Des jeux pour «perdre le Nord»… ou le gagner?
Par nathalie-deraspe
Loto-Québec vient de faire le pari que les maisons de jeu seront payantes au nord de Montréal. Pour la seule région des Laurentides, la cagnotte des deux «Ludoplex » prévus devrait rapporter plus d’une centaine de millions de dollars par année. Le gros lot, quoi!
Mercredi soir dernier, Gaétan Cormier, responsable de Loto-Québec, présentait, plans et maquettes à l’appui, le projet de maison de jeu aux membres de la Chambre de commerce de Mont-Tremblant. La nouvelle est maintenant officielle depuis le 3 novembre, date à laquelle la Société d’État dévoilait les grandes lignes de ce casino nouveau genre.
«C’est un concept unique au Québec, affirme Marie-Claude Rivest, responsable des communications chez Loto-Québec. Les premiers salons seront construits à Québec et à Trois-Rivières, et le troisième devrait être mis en chantier dès le dégel à Mont-Tremblant.»
Contrairement aux casinos, ces «Ludoplex», néologisme formé à partir des mots «ludique» et «complexe», auront des heures d’ouverture limitées et seront exempts de tables de jeu. La consommation d’alcool sera interdite sur place, tout comme les retraits par guichet ou carte de crédit, les programmes de fidélisation et les publicités extérieures. En outre, la Société d’État promet des mesures de contrôle et de prévention reserrées. À Mont-Tremblant, 58% du plancher total de l’édifice sera destiné à autre chose qu’au jeu proprement dit.
Jouer le jeu
Étrangement, c’est dans un contexte de restructuration et de reconfiguration du réseau que Loto-Québec a décidé de se lancer dans l’ouverture de ce type d’établissement. Le but? Réduire de 2 500 le nombre d’appareils de loterie vidéo disponibles dans la province, ce qui représente une réduction de 31% des sites.
Pour Benoît Deshaies, vice-président aux ventes, marketing et communications à la Station Mont-Tremblant, ce partenariat constitue une valeur ajoutée intéressante pour la clientèle. «Mais Mont-Tremblant ne deviendra pas pour autant une destination de jeu», défend-il.
La future maison de jeu vient s’inscrire dans un nouveau projet ambitieux qui pourra développer jusqu’à 1 500 unités de condos sur le Versant Soleil de la montagne. De plus, un centre multifonctionnel viendra bonifier l’offre de services, avec une capacité d’accueil de quelque 2000 convives par soir ou pourra être converti en salle de spectacles de 700 places. Fait à noter, les visiteurs pourront passer à leur guise d’un village à l’autre, grâce aux télécabines qui peuvent transporter des milliers de personnes à l’heure et ce, en quelques minutes seulement.
Le projet Versant Soleil, démarré il y a un an à peine, prévoit des retombées d’un milliard de dollars. Les travaux devraient s’échelonner jusqu’en 2010-2013 et engendrer entre 500 et 1000 emplois qui viendront s’ajouter aux 200 postes prévus par Loto-Québec.
«Un des challenges à Mont-Tremblant, c’est le recrutement de personnel, poursuit Benoît Deshaies. Et si un jour on arrive à attirer les congrès et les conventions, nous serons un joueur majeur et on pourra offrir des emplois qui seront plus que saisonniers.»
Après l’éléphant blanc, le cheval de course?
Par ailleurs, Loto-Québec entend déménager l’Hippodrome de Montréal sur la couronne nord de la ville. Pour l’instant, l’emplacement n’a pas encore été dévoilé mais on sait d’ores et déjà que l’ouverture est prévue pour la fin de l’année prochaine. Avec 1 300 postes de jeu, l’endroit sera autrement plus impressionnant. La Société prévoit y accueillir entre 5 000 et 6 000 personnes par jour, comparativement à entre 1 600 et 2 000 personnes à Tremblant. Les investissements seront doublés par rapport au Ludoplex situé dans le giron d’Intrawest: 99 M$.
Loto-Québec estime les retombées à 1 800$ par appareil. À Mont-Tremblant seulement, cela signifierait des revenus de 25 à 30 millions de dollars par année. «Mais ces chiffres seront probablement revus à la baisse, explique Marie-Claude Rivest, compte-tenu de la loi anti-tabac.» D’après le site de la Société d’État, l’objectif premier de Loto-Québec est de «réduire les coûts sociaux reliés au jeu de hasard et adopter de nouvelles mesures pour combattre le jeu pathologique.»