Épandage d’insecticides : « Sainte-Marguerite ne sert pas de moustiquaire pour l’Estérel » – Gilles Boucher, maire
Par Luc Robert
Un nouveau règlement adopté à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson permettra la réduction et le contrôle de l’utilisation des pesticides, à des fins autres qu’esthétiques et d’engrais, sur l’ensemble du territoire de la municipalité.
Les élus ont voté en faveur à cinq voix (Alexandre Morin, Michaël Vangansbeck, Joan Raymond, Johanne Lepage et Gilles Boucher) contre deux (Daniel Beaudoin et Raymond Saint-Aubin) l’adoption du règlement qui abroge celui de 2013. La séance extraordinaire du conseil municipal s’est tenue le vendredi 27 octobre dernier.
Fin du « Bti »
Du même coup, cette nouvelle législation vient sonner le glas pour l’utilisation du produit « Bti », encore aspergé au Québec sur des forêts. Le Bacillus thuringiensis (variété israelensis), couramment désigné par son acronyme Bti, est une bactérie qui vit naturellement dans les sols. Depuis 1982, elle est utilisée dans le monde comme agent de lutte biologique, pour combattre les moustiques et les mouches noires.
« Biologique tant que vous voudrez… ! Certaines études démontrent des impacts directs et indirects de l’utilisation du Bti sur les milieux dans lesquels le traitement a été autorisé jusqu’à maintenant, et notamment, sur la réduction de certaines populations d’oiseaux insectivores, leur reproduction et leur migration, ainsi que sur d’autres espèces d’habitats fauniques et de milieux humides », a laissé savoir le maire Boucher.
Au procès-verbal de la séance extraordinaire, les attendus font allusion aux attentes de citoyens.
« Le conseil a orienté sa décision sur le principe de précaution pour la réduction, voire l’empêchement, de l’intervention humaine sur l’environnement et d’encourager d’autres alternatives au traitement ciblé de pesticides dits « biologiques »; […] Le règlement a été adopté pour assurer le bien-être général et l’amélioration de la qualité de vie des citoyens; […] il respecte les préoccupations des citoyennes et de ses citoyens, quant aux types d’engrais et pesticides qui peuvent être utilisés sur notre territoire. »
Le projet de règlement avait été présenté aux membres du Comité consultatif sur l’environnement (CCE), qui en a recommandé l’adoption et l’élaboration d’un plan de mesures alternatives à proposer avant la prochaine saison estivale 2024.
« Le produit Bti aspergé à partir d’un point central a des répercussions jusqu’à 8 km aux alentours. Il n’est pas bon pour la flore, les animaux et les oiseaux. De plus, seulement 30 % des villes l’utilisent et c’est en décroissance à chaque année. Sainte-Marguerite ne sert pas de moustiquaire pour l’Estérel », a-t-il pointé du doigt.
Maladie de Lyme
Dans la municipalité voisin d’Estérel, les élus ont incité la population à manifester contre la mesure de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson.
« La décision sans consultation du maire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson d’interdire l’arrosage sur leur territoire aura un impact direct sur la qualité de vie de tous les citoyens d’Estérel, qui paient pour ce service, mais également pour les citoyens de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, qui bénéficient aussi d’une réduction de la nuisance (bestiale) sur leur territoire », a commenté la Ville de l’Estérel via un communiqué publié sur son site internet.
Cette dernière municipalité avait même incité les citoyens de la ville voisine à s’opposer au plan du Maire Boucher.
« C’est la qualité de vie de tous qui en dépend ! Les insectes piqueurs peuvent transmettre des maladies graves; c’est pourquoi nous devons limiter la prolifération de ces insectes ! Afin de diminuer la nuisance due aux moustiques, la Ville d’Estérel procède depuis 1994 à l’épandage sur son territoire. Rappelez-vous que la nuisance causée par les insectes piqueurs était auparavant intolérable. Les produits utilisés ne sont aucunement nocifs pour la santé et pour l’environnement. Plusieurs études le démontrent », ont-ils fait valoir.
Il n’a pas été possible d’obtenir le point de vue du maire d’Estérel, M. Frank Pappas, avant l’heure de tombée d’Accès.
