Qu’est devenu Desjardins?

Par leo-paul-lauzon

Le poète Richard Desjardins continue, contre vents et marées, à faire un travail remarquable en faveur de la forêt boréale et des autochtones. Lui, n’a pas viré son capot de bord, contrairement à d’autres qui s’acoquinent avec l’industrie forestière et son P.D.G., l’ineffable Guy Chevrette. Le titre de mon article fait référence aux caisses Desjardins qui se comportent exactement comme de vulgaires banques. Le Mouvement Desjardins, n’a plus de coopératif que le nom. Son fondateur Alphonse Desjardins doit se retourner souvent dans sa tombe.

Innovation majeure aux caisses populaires. Faut, dorénavant, prendre un numéro et attendre son tour. Comme on n’augmente pas le personnel durant les périodes achalandées, au début du mois, par exemple, ça fait que vous devez attendre patiemment plus d’une heure. Consolation, c’est moins pire qu’à l’urgence de l’hôpital ou chez le médecin. Le Journal de Montréal du 10 mai 2000, nous annonçait des majorations atteignant jusqu’à 67% pour les frais de service chez Desjardins. Réponse brillante de la suave porte-parole de Desjardins, Nathalie Genest: «Ces services ne sont pas rentables. C’est le principe de l’utilisateur-payeur». Nathalie nous prend pour des «morons». On te croit menteuse! Réponse plus songée du porte-parole de la Banque Nationale, Denis Dubé, face à des hausses identiques dans La Presse du 16 juillet 2008: «Ce ne sont pas des hausses, ce sont des ajustements». Grosse tarte, va! Allô féroce concurrence prévalant dans le marché bancaire supposément très compétitif. Dans le Journal de Montréal du 4 mars 2008, l’ancien président du Mouvement Desjardins, Alban D’Amours défend vaillamment l’américaine Visa, dont Desjardins est le plus grand émetteur de cartes de crédit au Québec: «D’Amours se porte à la défense de Visa». Par contre, dans La Presse du 11 septembre 2008, on apprend que: «cartes de crédit: les commerçants se rebiffent contre les hausses de tarifs» décrétées par le monopole privé Via-Mastercard. Sans compter que depuis toujours, les individus se voient charger des taux d’intérêt shylockiens sur ces cartes. La «coopérative» Desjardins trouve ça correct d’arnaquer ses propres sociétaires.
Île Charron
«Québec pourrait devoir payer 130 millions$. Le gouvernement prend des mesures pour protéger le parc des Îles-de-Boucherville», tel était le titre de l’article du Journal de Montréal du 19 novembre 2007. Ce terrain propriété de Desjardins a été vendu 6M$ à Luc Poirier, qui voyant que le gouvernement voulait se l’approprier, l’a immédiatement vendu frauduleusement à Groupe Cholette pour 130M$ qui lui, veut ériger un complexe immobilier sur l’île Charron. En bon citoyen corporatif, la «coopérative» Desjardins aurait pu faire don de ce bien public à la collectivité. Mais non, l’attrait du gain a prévalu. Il n’y a pas de petits profits.

Le nationalisme a ses limites, du moins au Québec. Le fric d’abord. Desjardins fut favorable de la vente à l’étranger de nos grandes compagnies à contrôle québécois comme, Provigo, Cambior, Domtar, Brochem Pharma et la Bourse de Montréal; parce que ça lui rapporte chaque fois des millions en commissions. En 2008, Desjardins a salué la vente de la Bourse de Montréal à la Bourse de Toronto pour 1,3 milliards$. Ce que le monde ne savait pas à ce moment c’est que Desjardins conseillait la Bourse de Toronto (Groupe TSX), comme le signale l’article du Journal de Montréal du 18 janvier 2008: «Desjardins a-t-elle privilégié ses propres intérêts?» En plus, Desjardins a financé l’opération de 1,3 milliards$. N’allez surtout pas voir là un quelconque conflit d’intérêt. Et le “minusque” ancien président de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand, un petit faiseux qui a empoché des millions pour son aide et qui a finalisé ce délestage, a dit, dans Les Affaires, du 15 décembre 2007: «Pour moi, c’est pas une vente, c’est une combinaison». Une «combine à grands manches», je suppose. Un autre qui nous prend pour des caves de luxe. Même Jacques Parizeau, dans le Journal de Montréal, du 29 mars 2008, a condamné le comportement opportuniste de Desjardins.

