Des piliers du Bloc défaits
Par nathalie-deraspe
Élections fédérales
La déferlante néo-démocrate qui a rayé les bloquistes de la carte du Québec n’a pas épargné les députés sortants de la région. Lundi, les Laurentides sont passées du bleu à l’orange. Ce qui n’empêchera pas les conservateurs de régner en maîtres à Ottawa.
Au nord de la région, Johanne
Deschamps a tenté en vain de solliciter un quatrième mandat. Lundi, la députée sortante de Laurentides-Labelle a fait 7 heures de voiture sans jamais parvenir à faire le tour de tous les pôles de sa circonscription. Son comté est l’un des plus grands de la province et même du Canada tout entier. Mais ses nombreuses tournées de la région n’auront pas suffi à contenter le vote. Marc-André Morin, qui s’est laissé séduire par Thomas Mulcair et les néo-démocrates il y a quelques semaines à peine, a récolté 43,7% des suffrages, contre 31,5% pour la bloquiste.
Dans Rivière-du-Nord les résultats du Bloc sont encore moins réjouissants. Pierre Dionne Labelle, impliqué depuis des années au sein du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides, a remporté plus de la moitié des votes (55,1%), au détriment de Monique Guay, qui a dû se contenter de 28,1% des voix.
Plus au sud, l’ex-whip adjoint Mario
Laframboise, qui fut jadis pressenti pour succéder au chef de son parti, s’est fait expulser de son siège par Mylène Freeman, une jeune universitaire issue de sa circonscription d’Argenteuil-Papineau-Mirabel. Il agissait à titre de député depuis maintenant 11 ans.
La Jackmania
Joint au téléphone, Marc-André Morin a glissé quelques commentaires depuis le Rialto de Montréal à travers les cris de ralliement de centaines de supporteurs en liesse réunis afin de célébrer la victoire. Une victoire qu’il sentait venir. «J’ai eu une intuition juste avant les élections, a lancé le nouveau député. Tout a une fin», s’est-il permis d’ajouter dans cette atmosphère survoltée.
Son collègue Pierre Dionne-Labelle était quant à lui à Saint-Jérôme, où l’attendait une trentaine de partisans. Il affirme avoir pressenti un vent de changement et plus particulièrement le jour même du scrutin. «Les gens me souriaient plus qu’à l’habitude, on sentait qu’il se passait quelque chose.»
Du côté de Monique Guay, c’était l’atterrement. Des piliers du Bloc sont tombés et le chef vient de quitter ses fonctions. «C’est un parti qu’il va falloir rebâtir. On ne sera même pas reconnus à Ottawa. Mais je suis heureuse des 17 ans et demi passés dans mon comté et il y a deux enfants qui seront heureux de récupérer leur mère.
Pour l’instant, la députée sortante entend profiter des prochains jours pour prendre un peu de repos. Mais Monique Guay se dit prête à reprendre le flambeau. «Je suis convaincue qu’il y a quelque chose à faire. On l’a déjà vécu au PQ avec le raz-de-marée adéquiste. Reste à voir ce que la Jakmania va donner.»