Hôpital régional de Saint-Jérôme
Par nathalie-deraspe
Le département de néonatalogie est toujours en crise
Deux mois après la sortie médiatisée des infirmières du département de néonatalogie de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme, le directeur général fait le point sur la situation.
Le 21 octobre dernier, la chef du département de néonatalogie de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme, le Dr Andrée Gagnon, sonnait l’alarme. Le week-end de l’Action de grâce, on avait forcé des infirmières à demeurer au travail et ce, malgré le fait que la plupart d’entre elles étaient en poste au moins 12 heures. Cet incident parmi tant d’autres démontrait à quel point le département était depuis trop longtemps laissé à lui-même.
Les appels répétés des infirmières ont été laissés pour compte jusqu’à que le Dr Gagnon vide son sac lors d’un reportage publié dans Accès. Depuis, le département de néonatalogie serait sous la tutelle du directeur général de l’Hôpital régional, François Therrien, a indiqué une infirmière, sous le couvert de l’anonymat. La gestionnaire du département se serait fait montrer la porte après l’événement survenu en octobre, pour avoir tenu sous silence les problèmes vécus en néonatalogie.
«Il y a pénurie non seulement au niveau du personnel, admet volontiers François Therrien, mais également en ce qui a trait au personnel spécialisé.» Le directeur général renchérit en indiquant à quel point l’explosion démographique des Laurentides fait pression sur les services offerts dans la région. «À l’Hôpital régional, on est passés de 1120 accouchements en 2002 à près de 1700 en 2008-2009.»
Gestion douteuse
Mais selon lui, les problèmes sont concentrés aux horaires de soir et de nuit. Pas étonnant, clame une infirmière rattachée au département. On a débloqué des postes de jour alors qu’on manquait déjà de personnel la nuit. «On a vidé l’équipe.» Pire, l’infirmière affirme qu’une personne s’est présentée pour postuler à un poste de nuit, mais qu’elle a décidé d’aller travailler ailleurs tellement on l’a fait poireauter. «On a dénoncé la situation mais on nous a dit qu’on n’avait pas le temps de passer des entrevues.»
Le Dr Andrée Gagnon fondait beaucoup d’espoir face au directeur général et à sa capacité à prendre les choses en main. Pour sa part, François Therrien soutient que depuis qu’il est en poste, il a voulu changer le style de gestion de l’établissement. «Il faut humaniser les rapports, dit-il. Ça dégage de la confiance. Si on veut travailler en équipe, on a besoin de tous les cerveaux.»
Pour tout le bien qu’on pense de cette approche, force est de constater que dans les faits, peu de choses se sont améliorées. Du moins, au département de néonatalogie.
Bien que l’encadrement du secteur ait été revu, qu’une personne de grand talent ait été mandatée pour faire le lien entre la direction et le département (la coordonnatrice de nuit Chantal Melançon était allée donner un coup de main aux infirmières débordées lors de la crise de l’Action de grâce) et que le surtemps des infirmières soit désormais convenablement payé, le travail demeure aussi éreintant et les horaires chargés.
Des efforts consentis
«Il y a eu un rappel d’infirmières, affirme François Therrien. Mais le problème, c’est qu’elles voulaient revenir travailler de jour.» Le directeur général de l’Hôpital régional ajoute que l’établissement a accéléré un programme de formation destiné aux infirmières auxiliaires et en profite pour faire son mea culpa. Jusqu’à récemment, peu d’énergie avait été consacrée à ce dossier.
On tente également d’établir une meilleure planification des horaires afin d’éviter que les infirmières soient obligées de travailler 36 heures en trois jours. Autant de mesures prises en collaboration avec l’équipe du département, précise François Therrien.
Mais certaines infirmières estiment qu’on a «changé quatre 30 sous pour une piastre». Il reste une foule de petits détails à régler, selon elles. On continue d’interdire les codes d’accès informatiques aux nouvelles recrues comme aux infirmières venues des agences et qui forme le trois quart du personnel. À chaque fois, les employées permanentes doivent faire le travail à leur place, ce qui gruge temps et énergie. «Il va falloir qu’ils s’ouvrent l’esprit sinon, tout le monde va aller travailler pour les agences», confie une infirmière.