu’un réseau est démantelé, un autre surgit pour le remplacer.

La victime-type de ce genre d’arnaque est bien souvent l’employé qui, après 30 ans de loyaux services, voit son usine fermer ses portes. D’autres sont attirés à l’idée de ne pas débourser un sou d’impôt tout en faisant des profits records et sont prêts à faire bien des entourloupettes pour réussir ce tour de passe-passe. Mais que ce soit pour tenter de résoudre un problème criant de liquidités ou dans l’espoir de toucher une grosse somme, l’appât du gain rapide obnubile. Les gens finissent par ne plus voir les nombreux signaux d’alarme qui, en d’autre circonstances, nous mettraient la puce à l’oreille, prévient Mme Landry.
«Quelle que soit leur motivation, ils sont ignorants de la loi. Ils ont affaire à des rapaces qui réussissent à les convaincre que tout se fait dans la légalité. Ils changent leurs boniments et adaptent leur discours selon la personne qui se trouve devant eux. Mais ce que les gens ignorent, c’est que ce sont des criminels qui ne sont pas là pour veiller sur vos intérêts. Des armes à feu ont été trouvées.»

Tactiques douteuses

Pourtant, les signes ne manquent pas. Certains rendez-vous ont lieu dans des stationnements ou des fast-food, sous prétexte «d’accommoder la personne». Des fraudeurs allaient jusqu’à dire: «En passant, si tu vas voir ta banque, ne leur parle pas de moi. Ils ne m’aiment pas.» L’idée, au bout du compte, étant de faire passer l’institution financière comme celle qui abuse de son client.

La GRC insiste pour dire que les détenteurs de comptes doivent faire leurs devoirs. Le marché noir ne s’affiche pas. Difficile d’évaluer pour le moment le nombre de victimes dans cette affaire et l’argent englouti. L’enquête criminelle doit désormais œuvrer à établir des preuves hors de tout doute et toute victime qui osera dénoncer ce type d’arnaque fera avancer les choses.

Céder à ces beaux parleurs, c’est comme de croire au Père Noël à l’année longue. «Si Loto-Québec est si rentable, c’est parce que tout le monde y croit un peu», fait valoir Dominique Landry.

L’EIPMF est composée de la Gendarmerie royale du Canada, de la Sûreté du Québec, de l’Autorité des marchés financiers et des Services des poursuites pénales du Canada.

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