Fin de vie houleuse pour Johanne Reid
Par nathalie-deraspe
Chaque année à cette date-ci, Johanne Reid est déjà dans le sud. Cette fois, elle se prépare à un voyage audacieux dont les préparatifs nécessitaient tout sauf un surplus d’angoisse.
Quand elle a pris sa retraite il y a cinq ans, cette lavallloise n’aurait jamais imaginé qu’elle fêterait ses 50 ans aux soins palliatifs, cancer des ovaires oblige. «Ne vous en faites pas, vous allez jouer au golf dans le temps des Fêtes», lui a lancé un médecin, suite à une rémission. Jeudi, elle retrouvait sa dernière demeure, la Maison de soins palliatifs de Saint-Jérôme.
«Ça fait trois mois et demi que je chemine avec ma femme, raconte son conjoint Robert Desormeaux, qui croyait bien célébrer ses 20 ans de mariage l’an prochain. Ces gens-là ont besoin d’écoute, mais il au lieu de cela, il a fallu se battre pour la maintenir aux soins palliatifs de l’Hôpital de Sainte-Agathe.» Sans domicile fixe (le couple passe ses étés dans une roulotte de la région et file vers le sud l’automne venu), Robert et Johanne se sont vite demandé où ils pourraient atterrir. Chez les beaux-parents de 78 et 79 ans dont l’un vient d’être opéré? Et qu’en est-il de l’autre verdict qui condamnait irrémédiablement Mme Reid? «On a même évoqué un centre de personnes âgées!», s’exclame M. Desormeaux, encore secoué par la proposition. Lui qui louange le personnel (il qualifie les infirmières d’anges), n’est pas très éloquent envers la direction de l’établissement. «C’est inhumain de penser à déplacer quelqu’un qui est sur le point de mourir.» Quand on demande à Johanne Reid pourquoi elle a demandé un transfert, elle répond du tac au tac: «J’ai eu peur qu’on me mette dehors». Et les larmes se mettent à rouler sur ses joues. «Si je dénonce la situation, c’est pour essayer d’aider ceux et celles qui vont suivre. J’ai tellement été bien traitée par le personnel, je voudrais que d’autres puissent en profiter.»