Des Hippolytois à l’avant-garde de la lutte aux algues bleues

Par nathalie-deraspe

» Saluant le courage de la MRC des Pays-d’en-haut, par son nouveau règlement qu’il qualifie d’exemplaire (protection deux fois plus large et obligation de reboiser), Pierre Thériault soutient que les gens ont besoin d’avoir des élus qui les guident et leur donne une vision pour l’avenir

Les membres de l’Association des propriétaires du Lac Achigan (APLA) luttent farouchement afin de protéger leur lac, jusqu’ici épargné par les algues bleues. En l’espace de quelques mois, ceux-ci ont réussi à amasser plus de 150 000$ pour financer leurs activités.

Imaginons une nouvelle série d’Astérix et Obélix. Nous sommes en 2007. Une partie de la Laurentie est envahie par une bactérie cauchemardesque qui investit tous les plans d’eau possibles. Tous? Non. Dans les montagnes de Saint-Hippolix se cachent des Gaulois qui réussissent à faire exception à la règle. L’analogie s’arrête ici. La potion magique n’a rien à voir avec le fait que le Lac Achigan est encore considéré en assez bonne santé par les spécialistes, dont le Dr Richard Carignan, professeur au département des sciences biologiques de l’Université de Montréal et directeur de la station de biologie de Saint-Hippolyte. Cela est plutôt dû à la détermination des membres de l’APLA et de son président, Pierre Thériault, qui dirige l’association depuis plus de 10 ans.

Une décennie à reboiser

Vieille de 40 ans, l’APLA possède un nombre impressionnant de membres (425 personnes issues des 1180 propriétés avoisinants le lac dont 436 sont riveraines). Forte de cette notoriété acquise au fil des ans, l’APLA réussit à les sensibiliser face à l’importance de renaturaliser les rives du lac qui, rappelons-le, demeure le plus grand plan d’eau au nord de Montréal (outre les Lac Saint-Louis et des Deux-Montagnes), avec 516 hectares de superficie et 27 mètres de profondeur.
«Ça fait une dizaine d’années qu’on a un programme pour reconstituer la rive naturelle, explique Pierre Thériault, mais jusqu’ici, on avait obtenu un succès mitigé. L’an dernier, ça été beaucoup plus facile de convaincre nos membres d’agir parce que quatre lacs de la région ont été infestés d’algues bleues.» Le président de l’APLA ne cache pas que bien des riverains craignent d’abord et avant tout une dévaluation de leur propriété. Qu’à cela ne tienne, ils ont été plus que généreux quand il a été question de fouiller dans leurs poches, justement. En une fin de semaine, l’APLA avait recueilli 40 000$.

Cette première collecte a permis de faire l’acquisition de quatre appareils permettant d’éloigner les goélands issus du site d’enfouissement de Sainte-Sophie. Constituant un important apport en phosphore, leurs fientes auraient pu entraîner à leur tour l’apparition de cyanobactéries (algues bleues), d’autant plus qu’on évalue à 700 000 le nombre de goélands à avoir couché aux abords du lac au moins une fois l’an dernier.

Besoin de visionnaires

Après avoir investi 32 000$ dans le projet, les membres de l’APLA ont pu subventionner l’équivalent de 5000 plants grâce aux dons recueillis chez leurs membres. «Il y a beaucoup de travail à faire si on veut ralentir ou du moins, changer le cours des dernières années. On a fait vieillir nos lacs de 2000 ans en 40 ans, c’est énorme, concède M. Thériault.» Malgré tout, les membres de l’APLA ont décidé de se prendre en main localement au lieu de tenter de trouver des solutions avec l’Agence de bassin versant de l’Assomption et des trois MRC qui bordent le lac. «C’est compliqué, lourd et il y a beaucoup d’intervenants, confie le président de l’APLA. Avec d’autres résidents, on a réussi à faire adopter un règlement municipal pour protéger les cinq premiers mètres de la bande riveraine.»

Saluant le courage de la MRC des Pays-d’en-haut, par son nouveau règlement qu’il qualifie d’exemplaire (protection deux fois plus large et obligation de reboiser), Pierre Thériault soutient que les gens ont besoin d’avoir des élus qui les guident et leur donne une vision pour l’avenir. Sans vouloir déclarer la guerre à quiconque, le président de l’APLA déplore le manque de leadership des élus de Saint-Hippolyte dans ce dossier. Cela dit, le maire Gilles Rousseau doit tenir un Forum ce dimanche sur la question. Reste à savoir combien la municipalité entend investir pour prévenir la prolifération d’algues bleues dans les quelque 60 lacs situés sur son territoire.

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