Toute cette merde idéologique d’extrême-droite est censée créer plein de richesse au Québec, surtout des riches s’entend. Ne voulant pas être en reste, Monique Leroux, la présidente de Desjardins suggère les mêmes recettes miracles et magiques tel que rapporté dans La Presse du 14 décembre 2007. Ils ne suggèrent pas de mettre fin à l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, très payant pour Desjardins, soit dit en passant; au déluge d’abris fiscaux consentis aux compagnies et aux nantis qui fait que plus de la moitié des 300 000 compagnies rentables ne paient pas une cenne d’impôts sur le revenu au Québec; surtout pas question aussi pour eux de suggérer de réduire les subventions de 6 milliards$ consenties annuellement aux compagnies prospères du Québec, soit 3 milliards$ de plus chaque année qu’en Ontario que signale l’organisme patronal du Fraser Institute; d’abolir les 400 millions$ versés par Québec à tous les ans aux écoles privées comme en Ontario et aux États-Unis qui ne versent rien; d’augmenter les impôts sur le revenu des compagnies du Québec qui sont les plus bas au Canada; d’exiger que les minières paient leurs redevances, elles qui ne paient rien au Québec mais qui exigent des millions en subventions même si elles nagent dans les profits; et enfin d’imposer la rémunération des dirigeants d’entreprises au même taux que le salarié ordinaire. Ces boss, qui se font payer leurs millions en salaire sous forme d’options d’achat d’actions ce qui fait que la moitié de leur rémunération stratosphérique n’est pas imposable pantoute! Et après, ça vient nous donner des conseils sur comment gérer l’État et recommander instamment de taxer davantage le monde ordinaire par la tarification accrue des services publics et de détaxer le gratin et les compagnies qui font vivre les banques et Desjardins. Au moins, s’ils fermaient leur grande gueule!

Puis, dans **La Presse** du 7 mai 2008, Yves St-Maurice, économiste en chef adjoint de Desjardins «ne s’inquiète pas de voir nos ressources naturelles passer aux mains d’intérêts étrangers» et nous dit aussi que: «Les banques ont un avantage fiscal à s’implanter dans les paradis fiscaux ». Pardon, mais les mots me manquent. Enfin, alors que Statistique Canada nous a annoncé que «le revenu des travailleurs stagne depuis 25 ans », nouvelle parue dans **La Presse** du 2 mai 2008, l’économiste, Hélène Bégin, de Desjardins, se voulant à la fois niaiseusement positive et jovialiste, nous dit très sérieusement que: «La bonne nouvelle est que les plus riches paient plus d’impôts ». Furieusement pathétique! Tirez vos propres conclusions.

Le mouvement Desjardins est devenu au fil des ans un gros danger public. Toujours en train de faire peur au monde ordinaire avec des épouvantails à moineaux éculés comme l’exode des cerveaux et le vieillissement de la population. Dans un article intitulé: «Après la récession, le choc démographique» paru dans **La Presse** du 29 mai 2009, les économistes Hélène Bégin, François Dupuis et Hendrix Vachon de Desjardins affirment que: «Pour atténuer le choc démographique et freiner l’exode des cerveaux, il va falloir miser davantage sur les taxes à la consommation et moins sur l’impôt des particuliers (ce que veulent le patronat et les nantis), redéfinir le rôle de l’État pour permettre (sic) aux Québécois de vivre davantage selon leurs moyens (le Québécois moyen s’entend, pas le Québécois supérieur). Certaines vaches sacrées (celles de la classe moyenne, pas celles des nantis et des compagnies) devront être sacrifiées… Rien de moins!

