GUIDE DES ELECTIONS DANS LES LAURENTIDES

Par nathalie-deraspe

Les péquistes entendent récupérer le fief de Prévost

Le candidat Gilles Robert veut montrer la porte au député Martin Camirand. Lors de son investiture mardi soir, celui-ci s’est fait plutôt cinglant envers le député en poste, allant jusqu’à déclarer: «Vos vacances sont finies, M. Camirand.»

Choisi par ses pairs il y a un an à peine, Gilles Robert a réussi à rallier l’ensemble de ses adversaires au sein de son équipe. Seule Line Chaloux manque à l’appel et pour cause. Celle-ci est en sabbatique au nord de l’Afrique. Faisant feu de tout bois, l’enseignant a énuméré une liste de réalisations régionales propres à son parti: l’agrandissement de l’Hôpital régional, le parc linéaire, l’assainissement des eaux et le train de banlieue, «mis sur les rails par le PQ». «Les Libéraux ont promis l’agrandissement du Palais de Justice durant trois campagnes électorales mais nous, nous l’avons fait!», a lancé le candidat de Prévost.

Gilles Robert a indiqué que son parti a nullement l’intention de demeurer dans l’opposition. Le Jérômien croit que le Québec peut lui aussi écrire une page d’histoire, en élisant une femme à la tête du gouvernement provincial. Il faisait allusion aux résultats des élections américaines.

Des slogans porteurs

L’ex journaliste a clairement établi ses positions face aux enjeux de la région et s’est permis quelques slogans efficaces qui seront certainement repris tout au cours de sa campagne. «Revenons au bercail!, a-t-il lancé à ses supporteurs. Soyons contagieux!» Ancien président d’honneur de la Société canadienne du cancer, Gilles Robert se dit particulièrement interpellé par les dossiers d’oncologie. Au cours des prochaines semaines, celui-ci dévoilera également ses positions face à la question de la santé mentale. On sait que le département de psychiatrie de l’Hôpital régional est considéré depuis longtemps comme vétuste. La construction d’un aréna et d’une salle de spectacles fait aussi partie de ses priorités. La plate-forme péquiste doit être adoptée au cours de la fin de semaine. Les visées régionales et locales devraient se préciser quelques jours suivant son adoption.

Marois à Saint-Donat

De son côté, Claude Cousineau entame sa quatrième élection sur un ton confiant. En mars 2007, celui-ci l’a emporté par plus de 1000 voix sur le président de la Chambre de commerce, Daniel Desjardins. Le 30 novembre, l’ex-préfet célèbrera ses 10 ans comme élu. La venue d’Isabelle Lord dans le comté ne l’impressionne pas outre mesure. «Les libéraux ont longtemps cherché quelqu’un pour se présenter contre moi, confie Claude Cousineau. En 2007, même des maires ont été approchés.»

Le député sortant soutient que la plupart des dossiers enclenchés entre 1998 et 2003 ont été finalisés. Reste à prioriser le logement abordable, (Saint-Adèle est dans la bonne voie), l’équité en santé et la protection de l’environnement. «Trop de choses se font à l’encontre des principes environnementaux», soutient-il. Celui-ci s’approprie la concrétisation de l’élargissement de la route 364, à Saint-Sauveur. N’eut été de la rencontre exigée avec la ministre Boulet, le projet aurait été jeté aux oubliettes, allègue-t-il. Malgré le déclenchement des élections, la chef

La machine libérale était déjà en marche

Comme tous les analystes l’avaient prédit, le premier ministre Jean Charest a déclenché des élections à la première heure mercredi matin. Deux jours plus tôt, ils étaient près d’une centaine, à célébrer l’investiture d’Isabelle Lord dans Bertrand. Son mentor et ex-employeur, le ministre du Travail David Whissel, en a profité pour annoncer que le président de la Chambre de commerce du Grand Saint-Jérôme, Jacques Gariépy, serait de la course dans Prévost.

Interpellé sur place, son prédécesseur, Richard Bélisle, a bafouillé qu’il avait trop de travail pour tenter sa chance une fois de plus auprès des électeurs. Son air penaud semblait plutôt vouloir dire que ses services n’étaient plus requis au sein du parti. En mars 2007, Bélisle n’avait pu résister à la vague adéquiste et était arrivé troisième, récoltant moins de 20% des votes. Daniel Desjardins avait connu un sort semblable, tout en arrachant le quart de l’appui populaire. Malgré tout, le futur papa a fait son apparition aux bras de sa conjointe, le sourire aux lèvres. Celui-ci semblait fort heureux d’appuyer son ancienne directrice de campagne. «Je suis jeune, j’aurai le temps de me présenter une autre fois », a-t-il déclaré plus tôt en entrevue téléphonique.

La candidate de Mirabel, Ritha Cossette, s’est fait quant à elle fait très discrète. Elle est disparue avant même d’être captée par les flashs des caméras pour une photo en règle de la famille libérale laurentienne. Il faut dire qu’entre les trois candidats de 2007, c’est elle qui aura obtenu le pire score, soit 16,09% des votes, derrière la péquiste Denise Beaudoin et l’adéquiste François Desrochers. Le jeune enseignant avait alors récolté près de trois fois plus de voix que Mme Cossette.

