Des lundis de fou pour les chauffeu
Par yves-guezou
Transport urbain à Saint Jérôme
S’il est une journée que les chauffeurs d’autobus de Saint Jérôme appréhendent plus que le commun des travailleurs, c’est bien le lundi. Leur journée de travail commence à 5h15 le matin et se termine à 19h.
Fatigue, stress, douleurs dorsales et irritabilité entourent cette journée qui pourrait s’avérer dangereuse pour la circulation, le bien-être des usagers et surtout la santé physique de ces chauffeurs.
La municipalité sous-traite son service de transport urbain avec la compagnie d’autobus Transcobec sise à Saint Jérôme. Afin de pouvoir offrir un service de transport adapté aux besoins de la population, trois équipes de chauffeurs se partagent les heures de circulation des autobus: une équipe de jour, une équipe de soir et une équipe chargée des fins de semaine et des remplacements. Si l’équipe de jour circule pendant quatre jours de 5h15 le matin à 16h15, l’équipe de soir, elle, circule de 16h15 à 22h du mardi au vendredi mais de 5h15 à 19h le lundi. Cette journée de 14 heures comporte une coupure d’une heure et 10 minutes étalée dans la journée; à savoir que le premier chauffeur prend sa pause à 9h30 et le dernier à 13h30 créant des dérèglements dans l’équilibre des heures de repas et de la condition physique: «Il me faut trois jours pour récupérer de cette grosse journée», dévoile une des conductrices. D’autres chauffeurs interrogés se plaignent de maux au dos et aux bras dus aux longues heures de position assise et à la manipulation du volant. C’est sans compter la fatigue qu’implique une journée débutant de si bonne heure: «Certains clients sont étonnés quand on les conduit au travail le matin de bonheur et qu’ils nous retrouvent au volant, tard le soir», clame un autre chauffeur. Cette situation horaire hors norme, en place depuis quelques jours, se substitue à des lundis qui comptaient 17 heures de travail de 5h15 à 22h. C’est une nouvelle loi fédérale, limitant à 13 le nombre d’heures de conduite, qui a contraint la direction de Transcobec à réduire ces journées mais, ce faisant, elle a également supprimé une des deux pauses d’1h30 que comportait cette journée de 17 heures. Un mal pour un bien selon certains chauffeurs: «On travaille peut-être trois heures de moins sur une journée mais les heures d’affilée que l’on passe derrière le volant sont plus longues à cause de la pause perdue.» Contacté par téléphone, Yves Richer, président du syndicat des chauffeurs reconnaît que cette situation est anormale et particulière à Saint Jérôme mais que des pourparlers sont actuellement en cours afin de renégocier la convention collective des employés: «L’équité n’est pas simple à réaliser, déclare M. Richer, la possibilité d’équilibrer les semaines de travail existe mais les avantages que pourrait tirer l’équipe de soir se ferait au détriment de l’équipe de jour qui effectue actuellement 4 journées de conduite par semaine.» Pour sa part, la société Transcobec n’a pas souhaité faire de commentaires, son responsable étant en vacances à l’extérieur de la région pour deux semaines.
Pour des raisons évidentes, les chauffeurs de la compagnie Transcobec ont souhaité témoigner sans divulguer leur identité.