Hydro-Québec outrepasse-t-elle le territoire approuvé par la Régie?

Par cynthia-cloutier-marenger

Installation de compteurs intelligents dans les Laurentides

Lancée en février 2013, la Phase 1 du Projet lecture à distance d’Hydro-Québec a pour territoire approuvé par la Régie de l’énergie la grande région de Montréal. Or, la société d’État s’apprête à installer des compteurs de nouvelle génération dans les Laurentides. Hydro-Québec outrepasse-t-elle le territoire approuvé par la Régie?

C’est l’impression qu’ont eue de nombreux groupes de citoyens et associations s’opposant à l’installation des compteurs de nouvelle génération (CNG), dit compteurs «intelligents», selon leur lecture du territoire de déploiement approuvé par la Régie de l’énergie dans sa décision du 5 octobre 2012.

Cette décision permet à Hydro-Québec, dans la Phase 1 de son Projet lecture à distance, s’étendant de février 2013 à juin 2014, le remplacement de 1,7 million de compteurs électromécaniques par des CNG à Montréal et à Laval, et dans les municipalités des couronnes nord et sud (57% des compteurs pour cette dernière).

Flou autour de

«couronne nord»

Or, depuis le début de l’été 2013, selon une information confirmée par Patrice Lavoie, attaché de presse d’Hydro-Québec, les clients de la grande région des Laurentides ont commencé à recevoir les lettres envoyées par la société d’État afin de les aviser de l’installation prochaine d’un compteur «intelligent» chez-eux.

Ce sont ces démarches qui ont soulevé des questionnements, notamment chez Basses-Laurentides refuse, groupe citoyen opposé aux CNG. Selon sa porte-parole Maria Acosta, qui s’appuie sur la définition de la Communauté métropolitaine de Montréal, l’expression «couronne nord» fait exclusivement référence aux municipalités des Basses-Laurentides et n’a jamais compris le reste de la région.

Quant à l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), l’un des intervenants ayant participé aux audiences de la Régie concernant le déploiement des CNG, elle s’est montrée inquiète d’un dépassement de territoire pour les mêmes raisons. Invoquant ce motif parmi plusieurs irrégularités alléguées d’Hydro-Québec, elle a ainsi réclamé une enquête publique à la Régie le 18 septembre dernier.

Territoire respecté

Questionné au sujet des limites du territoire de la Phase 1 dans les Laurentides, M. Lavoie affirme que celui-ci a toujours correspondu à l’ensemble de la région. Il en veut pour preuve une carte soumise pour approbation à la Régie le 14 septembre 2011, sur laquelle la limite nord du territoire est Sainte-Véronique, dans les Hautes-Laurentides.

Brigitte Blais, analyste et adjointe aux communications scientifiques à l’AQLPA, admet que selon la carte en question Hydro-Québec semble se conformer à la décision de la Régie. Cependant, tout comme Marie-Michèle Poisson, porte-parole de Villeray refuse, elle s’étonne de ne voir apparaître cette carte que maintenant, après plusieurs mois d’installation. Quant à Mme Acosta, carte ou pas, son opinion est claire: Hydro-Québec a changé à son avantage la définition de «couronne nord».

À la Régie de l’énergie, on se garde bien d’émettre tout commentaire. Véronique Dubois, secrétaire et directrice des communications, affirme en effet que, vu l’enquête demandée par l’AQLPA, elle ne peut commenter ce dossier. Elle précise par ailleurs que la Régie sera bientôt appelée à juger des Phases 2 et 3 du Projet lecture à distance.

La suite de la Phase 1

D’ici là, Hydro-Québec, par l’entremise de son mandataire Capgemini, entend poursuivre l’installation des CNG dans la grande région des Laurentides. Des lettres d’avis continueront donc d’être envoyées à ses clients jusqu’à la fin de l’automne.

Pour toute question sur les CNG et leur installation, Patrice Lavoie invite la population à se rendre sur le site web d’Hydro-Québec. Bien qu’il assure que ces compteurs soient inoffensifs, il précise que l’Option de retrait, si elle est demandée dans les 30 jours suivant réception de la lettre d’avis, sera respectée par Hydro-Québec, moyennant des frais annuels de 206$.

Capgemini installera alors un compteur numérique non communiquant – à la différence des compteurs «intelligents», qui envoient et reçoivent de l’information par radiofréquences, ou ondes. Selon Hydro-Québec, aucun compteur électromécanique ne pourra être conservé dans le futur.

Contestation

Maria Acosta encourage néanmoins les Laurentiens à empêcher les installateurs de Capgemini de procéder, par exemple en protégeant leur compteur actuel à l’aide d’une «cabane» en bois construite par dessus, ce qui leur évitera les frais mentionnés précédemment.

Malgré le discours rassurant d’Hydro-

Québec sur les effets des CNG sur la santé, discours soutenu par Santé Canada, elle invite la population à l’action: «Nous n’avons pas le temps d’attendre, dit-elle. Il faut réagir maintenant avant que tout soit installé.» 

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