Dossier sécurité dans les laurentides
Par Thomas Gallenne
Opération cisaille: nouveaux contrats sociaux à Saint-Adolphe
Opération cisaille: nouveaux contrats sociaux à Saint-Adolphe
Le maire de Saint-Adolphe, Réjean Gravel prend le taureau par les cornes dans le dossier des plantations de cannabis sur son territoire. Loin de vouloir faire la police, il entend mener la vie dure aux personnes mal intentionnées, et surtout faire de la prévention. Un leadership qui pourrait bien faire des petits dans la région.
Le 10 juin dernier, le maire de Saint-Adolphe-d’Howard, Réjean Gravel, le conseiller responsable de la sécurité publique Serge St-Pierre et le sergent Frédéric Tremblay de la Sûreté du Québec des Pays-d’en-Haut, rencontraient une trentaine de propriétaires dont les terrains sont de 50 acres et plus, afin de les informer sur le Programme de contrats sociaux, inscrit dans le cadre de l’Opération cisaille. Des contrats du genre ont déjà été signés dans d’autres régions du Québec, telles qu’en Montérégie ou au Centre-du-Québec. «La MRC des Laurentides avait engagé un agent pour faire le tour des grands propriétaires terriens, raconte M. Gravel, dans le cadre de la signature de ces ententes. Plutôt que de faire du porte-à-porte, on a ciblé tous les propriétaires de grands terrains sur notre territoire et on les a invités à une soirée d’information. Une trentaine de propriétaires a répondu à l’appel, ce qui est très bien», se félicite le maire de Saint-Adolphe. Et il se garde bien de vouloir faire lui-même la police, ou de mener une lutte ouverte contre le crime organisé. «Je ne suis pas là pour attaquer les gens, précise-t-il. Je fais simplement de la prévention. Je pense avant tout à la sécurité des gens, de nos citoyens, de nos jeunes.» Réjean Gravel pense que le jour où les cultivateurs de cannabis ne pourront le planter dans la région, les objectifs auront été atteints.
Une intervention plus efficace
Frédéric Tremblay est lui aussi satisfait de la démarche entreprise à Saint-Adolphe. «Chaque personne présente à la séance d’information du 10 juin dernier a reçu en main propre le contrat social. Ce document, signé sur une base volontaire, est à la fois un engagement moral de la part du propriétaire, dans la lutte à mener contre les plantations de cannabis. «C’est aussi un outil très concret et très efficace, ajoute le sergent Tremblay. Ce contrat social permet aux policiers de la SQ d’intervenir sur le terrain du propriétaire qui l’a signé, et ce, sans mandat ou demande préliminaire.» L’agent de la SQ dit avoir reçu jusqu’à présent environ 6 contrats sociaux signés par des citoyens de Saint-Adolphe et ajoute que des contrats seront envoyés dans le courant de l’été à d’autres propriétaires de grands terrains de Saint-Adolphe. De son côté, le maire Gravel a confirmé qu’une conférence de presse à ce sujet allait être organisée prochainement.
Charles Garnier quant à lui, dit suivre de près les interventions de la SQ. «Ce dossier fait partie de l’ordre du jour du comité de la sécurité publique», explique le préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut. Existe-t-il un budget alloué par la MRC pour mettre en œuvre une stratégie commune de lutte contre les plantations de cannabis sur le territoire de la MRC ou encore pour sensibiliser les citoyens, particulièrement les grands propriétaires terriens? «Non, ce n’est pas le cas pour l’instant, avoue M. Garnier. Mais je prends en note cette idée qui est très pertinente.» Malgré tout, le préfet croit que ce n’est pas une priorité du comité de mettre de l’argent dans la prévention de la culture de la marijuana. «Nos citoyens veulent surtout voir leur police passer dans la rue», lance l’homme d’expérience.
Sainte-Adèle: Police ou SQ?
Le service de police adélois est dans une phase critique en 2011. En effet, la Ville est confrontée à un choix: conserver son service de police municipale ou intégrer la Sureté du Québec.
Dans un cas comme dans l’autre, les coûts – on le sait – font partie des enjeux. Mais l’enjeu principal semblerait-il, demeure celui de la qualité de service. Justement, une pétition, lancée par Jacques Patry, citoyen de Sainte-Adèle, demande le maintien du service actuel. «On a un peu plus de 2 000 signatures, déclare M. Patry, et on devrait déposer la pétition le 15 août prochain à l’hôtel-de-ville de Sainte-Adèle.» Avant son dépôt, le citoyen compte bien organiser une conférence de presse à laquelle devrait être invité Denis Côté, président de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ). Sur la question des coûts, M. Patry est catégorique: «Je suis prêt à payer plus sur mon compte de taxe pour garder notre service de police, car la sécurité des gens est ce qui me tient le plus à cœur. Et je ne suis pas le seul. On était plusieurs citoyens à le dire au maire, lors du dernier conseil. Mais M. Charbonneau, insiste-t-il, n’a jamais aimé le service de police de Sainte-Adèle.» L’homme qui connait ce service depuis sa fondation en 1959, dit se sentir en sécurité dans les rues de Sainte-Adèle grâce au « service impeccable » offerts par les policiers: «les gars offrent un service 24 heures sur 24, et interviennent en quelques minutes», ajoute M. Patry. Ce dernier croit que si la Ville passe aux mains de la SQ, elle vivra la même situation qu’à Sainte-Agathe. «Depuis que cette dernière est couverte par la SQ, l’administration a dû embaucher des agences privées pour maintenir un niveau satisfaisant de sécurité.»
SQ: Trop peu d’effectifs pour couvrir le territoire?
Le président de la Fraternité des policiers et policières de Sainte-Adèle, Luc Fleurant corrobore les dires de M. Patry. Selon lui, la police de Sainte-Adèle offre un service de proximité hors-pair aux citoyens. «On est capable de répondre à un appel en 3 minutes. On porte même assistance à des personnes âgées à leur domicile, raconte le policier. On est proche de nos citoyens, on connait notre monde, alors qu’à la SQ, il y a une rotation de personnel qui ne leur permet pas ça.» En outre, M. Fleurant reste très sceptique quant à une éventuelle efficacité d’intervention de la SQ sur le territoire de Sainte-Adèle. «En 2010, la SQ a demandé à la police de Sainte-Adèle de répondre à 227 appels qu’elle ne pouvait prendre en charge, raconte Luc Fleurant. C’est simple, la SQ n’a pas assez de personnel. Et après, vous voulez confier la sécurité de Sainte-Adèle à la SQ?» Et que pense le policier de l’intention du maire de remplacer le service de police par la SQ? «Cela fait depuis 1992, date à laquelle je suis entré en fonction à Sainte-Adèle, qu’on entend parler de ce remplacement. Mais il n’y a aucun maire qui a osé le réaliser.» Il se souvient que du temps où il était conseiller, Réjean Charbonneau était pour abolir la police municipale et qu’aux dernières élections, celui-ci avaient promis de la conserver. «La population devrait être consultée lors d’un référendum», croit Luc Fleurant.
L’insécurité, la criminalité est-elle à ce point importante pour justifier de telles craintes de la part des citoyens? Les réactions épidermiques témoignent d’une préoccupation réelle en tout cas. Comme dans toute crainte, n’y aurait-il pas une part de subjectivité? Comme le soulignait justement le préfet Charles Garnier, les citoyens se sentent en sécurité quand ils voient la police passer dans leur rue.