«Il devrait toujours y avoir une clinique ouverte de 8 à 8!»
Par nathalie-deraspe
Le pdg de l’Agence de santé et des services sociaux des Laurentides se prononce
Marc Fortin admet d’entrée de jeu qu’il vit encore sa lune de miel trois mois et demi après son entrée en poste. Celui-ci dresse un bilan «extrêmement positif» de la mise en place des CSSS et affirme que malgré les lacunes, les services de base sont comblés.
Marc Fortin rappelle que bon an mal an, 41 000 personnes profitent des soins prodigués à l’urgence de Saint-Jérôme. On comprend que ce jovialiste ne veut pas ajouter d’ombre au portrait plutôt sombre dépeint dans les médias. «Il manque 100 médecins dans la région (il y a deux semaines, la directrice générale du CSSS des Pays-d’en-Haut parlait plutôt de 200). Si on passe notre temps à dire que ça va mal, personne ne voudra venir travailler chez nous». Mais cette année, le pdg de l’Agence devra jongler avec 788 M$. Durant la même période, Montréal en gèrera 5,2 G$. Pour la région, cela représente un manque à gagner de 66 M$. Un trou qui explique les crevasses du système: manque de 400 infirmières, manque de spécialistes à Saint-Eustache, manque de médecins issus de toutes les disciplines à Saint-Jérôme, des services de première ligne boiteux, des cliniques sans rendez-vous débordées, des CLSC sans professionnels de la santé. «Idéalement, il devrait y avoir une clinique ouverte de 8 à 8. En fait, il devrait toujours y avoir une clinique de disponible: quand une ferme, l’autre ouvre. Mais si on veut continuer de la même façon, on n’y arrivera pas, concède l’ex-collègue de David Levine. Il faut une prise de conscience collective pour en arriver à travailler différemment.»
Tout le monde à table
Récemment, M. Fortin a réussi à asseoir à une même table 46 médecins représentantsles sept CSSS des Laurentides afin d’établir un portrait de la situation et dresser la liste de tous les irritants en matière de santé. Certains de ceux-là n’avaient jamais engagé le dialogue auparavant et préféraient travailler en vase clos. Ensemble ils ont convenu de la nécessité d’établir des tables de concertation établies par spécialités. Dès l’automne, ceux-ci prévoient tenter d’officialiser certains modèles de travail. M. Fortin admet que le fait que les médecins soient des travailleurs autonomes complique les choses. On ne peut pas les obliger à travailler dans tel ou tel lieu ou même dans telle ou telle région. «Je ne peux pas changer les lois, dit-il. Mais je peux faire en sorte qu’on essaie de mieux faire fonctionner le réseau.» Les groupes de médecine familiale, communément appelé GMF, font partie de la solution, prétend-il.
Mais la région des Laurentides est en souffrance. La pauvreté augmente au même rythme que le vieillissement de la population. Deux phénomènes tributaires au boom démographique actuel. Il y a trois semaines, le ministre Yves Bolduc a fait une visite surprise en plein dimanche pour venir constater de visu la situation. «Il a le désir formel de nous aider», soutient Marc Fortin. Le ministre de la Santé a bel et bien défini la région comme faisant partie des dossiers prioritaires à traiter. Mais les tests erronés sur le cancer du sein auront tôt fait de bouleverser son agenda.