Financement des organismes communautaires
Par Thomas Gallenne
Le ROCL crie son ras-le-bol!
Le 29 février dernier, le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) tenait à Saint-Jérôme, une assemblée générale extraordinaire qui a réuni 80 délégués provenant d’organismes implantés dans la région. L’enjeu central des discussions: le sous-financement récurrent du milieu communautaire, entraînant du même coup l’affaiblissement du filet social.
Après avoir effectué la tournée de ses 140 organismes membres à la mi-février, et fait le portrait de la situation financière du milieu communautaire, le ROCL a convenu d’accepter la proposition de convention (contrat ou protocole de subvention) négociée récemment par le milieu communautaire, les Agences et le Ministère de la santé et des services sociaux. Mais la situation est loin d’être rose.
Un portrait peu reluisant
Selon Sophie Gilbert, agente de liaison et de développement du ROCL, la situation est grave dans les Laurentides et ce pour plusieurs raisons: «On assiste à la fois à un sous-financement des organismes communautaires venant en aide à des clientèles qui vivent des problématiques de plus en plus complexes, alors que la région est sous financée au niveau de la santé et des services sociaux.»
Rien qu’entre 2010 et 2011, les organismes communautaires des Laurentides ont effectué 209 514 interventions directes, auprès d’individus ou de groupes d’individus, alors qu’entre 2005 et 2006, on dénombrait 137 996 interventions directes.
Un filet social affaibli
Le sous-financement récurrent des organismes communautaires, associés aux coupures budgétaires dans la santé et les services sociaux a pour effet selon Mme Gilbert de mettre un peu plus de pression sur un filet social passablement affaibli. «Les coupures de 350M$ dans le réseau de la santé a un impact direct sur le terrain, croit-elle. De plus en plus de gens vivent des difficultés et les organismes ont de moins en moins de moyens. Même les travailleurs communautaires vivent une précarité d’emploi et sont sur le bord de l’épuisement professionnel. On est victime de saupoudrage, il n’y a aucune vision à long terme. On fait juste éteindre des feux.»
En décembre dernier, le conseil d’administration de l’Agence de Santé des Laurentides a voté une résolution afin que le ROCL reçoive 10% des montants octroyés – s’il y en a – pour couvrir le manque à gagner du regroupement dans les cinq prochaines années (2010-2015).
Le ROCL en mode action
À l’instar des autres régions du
Québec, près de 70 organismes communautaires ont participé à une action collective auprès de la ministre déléguée aux services sociaux, Dominique Vien. Chacun lui a transmis une copie de son formulaire de demande au programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) afin d’illustrer concrètement les investissements manquants. «Pour notre région, il s’agit d’un manque à gagner de 11M$. Avec cette somme, nous pourrions combler les besoins minimaux des organismes des Laurentides pour une année complète de fonctionnement» précise Mme Gilbert. Elle ajoute du même coup qu’un comité de mobilisation a été mis sur pied et développera des actions stratégiques en cohérence avec la campagne provinciale pour l’obtention d’un financement adéquat.