«Il y a beaucoup de travail à faire pour l’ensemble de la région…»

Par nathalie-deraspe

Testament professionnel du directeur général de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme

À quelques semaines de sa retraite, Claude Blais a bien voulu retracer pour nous le parcours de sa vie professionnelle et sa vision du réseau de la santé laurentien. Coup d’œil sur «un vieux cadre de 53 ans».

Visiblement heureux de se retirer, le directeur général de l’Hôpital régional n’a rien d’un homme blasé ou frustré du système. Confiant d’avoir bouclé une boucle en accomplissant une troisième réorganisation de services hospitaliers dans autant d’établissement, Claude Blais compte les jours avant de se retrouver sur sa terre à bois, à bûcher et à rénover son vieux chalet.

Sa plus grande déception demeure le sous-financement de la région. «Il y a un discours de régionalisation, mais entre les moyens pour la réaliser et le discours lui-même, il y a un écart étonnant. On comble environ 64% des besoins de la clientèle alors qu’on devrait osciller autour de 85 à 90%. Il faut que la région se mobilise. Ici, c’est le vaisseau amiral qui devrait supporter le développement de Sainte-Agathe, Mont-Laurier, en passant par Argenteuil. Voyons le ministère comme un investisseur et l’Agence comme un entrepreneur.»

Nouer le passé au présent

Claude Blais sait de quoi il parle. À 23 ans, il avait déjà le mandat d’aller implanter des CLSC partout en province, ce qui faisait de lui le plus jeune cadre de toute son équipe. À Trois-Rivières, la vie lui a valu d’explorer les anciennes façons de faire.
«Je cherchais la tradition et la culture des soins infirmiers», confie-t-il. Il a trouvé des infirmières écolières littéralement cloîtrées, dont l’appartenance à l’établissement et l’engagement à la cause n’avaient pas de commune mesure. «D’autres diront que c’était de l’esclavage ou du cheap labor, mais au niveau des valeurs professionnelles, c’était extraordinaire.»

Trois mois après son arrivée à Saint-Jérôme, Claude Blais faisait adopter son plan d’organisation. Au lendemain de son embauche, le gestionnaire avait déjà donné le ton en réunissant autour d’une même table tous les intervenants du réseau de l’aval en amont, une première.

Pas question pour lui de travailler en vase clos. Son but: améliorer le service à la clientèle, viser l’excellence et faire les transformations qui s’imposent dans le respect de l’un comme de l’autre.

Inquiet du privé

Quand on lui demande si le privé a sa place dans le système de santé, Claude Blais se fait cynique. «Le privé a quelque chose de plus, l’appât du gain. Le jour où on va s’assujettir au privé on va devenir dépendants. C’est comme négocier avec un gun sur la tempe.» Celui-ci précise que les dépenses qu’on a le plus de mal à contrôler sont invariablement imputables au secteur privé. Il cite en exemple les produits pharmaceutiques qui, bon an mal an, augmentent de 10%. «Des fournisseurs en radiologie, il n’y en a pas beaucoup. On peut accepter d’avoir recours au privé pour la capitalisation. On construit un hôpital, on l’entretient, mais il ne fait pas se placer en situation de dépendance, car on l’a vu, les corporations professionnelles ne suffisent pas.»

Quant à la question à savoir s’il faudrait ou non payer les commissaires qui siègent au sein du conseil élargi, Claude Blais estime qu’il y aurait lieu de faire un débat là-dessus.
«Les CA comme on les connaît, c’est le résultat d’un compromis politique, avance-t-il. Il faudrait plutôt se demander quel est l’espace de gestion qu’on leur laisse.»

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