Haïti : les Laurentides formidablement solidaires

Par nathalie-deraspe

La perle des Antilles  attire à nouveau tous les médias de la planète. Il y a un an jour pour jour, tout s’effondrait. Et si ailleurs, la reconstruction se fait attendre, au Collège Eddy Pascal de Carrefour, tous les espoirs sont permis et ce, grâce à un nombre incalculable de Laurentiens qui leur fournissent un appui indéfectible depuis près de 25 ans.

Le 12 janvier 2010, les habitants des Laurentides vivaient des heures paisibles, dans un hiver froid mais docile. À la polyvalente A.N. Morin de Sainte-Adèle, on s’apprêtait à réunir une poignée d’élèves et d’enseignants pour mettre sur pied le comité étudiant Haïti-Laurentides, comme on le fait depuis maintenant des années.  Puis, la catastrophe.

Pendant que toutes les télévisions du monde catapultaient des images d’horreur d’heure en heure en provenance de l’île dévastée, les membres du Comité Haïti-Laurentides, qui travaillent sur le terrain depuis un quart de siècle, demeuraient sans nouvelles. Les minutes se sont égrenées, ingrates et sans relâche. Durant une semaine, chaque jour prenait étrangement et inconfortablement l’allure d’une éternité. Un 

silence qui s’est avéré aussi long qu’insupportable. 

« On était complètement dévastés, se souvient la porte-parole et responsable des projets pour le Comité Haïti-Laurentides, Monique Reid. C’était l’incertitude totale. On passait notre temps devant la télévision ou à écouter la radio en espérant avoir des bribes de nouvelles. »

L’inlassable bénévole de Saint-Sauveur a connu le directeur du Collège Eddy Pascal en 1986. Elle le considère un peu comme un de ses fils. À l’époque, il n’était alors qu’enseignant. C’est avec lui que le Comité a bâti tous ces projets de développement qui font aujourd’hui la joie des écoliers et qui ont redonné un peu de fierté aux femmes de Carrefour. Les classes sur terre battue et nourries de quelques rares livres ont fait place à une véritable école, avec ordinateurs, bibliothèque et tout le reste. Étage après étage, le miracle prenait forme, grâce notamment  à une armée d’élèves d’ici qui, appuyés de leurs valeureux professeurs, aspiraient à ce que les enfants haïtiens puissent eux aussi apprendre à lire et à écrire dans des conditions optimales. Avec les années, cette solidarité hors du commun a reçu de plus en plus d’appuis. Aujourd’hui, le Comité Haïti-Laurentides, présidé par le curé Ronald Labonté, de la paroisse Notre-Dame-des-Monts, recueille des dons non seulement des 8 paroisses qu’il représente, mais aussi d’organismes montréalais comme la Fondation Formons une famille.

Une solide fraternité

Au lendemain du séisme, l’animatrice de vie spirituelle et d’engagement communautaire Michèle Boudrias, attachée à la polyvalente A.N. Morin, lançait un appel de solidarité à toutes les écoles de la commission scolaire des Laurentides. À l’interne, les élèves se sont mobilisés plus que jamais. Le souper spaghetti, organisé chaque année au mois de février, a rapporté à lui seul plus de 7 800$. En tout, les efforts des élèves et de leur entourage a permis d’expédier près de 13 000$ à Haïti. « Il y a eu définitivement un élan de générosité sans précédent chez les jeunes, de dire Michèle Boudrias. J’ai même dû refuser des jeunes qui voulaient faire du bénévolat. Tout le monde sentait le besoin de faire des choses concrètes. » Un élève qui travaillait dans un commerce de beignes a même décidé de travailler gratuitement le temps de préparer une fournée de son cru vendue lors de l’événement.

Les autres écoles de la région ont mis tout  autant d’efforts à soutenir la cause. La polyvalente de Saint-Jérôme a été très active à ce niveau, tout comme l’école alternative La Fourmilière et l’école Champ-Fleuri. Des milliers de jeunes ont vibré au même rythme que les jeunes élèves haïtiens.

Le Comité Haïti-Laurentides a recueilli 91 713$ depuis le séisme. De cette somme, environ 25 000$ proviennent de l’extérieur de la région. L’argent sert notamment à nourrir les élèves qui se rendent à l’école et sou-tenir le Centre communautaire de Carrefour, qui offre aux femmes du village la possibilité de s’instruire ou de démarrer de petits projets d’entreprise. 

Ici, les efforts se poursuivent afin de multiplier les sommes amassées. L’enseignante Hélène Sylvain a écrit un recueil de poésie inspiré de ses nombreux séjours dans la Perle des Antilles. Une autre enseignante lance une campagne de vente sacs réutilisables aux couleurs de Haïti. Le jeune Alexandre Lemieux, de l’école A.N.Morin, a décidé d’organiser un spectacle-bénéfice le 28 janvier intitulé le Slowpopshow. Et comme à l’accoutumée, des équipes d’ici se rendront sur place pour mesurer le travail accompli depuis l’effondrement du Collège Eddy Pascal.

Malgré ce que rapporte la télévision, il y a beaucoup de travail qui se fait à Haïti. Ces jours-ci, Eddy Pascal est tout sourire. On a débuté la déconstruction du Collège avant la date fatidique. Il le fallait. C’était la meilleure façon de conjurer le mauvais sort. Et même si les photos du tremblement sont résolument semblables à celles qu’on reçoit aujourd’hui, elles démontrent toutefois que les Haïtiens sont farouchement prêts à tourner la page. Ils n’ont besoin qu’un peu d’aide, voilà tout.

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