Au nord, c’était un secret de polichinelle. La mairesse de Rivière-Rouge, Déborah Bélanger, remonte en selle. Celle-ci affrontera Sylvain Pagé, député péquiste de la circonscription de Labelle depuis les élections partielles du 1er octobre 2001.

Une troisième voie existe,

lance le chef des Verts

Le parti Vert du Québec a encore du mal à recruter des membres qui acceptent de réitérer leur engagement d’une élection à l’autre. Dans les Laurentides, Richard Savignac a porté le flambeau depuis l’assemblée de fondation dans Bertrand en 2005, mais depuis qu’il est papa de deux jeunes enfants, celui-ci a tiré sa révérence.

Ce n’est que dimanche que seront dévoilés les noms des candidats pour chacune des circonscriptions du Québec. Jacques Rigal, qui était de l’élection fédérale, a affirmé qu’il ne serait pas de la course. Autrefois, c’était chose commune de voir un candidat au provincial se présenter lors d’élections fédérales. Il a laissé filtré qu’une mésentente à l’interne rendait la pratique désormais impossible. Richard Savignac avait fait le saut à deux reprises. Au Québec, celui-ci était passé de moins de 2 % des appuis à près de 5, soit un des meilleurs scores de la province. Le chef du parti, Guy Rainville, a affirmé dans un communiqué que les verts seraient présents dans chacun des comtés. « «L’enjeu de cette élection n’est pas la survie du gouvernement minoritaire, mais la route que nous désirons emprunter face aux défis importants qui nous attendent. J’encourage les gens à écouter, à comparer et à critiquer les positions des différents partis. Je suis convaincu que, pour la première fois depuis longtemps, ils vont constater qu’il y a une réponse au cynisme, qu’une troisième voie existe et qu’elle passe par le Parti vert du Québec.» Par endroits, la position des verts ressemble en tous points à celle de Québec Solidaire, qui arrache sensiblement le même nombre d’appuis que leurs concurrents. Tant les verts que les solidaires veulent «mettre l’être humain au coeur de toutes les décisions politiques». D’une formation à l’autre, voilà ce que signifie le développement durable dans son sens le plus large. «À part l’environnement, les verts n’ont pas vraiment de plate-forme», argue la candidate de Prévost, Lise Boivin. «L’environnement occupe, bien sûr, une partie importante de nos préoccupations. Cependant, celles-ci touchent autant l’économie, la démocratie ou l’éducation», indiquent les verts. Les deux partis ont multiplié les discussions mais vraisemblablement, ils n’arrivent pas à se convaincre de la nécessité de réunir leurs forces. Les verts et les solidaires ont tout de même fait front commun pour tenter de prendre place au débat télévisé des chefs, dont la date n’a pas encore été arrêtée. Guy Rainville soutient que son parti va présenter des idées réalistes pour faire du Québec un champion de l’économie de demain plutôt qu’une victime de l’économie d’hier. «Nous allons faire pression pour que ces idées soient entendues clairement et qu’elles ne soient pas noyées dans la rhétorique des vieux partis et leur vision à court terme.» Les verts espèrent doubler leurs appuis.

En avant-plan

Comme Accès l’avait annoncé en primeur la semaine dernière, Isabelle Lord a décidé de faire un pas de plus en politique. Après plusieurs années dans les coulisses du pouvoir, la résidente de Piedmont se sent d’attaque pour affronter le député Claude Cousineau. «Il y a de ces rendez-vous dans la vie qu’on ne peut manquer», a-t-elle lancé à ses supporteurs en guise d’ouverture. La jeune femme de 37 ans a confié que tout a commencé à la Chambre de commerce de Saint-Sauveur en 1994, alors qu’elle faisait la connaissance du directeur actuel, Pierre Urquart. En 2003, Mme Lord s’est impliquée dans l’équipe de coordination à la permanence du parti Libéral. L’année suivante, celle-ci était nommée attachée de presse au cabinet de la ministre du Tourisme, Françoise Gauthier. En 2006, elle retrouvait le comté de Bertrand pour donner un coup de pouce à la campagne de Daniel Desjardins, avant d’œuvrer auprès du ministre du Travail et responsable des Laurentides, David Whissel. Le ministre, qui en est à sa cinquième campagne, a profité de son passage à Saint-Sauveur pour rappeler les réalisations de son parti. Celui-ci n’a pas hésité à répéter une phrase clé de son chef. «Avant de répartir la richesse, faut d’abord la créer.» David Whissel a souligné le bon jugement et la ténacité d’Isabelle Lord, en indiquant toutefois qu’il lui faudra encore plus d’appuis pour déloger son adversaire dans Bertrand. «Vous avez entre les mains une perle comme candidate. Maintenant, faites-en votre députée.»

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