Épiceries indépendantes vs grandes chaînes

Par Félix Côté

David contre Goliath?

Tout consommateur fréquentant sur une base régulière un marché d’alimentation l’a sans doute remarqué: la facture d’épicerie augmente. Et somme toute, dans ce marché alimentaire très compétitif, les épiceries indépendantes tirent très bien leur épingle du jeu.

En 2014, l’inflation s’est chiffrée à 1,7% au Québec, pendant que le coût des aliments a augmenté de 2,8%. Cette augmentation grimpe à 5,9% dans le cas du poisson et à 12,4% pour la viande.

Alors que leurs marges de profits demeurent assez faibles (entre 0,4 et 3%), pour suivre un tel boom des prix, les commerces d’alimentation doivent demeurer compétitifs. Malgré la domination des trois principaux gros joueurs (Loblaws/Provigo, Sobeys/IGA et Metro) qui se partagent près de 70% du marché québécois de la distribution d’aliments, les indépendants disposent tout de même de certains avantages considérables: fraicheur des produits et offre personnalisée.

Patrick Fortin, propriétaire du Marché Le 5 Saveurs à Saint-Jérôme, a établi son commerce il y a bientôt 10 ans avec une idée en tête: offrir un petit marché de quartier européen à une population régionale en pleine croissance, avec des prix compétitifs.

Aujourd’hui, en plus d’avoir développé un service personnalisé, M. Fortin parvient à maintenir des prix très compétitifs dans un marché très concurrentiel. Par exemple, dans le cas des fruits et légumes, ceux-ci s’y vendent généralement de 20 à 30% en dessous du prix qu’affichent les grandes chaînes. 

Ce bon rapport qualité-prix est dû d’une part par la proximité avec la chaîne d’approvisionnement. «Nous n’avons pas de grands entrepôts à nous, ce qui représente une étape de moins dans la chaîne de livraison,» explique Patrick Fortin. De plus, les épiceries indépendantes entretiennent un roulement de produits frais plus fréquent, ce qui les oblige à vendre rapidement les denrées, donc à maintenir des prix à la faveur des consommateurs.

Au marché Vaillancourt à Morin-Height, Sam Dad, gestionnaire de l’établissement, croit que le fait d’être indépendant des grosses chaînes constitue une valeur ajoutée au commerce. «Nous sommes près des clients et pouvons répondre à leurs demandes particulières. Par exemple, si vous voulez tel type de fruits, nous en mettrons sur les étals. Il suffit de demander.»

Le goût du local

Acheter local est souvent perçu comme un meilleur choix, et à raison: les produits locaux encouragent les producteurs d’ici tout en réduisant l’emprunte écologique. Mais peut-on dire qu’ils remplissent les tablettes des épiceries indépendantes? Oui et non, nous répond Patrick Fortin, du Marché Le 5 Saveurs. «C’est sûr qu’on essaye d’acheter le plus possible local, mais c’est malheureux à dire, souvent on ne peut pas commercialiser certains produits difficiles à promouvoir.»

Du côté du magasin Bourassa à Saint-Sauveur, la propriétaire de l’établissement, Micheline Barbe, affirme que la politique d’achat du magasin vise à encourager au maximum les agriculteurs et artisans locaux. Ainsi, plusieurs achats sont effectués directement chez les producteurs, surtout du côté des fruits, des légumes et des fromages. Cependant, même si les produits québécois demeurent autant que possible à l’honneur, Mme Barbe ne cache pas la nécessité d’acheter des produits en provenance de l’étranger, surtout l’hiver.

Bien que le commerce de l’alimentation au détail représente un quart de tout le commerce au détail du Québec, parmi les grandes chaînes, seule la chaîne d’alimentation Metro demeure sous contrôle québécois alors que Sobeys et Loblaws sont respectivement des sociétés néo-écossaise et ontarienne. Quant à elles, les épiceries indépendantes en sol québécois demeurent bel et bien québécoises.

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