Essais cliniques : Le CISSS contribue aux efforts internationaux
Par France Poirier
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides figure parmi une liste de 127 centres et unités de recherche à travers le monde qui participent à des essais cliniques visant à développer des traitements contre la COVID-19.
Saint-Jérôme comptait un centre de recherche privé dirigé par Dr Yves Pesant. Puis, en janvier 2020 cet organisme est devenu public et chapeauté par le CISSS des Laurentides. « C’est un modèle rare puisque habituellement, ce sont des centres universitaires comme le CHUM, Université Laval, McGill ou des CIUSSS associés à des centres universitaires comme Trois-Rivières. Un CISSS dans un volet régional comme les Laurentides, c’est une belle structure qui a été montée par Dr Yves Pesant et l’équipe du CISSS. Un bel atout pour les Laurentides de faire des recherches cliniques », explique Dr Sébastien Poulin qui est le chercheur principal pour l’ensemble des projets portant sur la COVID-19.
L’unité de recherche du CISSS des Laurentides compte onze personnes dont des médecins, infirmières de recherche, assistantes de labo, secrétaire et différents coordonnateurs. S’ajoute à cela un chercheur principal pour chaque spécialité.
Elle est sous la direction scientifique du Dr Yves Pesant et mène ces études à l’Hôpital régional de Saint-Jérôme et, depuis peu, à l’Hôpital de Saint-Eustache. « Il faut savoir que l’unité de recherche travaille sur d’autres protocoles. Il n’y a pas juste la COVID, il y a le cancer sur lequel nous travaillons : cancer du poumon, cancer hématologique et autres. C’est une opportunité pour les gens de la région d’avoir accès à ces essais cliniques. Ceux pour qui on n’a plus rien à offrir comme traitement peuvent être éligibles à un protocole de recherche. Nous estimons offrir la chance aux patients, ils ne sont pas forcés de rien, ce sont eux qui décident. Les patients sont chanceux et nos médecins aussi de participer à de la recherche clinique. On fait des collaborations avec des centres universitaires aussi », nous explique en entrevue Dr Poulin.
Début de la pandémie
Rapidement, au début de la pandémie, on s’est rendu compte qu’il n’y a pas de traitements miraculeux pour les formes sévères de la COVID-19. Le taux de mortalité et de complications demeure somme toute faible, mais pour les patients touchés, il n’y pas beaucoup d’options. Plusieurs recherches mondiales sont faites sans trop de succès. « Avec les microbiologistes, les infectiologues, les pneumologues et les internistes de l’hôpital de Saint-Jérôme, nous avons eu l’idée de chercher et d’ouvrir des portes. Pour le volet COVID, c’est le docteur Pesant, le coordonnateur Yanick Sardin-Laframboise et moi-même qui avons cogné aux portes pour signifier notre intérêt envers des protocoles de recherches. »
Essais cliniques menés dans l’établissement
Le premier protocole est le Projet CONCOR-1. « Celui-ci vise à déterminer l’efficacité d’une transfusion de plasma provenant de patients guéris de la COVID-19 pour traiter les patients hospitalisés souffrant de cette maladie. Ça vise à donner des anticorps de gens guéris à des personnes malades. Ce protocole est chapeauté par l’Université McMaster en Ontario, et est presque entièrement canadien. On les a approchés et on leur a présentés notre modèle, puis on a été choisi. Après l’étude, les données scientifiques nous démontrent en date d’aujourd’hui, 29 avril 2021, qu’il n’est pas efficace sauf pour quelques exceptions. »
Le Projet OSCAR: « J’avais des contacts de la Compagnie GSK, une grosse compagnie pharmaceutique. Je savais qu’ils travaillaient sur des traitements de COVID. On a rempli un questionnaire. Ils veulent connaître nos expériences, notre organisation d’unité de recherche, le nombre de patients que nous pensons recruter, etc. On a été chanceux, ils nous ont choisi. C’est compétitif, nous étions un des quatre centres canadiens recrutés. Et nous avons été le site qui a le plus recruté pour cette étude. Au total, 300 patients devaient être recrutés dans le monde pour le placébo et le même nombre pour le médicament. Au Canada, il y a eu neuf patients recrutés et nous en avons eu quatre », explique Dr Poulin.
« Ce sont des patients extrêmement malades et qui sont intubés. On leur propose de participer à l’étude clinique tout en recevant le standard de traitement et on ajoute le traitement à l’étude. Alors il reçoit un placébo ou le traitement en plus de celui qui est habituel. Nous, on ne sait pas lequel il reçoit pour ne pas biaiser nos observations. Puis, on compile les résultats et c’est à la fin que l’on sait quel patient a reçu quel traitement. Nous on collecte les données. On note tous les symptômes, les observations. À la fin, l’université qui fait les recherches analyse les résultats en sachant qui a reçu le placébo ou le traitement à l’étude et peut comparer », souligne Dr Poulin. Comme il y a eu de bons succès pour les 70 ans et plus, l’étude doit reprendre au CISSS des Laurentides cette semaine.
Le Projet RESOLUTION a pour but de vérifier si le médicament LAU-7b, développé par une compagnie pharmaceutique de Montréal, peut réduire la sévérité de la maladie, prévenir la progression rapide vers des difficultés respiratoires sévères et diminuer le besoin en oxygène supplémentaire en cours de maladie. Celui-ci est présentement en cours.
Monsieur Jean-Philippe Cotton, président-directeur général adjoint du CISSS des Laurentides, a tenu à souligner l’importance de ces essais cliniques dans l’établissement : « Dans une situation de crise sanitaire comme celle que nous vivons actuellement, la recherche clinique constitue un élément de premier plan dans notre lutte contre la COVID-19. Je suis très fier que notre Unité de recherche clinique contribue aux efforts internationaux pour mettre au point des traitements efficaces contre cette maladie. Nous pouvons compter sur cette équipe engagée et sur tous leurs partenaires, au même titre que toutes les équipes du CISSS des Laurentides qui accomplissent un travail exceptionnel depuis les tout débuts de la crise. »