Éducation: une autre année d’incertitude en vue
Par nathalie-deraspe
» Il y a deux semaines, la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord cherchait toujours à combler des postes d’enseignants dans pas moins de huit catégories, en plus de requérir les services de deux orthophonistes à temps plein.
Il y a encore une semaine à peine, la commission scolaire de la Rivière-du-nord sollicitait des enseignants et des orthophonistes à travers les pages d’un grand quotidien montréalais. Pourtant, l’année scolaire est bel et bien commencée…
À l’heure actuelle, il est encore trop tôt pour dire combien de personnel non légalement qualifié enseignera à nos enfants pour l’année en cours. À la commission scolaire des Laurentides, Raymond Hamelin, président du syndicat des enseignants, se fait ironique. «Il y a des personnes assises sur chaque chaise. Les enfants ne sont pas laissés à eux-mêmes. Mais sur papier, il y a encore des groupes extrêmement nombreux, parfois jusqu’à 35 élèves.» À moins de déménagements ou de transferts d’élèves au privé, la situation risque de demeurer au beau fixe pour 2007-2008. Et tant que le relevé officiel du 30 septembre ne sera dévoilé, tous demeurent sur le pied d’alerte ou presque.
Avec une marge de manœuvre inexistante et des conditions financières difficiles, la commission scolaire des Laurentides doit résoudre le casse-tête jour après jour. Et les solutions ne pleuvent pas. Il y a d’un côté des classes surpeuplées et de l’autre, un manque de professeurs, une situation qui s’explique entre autres par le boom démographique auquel la région est confrontée.
Burn out et compagnie
«La profession d’enseignant est la plus atteinte en matière de maladies mentales (burn-out etc), confie Jean Dumais, du syndicat des enseignants de la Rivière-du-Nord. Les professeurs sont encore plus touchés que les policiers». Pas étonnant que ceux-ci lancent à la blague: «Ce n’est pas deux mois de vacances qu’on a mais deux mois de convalescence!»
Au 17 août, la commission scolaire de la Rivière-du-Nord (CSRDN) avait 270 postes à combler. De ceux-là, 100 l’ont été par des enseignants qualifiés. La moitié des emplois restants constituent des postes à temps plein. Peut-être seront-ils comblés par des enseignants frais sortis de l’université ou par du personnel non légalement qualifié. «Une chose est sûre, c’est que les enseignants qui n’ont pas encore de tâche ne sont pas nécessairement les meilleurs», poursuit Jean Dumais. Et comme l’école privé draine une bonne part des élèves performants, le public tente à son tour de charmer cette clientèle en développant des volets spécifiques (international, sport, musique, etc). «En bout de ligne, constate Jean Dumais, les classes ordinaires sont de moins en moins ordinaires et l’élève qui était moyen devient le très fort.» Un constat qui ne semble guère rassurant pour l’avenir.
Débordements
De son côté, le directeur adjoint de la CSRDN, Marc St-Pierre, affirme que la situation n’est pas pire qu’ailleurs et répète mot pour mot les propos de Raymond Hamelin: «Il y a des gens assis partout». Celui-ci prétend toutefois que le ministère de l’Éducation est de plus en plus à l’écoute. Certaines règles mises en place permettent même aux non légalement qualifiés de poursuivre des formations tout en continuant d’enseigner.
Il n’empêche que la situation n’est guère reluisante. Les écoles secondaires de la région de Saint-Jérôme déborderont encore cette année. À Cap Jeunesse, l’école a 300 élèves en trop. Depuis deux ans, les modulaires ont essaimé sur le terrain de l’établissement et accommodent tant bien que mal les surplus. À Prévost, l’école des Hauts Sommets accueille près de 500 élèves de plus que lors de son inauguration il y a quatre ans. Heureusement, Mirabel prévoit ouvrir une première école secondaire de 850 places dès l’an prochain.
Malgré ces débordements de clientèle, les efforts pour tenter de réduire le décrochage scolaire semblent avoir porté fruit. Dans certaines catégories, le taux de diplômation des élèves a augmenté de 20%, un miracle dans les circonstances.
Il y a deux semaines, la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord cherchait toujours à combler des postes d’enseignants dans pas moins de huit catégories, en plus de requérir les services de deux orthophonistes à temps plein.