La récession et le retour du déficit qui en a découlé, ce sont les compagnies et les profiteurs qui en sont responsables. Comme solution, on octroie des milliards en fonds publics aux coupables et aux responsables, défrayés par la population, et on exige des innocentes victimes de payer pour ce gâchis par de substantielles hausses des taxes à la consommation (les compagnies ne paient pas de TPS et de TVQ) et de tarification de services publics. La belle affaire! Après, ils ont le front de venir nous parler de «vaches sacrées». L’augmentation importante de la dette publique occasionnée par les milliards versés en subventions au privé et les milliards consentis dans un déluge d’abris fiscaux, pour eux c’est pas un problème. On a qu’à couper dans les services publics ou à les privatiser. En passant, Desjardins a déjà commencé à investir dans la santé privée comme le signale le titre de cet article de **La Presse** du 5 octobre 2007: «Desjardins sécurité financière: un premier assureur investit en santé» par l’achat d’un établissement hospitalier à Lévis. Bravo Desjardins pour ce merveilleux geste de solidarité. Nous vous en sommes très reconnaissants.

L’économiste Hélène Bégin de Desjardins est tout simplement sublime de petitesse. D’abord, il y a eu sa chronique intitulée «L’économie du Québec file à vive allure» parue dans **Les Affaires **du 31 juillet 1999 et puis un mois plus tard, soit le 4 septembre elle signe son autre texte du titre: «La rémunération piétine au Québec». Même si elle reconnaît que l’économie du Québec filait à vive allure, elle concluait en disant: «Dans l’ensemble les salariés du Québec, ne pourront pas compter sur une bonification de leur revenu d’emploi (sic) pour améliorer leur pouvoir d’achat. Pour l’instant, des baisses d’impôt significatives (sic) sont plus que nécessaires pour donner un peu d’air frais aux travailleurs». Ça dépasse tout entendement. La même économiste qui aujourd’hui appelle à des hausses de taxes à la consommation (TVQ et TPS) et de tarification de services publics (garderies, eau, scolarité, transport en commun, électricité, péages routiers, etc.) substantielles afin, je suppose, de «donner un peu d’air frais à la classe moyenne, aux travailleurs et aux générations futures»! Je dirais plutôt «afin de les étouffer».

Je termine par une autre perle gigantesque du Mouvement Desjardins. Eh oui, une autre! Dans un article paru récemment dans **La Presse** du 18 septembre 2009 et titré «Crise économique: les prix résistent mieux au Québec (sic)», on apprend que les prix de l’alimentation, l’habillement, l’ameublement, la santé privée, les loisirs, etc., augmentent plus ou diminuent moins au Québec que dans le reste du Canada. Mais pour Benoît P. Durocher, économiste chez Desjardins, c’est une très bonne nouvelle qui démontre supposément, selon lui, que l’on est moins touché par la récession. Soyez donc dans l’allégresse et que votre joie soit profonde. Par manque de concurrence véritable, les détaillants québécois ne refilent pas aux consommateurs les baisses de prix et c’est supposé être formidable selon l’économiste de Desjardins et les autres économistes de banques que le journaliste Philippe Mercure de **La Presse** a interviewés. Le laquais de journaliste a pris bien soin de parler exclusivement qu’à des économistes de banques afin de mieux aliéner ses lecteurs. Belle preuve d’éthique, de liberté d’opinion, de professionnalisme et d’indépendance journalistique. Contrairement aux autres provinces, quand les prix augmentent davantage ou diminuent moins au Québec, faut donc en conclure, selon les savantes thèses des zéconomistes de Desjardins, que cela relève du «modèle québécois», que ça donne beaucoup «d’air frais» aux Québécois et que ça augmente considérablement leur pouvoir d’achat? Selon ces «Jojo Savard» de l’économie, augmenter les taxes à la consommation et les tarifs des services publics va aérer et enrichir encore plus les Québécois, surtout la classe moyenne et les pauvres, et ça va leur permettre de ramener rapidement leur énorme endettement personnel et familial à zéro ce qu’il leur permettra par après d’épargner très beaucoup pour le mieux-être de leurs petits-enfants.

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