(Photo : Archives)
Jérémie Gagnon, propriétaire de Permex, a démarré un nouveau projet : CW Grow.

La Wollastonite : un minéral à suivre de près en agriculture

Par Marie-Catherine Goudreau

Un nouveau produit en agriculture pourrait permettre non seulement de s’adapter, mais aussi de combattre les changements climatiques. Il s’agit de CW Grow, un produit composé de wollastonite, un minéral naturel qui possède des propriétés très intéressantes pour l’environnement et surtout pour les agriculteurs, comme la séquestration de carbone et l’augmentation de la résistance des plantes.

CW Grow est un projet de Jérémie Gagnon, aussi propriétaire de l’entreprise de permaculture Permex, située dans les Laurentides. Il s’agit en fait d’une nouvelle division minière de la compagnie Canadian Wollastonite qui sera entièrement dédiée à l’agriculture.

M. Gagnon a fait la découverte de la wollastonite alors qu’il creusait pour de la construction à Morin-Heights. La région a plusieurs gisements, mais ils ne sont pas exploitables. « Ça m’a tout de même permis de la découvrir ! », soutient-il. Il a par la suite fait des recherches et a approché des compagnies, dont une mine dans l’est de l’Ontario, celle de Canadian Wollastonite. « Je leur ai proposé ce que je voulais faire comme projet, et ils m’ont offert une division minière. » Il pense être la première mine verte au monde.

Une récente étude de l’Université de Guelph en Ontario a démontré que la wollastonite, qu’on appelle aussi le silicate de calcium, avait des propriétés de séquestration de CO2.

Une réaction chimique se produit avec la wollastonite et permet de capturer le carbone dans l’atmosphère pour le fixer sous forme de molécules inorganiques, appelées carbonates.

« Si cette réaction a des effets sur le climat, ça reste encore à déterminer. Mais d’un point de vue chimique, la réaction est tout à fait logique », soutient Richard Bélanger, directeur du Département de phytologie de l’Université Laval. Selon l’étude de l’Université de Guelph, une tonne de silicate de calcium pourrait fixer 0,2 tonne de carbone.

M. Bélanger travaille depuis une dizaine d’années avec Canadian Wollastonite, non pour les propriétés de séquestration de carbone, mais pour ce qu’on appelle le silicium, une des molécules qui composent le minéral. « Nous travaillons sur les propriétés bénéfiques du silicium en agriculture depuis 30 ans. Lorsqu’on a commencé à travailler avec CW, il n’a jamais été question de séquestration de carbone », explique M. Bélanger. Il n’y a pas beaucoup d’études réalisées de ce côté, ajoute-t-il. Celle de Guelph est l’une des premières à sa connaissance.

CW Grow affirme qu’en plus d’être carbonégatif, leur produit permettra d’augmenter la résistance des plantes, de réduire le pH et de structurer le sol, notamment. Ces bénéfices sont dus principalement au silicium.

Lorsque les plantes absorbent le silicium, elles seront mieux protégées contre les maladies, les attaques d’insectes ou le stress hydrique par exemple. « Mais il faut être prudent », prévient M. Bélanger. « Ça prend des bonnes concentrations et ça peut prendre un certain temps avant que les plantes l’absorbent. » De plus, ce n’est pas toutes les plantes qui l’absorbent bien et qui profitent de ses bienfaits.

La wollastonite pourrait également remplacer la chaux, qui est un autre minéral largement utilisé par les agriculteurs, principalement pour régler le pH du sol. « On l’utilise lorsque le sol est trop acide, comme dans la région des Laurentides », explique Jérémie Gagnon. Lorsqu’il y a trop d’acidité, les plantes ne peuvent pas aller chercher autant de minéraux qu’elles ont besoin.

Certains producteurs vont donc choisir d’utiliser la wollastonite, et vont y trouver des bénéfices indirects comme l’amélioration du pH, « mais le bénéfice direct d’augmenter la qualité structurale d’une plante et sa protection contre les insectes doit passer par l’absorption active du silicium », précise M. Bélanger.

« Je vais être curieux de suivre si la question de séquestration prend son envol et surtout, si les producteurs reçoivent des crédits (carbone) pour l’utilisation de la wollastonite. Ça aiderait vraiment », soutient M. Bélanger. La prudence, selon lui, c’est de s’assurer de ne pas trop « survendre » et de se baser sur des expériences avec les producteurs.

« On doit suivre avec eux les résultats obtenus pour bien calculer les bénéfices attendus. »

« On est en train de boucler la boucle, mais on devrait avoir une usine en marche pour 2022 », souligne M. Gagnon. Leur objectif est de rendre la wollastonite disponible pour les agriculteurs et dans tous les centres de jardin.

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