Francisation des nouveaux arrivants

Par julie-corbeil

Un boom de popularité au Cégep Saint-Jérôme

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Le Cégep de Saint-Jérôme a reçu cette année un nombre d’inscriptions record à ses cours de francisation pour nouveaux arrivants. L’institution qui offre ce service depuis l’an 2000 avait toujours ouvert deux classes par trimestre, alors qu’à présent, cinq classes sont nécessaires pour répondre à la demande.

Pénétrer dans une classe de francisation, c’est un peu comme s’offrir un tour du monde. «Je n’avais jamais rencontré de personne noire avant d’arriver au Québec, confie Meena d’origine bhoutanaise. Mais dans mes cours de francisation, il y a des gens qui viennent de partout sur la planète.» En fait, plus de 30% des nouveaux arrivants qui s’installent à Saint-Jérôme ne parle ni français, ni anglais selon les données du Ministère de l’immigration et des communautés culturelles. «Notre clientèle est majoritairement constituée de réfugiés qui arrivent en sol canadien dépourvu de repères culturels, explique Suzanne Filion, conseillère pédagogique en francisation au Cégep de Saint-Jérôme. Nos cours ne se limitent donc pas à l’enseignement du français. En fait, ce sont avant tout des cours d’intégration à la société québécoise.»

Aujourd’hui, dans la classe de Mariette Champagne, on discute des moyens de transport. «Avec le train de Saint-Jérôme, où peut-on aller?» interroge l’enseignante. «Montréal», répondent certains. «Laval», ajoutent d’autres.

Les étudiants terminent dans quelques jours leur deuxième session de cours. «Le plus difficile pour moi, c’est la prononciation et le genre… Mais je suis déjà très surpris de mes progrès jusqu’ici», raconte Abdula, originaire du Sénégal. Pendant 9 à 10 mois, les immigrants suivront ces cours à temps plein divisés en trois niveaux de difficulté. Ils bénéficient d’un soutien financier du gouvernement québécois et n’ont donc rien à débourser pour assister aux classes.

Un milieu favorable

Line Chaloux, directrice de l’organisme d’intégration des immigrants Le Coffret soutient que notre région est favorable à l’apprentissage du français: «Les recherches démontrent que les gens qui viennent s’établir en région vont se franciser beaucoup plus rapidement que les personnes qui vont rester à Montréal et qui vont se tourner plus facilement vers la langue anglaise.»

Marie-France Prévost enseigne en francisation depuis 31 ans à Montréal, Laval et Saint-Jérôme et confirme l’avantage pour les immigrants de vivre dans un milieu très francophone. Ici, difficile de communiquer sans maîtriser la langue française: «J’aime regarder les étudiants cheminer depuis leur arrivée alors qu’ils ne parlent pas un mot de français jusqu’à la fin des 33 semaines de cours lorsque le moment arrive de voler de ses propres ailes. Ils entrent dans une phase d’insécurité et de panique, mais je leur dis que tout va bien aller». L’enseignante n’échangerait sa profession pour rien au monde, car selon elle, le courage de ses étudiants lui sert de leçon de vie.

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