Des résidents s’élèvent contre la création de districts électoraux
Par nathalie-deraspe
Val-David
Le directeur général des élections a constaté de ses yeux que Val-David est «un monde à part». Loin de demander un redécoupage, la centaine de résidents qui l’ont accueilli vendredi soir dernier, étaient venus réclamer l’abolition pure et simple des districts électoraux dans leur municipalité. «Je n’ai jamais vu ça!», s’est exclamé Marcel Blanchet sous le choc.
En vue des élections municipales prévues en novembre 2009, les municipalités de plus de 20 000 habitants avaient à établir la carte électorale de leur territoire au plus tard le 31 mai 2008. Celles de 20 000 habitants ou moins conservent le choix de découper ou non leur municipalité en districts électoraux. Jusqu’à présent, 199 petites localités du Québec ont choisi cette option. Dès que des électeurs manifestaient leur opposition au règlement proposé par la municipalité dans une proportion suffisante pour rencontrer les exigences de la loi, la Commission de la représentation électorale (CRE) avait à tenir une audition publique. Celle-ci était de passage récemment dans 6 municipalités, dont Mirabel, Mont-Tremblant et Val-David. Après avoir d’abord déposé une pétition d’une centaine de noms, les Valdavidois croyaient pouvoir renverser la décision de la municipalité en faisant valoir leurs arguments devant cette commission. Quelle ne fut pas la surprise de constater que les commissaires n’avaient aucun pouvoir en ce sens, sinon que de proposer un nouveau découpage, comme c’est le cas dans les autres municipalités de la province. L’imbroglio a confondu le maire lui-même, qui s’est senti obligé de venir défendre sa position. L’ex-conseiller municipal Jean-Guy Rousseau, a multiplié les excuses auprès des personnes présentes. Agissant au nom du Collectif pour la démocratie, celui-ci avait déposé un mémoire qu’il s’apprêtait à lire, quand le directeur général des élections a fait la mise au point qui s’imposait. Les esprits dans la salle se sont aussitôt échauffés, chacun des intervenants choisissant de dénoncer tour à tour l’effritement de la démocratie dans la municipalité. Pierre Lapointe a tenu à souligner que cette décision avait été prise sans arrière pensée et adoptée par la majorité des conseillers moins un (l’indépendant Mario Chartrand). En guise de protestation, la moitié de la salle s’est levée pour quitter les lieux. Le site d’élections Québec indiquait pourtant que la visite des commissaires était l’occasion pour les personnes intéressées de faire entendre leur opinion. Le directeur général des élections, Me Blanchet, a promis de communiquer avec la ministre Nathalie Normandea, afin de lui faire part de cette situation inusitée. La conseillère Nicole Davidson a déclaré en renfort qu’à l’heure actuelle, les citoyens ne savent pas à quelle porte frapper. «Ils auront une oreille et une voix pour eux», a-t-elle fait valoir. Plusieurs ex-conseillers ont tour à tour manifesté leur désaccord, en indiquant que cette décision allait briser l’âme du village. Alain Tousignant a déposé un document signé de la main de 12 conseillers qui ont siégé de 1991 à aujourd’hui. Celui-ci a rappelé que Val-David n’avait que 100 kilomètres carrés de superficie. «Ce type de division-là correspond à une métropole, a lancé l’artiste de réputée mondiale, Guy Montpetit. Ici, nous avons des gens qui ont une expérience de la société et du monde, qui veulent vivre dans un esprit de collégialité, de convivialité et de fraternité.» M. Montpetit était une des 12 personnes présentes à l’assemblée de consultation exigée par la communauté. La mairie a refusé de tenir un référendum sur la question. La carte en vigueur sera adoptée d’ici la fin de l’automne. Pierre Lapointe n’a pas retourné nos appels.