Intimidation en politique : Mairesse mais à quel prix?

Par Rédaction

Le lundi 6 janvier, la mairesse de Sainte-Adèle, Nadine Brière, a publié un cri du cœur sur sa page Facebook, dénonçant l’intimidation dont elle est victime en tant que mairesse.

L’intimidation dans le monde politique est bien connue surtout dans la sphère provinciale et fédérale. Toutefois, celle que dénonce Nadine Brière révèle que les politiciens dans les municipalités n’y échappent pas non plus. On a donc voulu en savoir davantage sur les réalités et l’étendue de la situation par chez nous. On s’entretient à cet effet avec plusieurs femmes en politique de la région.

« Force est de constater qu’on rencontre de plus en plus de propos diffamatoires sur les réseaux sociaux. Les êtres humains ont besoin de s’exprimer et cette tribune offre une grande liberté de parole, sans filtre. Le fait d’être caché derrière un écran permet une grande spontanéité, et les gens s’expriment de manière beaucoup plus émotive que rationnelle », souligne Marie-Hélène Gaudreau, députée de Laurentides-Labelle. « Nous devons donc toujours être prudents avant de manifester une opinion sur ces plateformes. Je conseille toujours aux gens de se poser la question suivante :  Est-ce que je serais à l’aise de prendre le micro devant des milliers de personnes et prononcer les paroles que je suis sur le point d’écrire? Si la réponse est non, alors mieux vaut s’abstenir. »

Est-elle victime d’intimidation en tant que députée? « Pour l’instant, j’ai la chance de ne pas avoir été victime d’intimidation en tant que députée. Cependant, je n’ai pas encore eu à prendre de décision drastique dans un dossier qui touche les émotions des citoyens. Dans le passé, quand j’ai osé intervenir dans des dossiers qui ne faisaient pas l’unanimité, j’ai effectivement fait face à certaines réactions non désirées. J’ai été ignorée, j’ai subi le regard des gens qui avaient des valeurs et des idées contraires aux miennes », confie-t-elle. Selon elle, le politicien n’est pas à l’abri de l’intimidation, peu importe son genre. « Toutefois, il est malheureux de constater que la femme en général a plus de chance d’être attaquée sur ses décisions que l’homme. En 2020, la femme doit encore prouver qu’elle a sa place dans les sphères décisionnelles, et on lui laisse souvent moins de marge de manœuvre avant de se lancer dans la critique négative. »

Pour Marie-Hélène Gaudreau il est primordial de continuer à défendre nos convictions et nos valeurs, surtout quand le mieux-être collectif est au cœur de notre engagement. « Pour que les changements nécessaires puissent être réalisés, nous avons besoin de gens qui sont prêts à oser, à poser des gestes, au-delà des aspects négatifs ».

J’encourage toute personne qui désire se lancer dans cette aventure qu’est la politique, tout comme j’encourage vivement la dénonciation des situations inacceptables. Nous devons éduquer les utilisateurs de réseaux sociaux sur l’impact de leurs écrits, qui semblent anodins derrière un écran, mais qui ont un impact réel sur la vie des gens visés.

« La politique, ce n’est pas fait pour tout le monde » – Nathalie Rochon

De son côté Nathalie Rochon, mairesse de Piedmont, dit avoir vécu peu d’intimidation en tant que mairesse, pas vraiment plus que dans sa carrière professionnelle. « En général, dans les milieux professionnels, les femmes sont plus critiquées, on commente beaucoup sur leur apparence. En politique c’est la même chose, il faut faire notre place, les femmes ont beaucoup à apporter. Dans toutes les organisations, ça prend un équilibre homme-femme, ainsi de meilleurs décision en découlent », affirme-t-elle.

Cette dernière pense que l’intimidation vise les politiciens en général. « Certaines histoires du passées ont ternis l’image du politicien. La réalité c’est qu’on essaie de prendre les meilleures décisions pour l’ensemble de notre population avec le bagage qu’on a et la vision pour notre municipalité. Personne n’est parfait et on ne peut pas plaire à tous. »

Cependant, selon elle, la politique, ce n’est pas fait pour tout le monde. « C’est un travail exigeant, peu importe la taille de la municipalité. Souvent notre famille en paie le prix soit par notre absence, soit par notre humeur. Il faut aimer le monde et vouloir partager un peu de soi afin de contribuer à notre communauté. Mon expérience est positive et gratifiante. Les quelques ennuis sont largement compensés par ces gratifications. Tous les jours, je rencontre des gens extraordinaires qui me font grandir. Je crois vraiment qu’en 2020, on peut faire de la politique autrement. La politique, c’est une excellente façon d’être un acteur de changement, pour ma part en protection de l’environnement ».

« C’est une intolérance totale » – La mairesse de Sainte-Sophie

« C’est très, très malheureux. Ça ne devrait jamais arriver ces choses-là. », affirme-t-elle au sujet de la situation de Madame Brière. Est-elle aussi victime d’intimidation en tant que mairesse? La réponse est immédiate et positive.  « Oui, je le vis avec des citoyens. Je l’ai déjà vécu avec des employés. Je ne me laisse pas faire, j’ai une grande force de caractère. Mais j’ai une limite. J’ai déjà demandé à des gens de quitter mon bureau parce que ça allait plus loin qu’il fallait. Il n’y a aucune raison d’accepter ces situations-là. Pour moi, c’est une intolérance totale. »

Une réalité épuisante

Selon Louise Gallant, cette intimidation ne vise pas seulement les femmes en politique, mais les politiciens en général. « J’ai été témoin d’intimidation vis-à-vis d’autres maires et conseillers municipaux. C’est autant vis-à-vis les hommes que les femmes. »

Toute cette intimidation devient par-dessus tout épuisante. « On devient fatigué, on manque d’énergie. Quand tu ne peux plus mettre ton énergie à la bonne place, tu n’es plus fonctionnel comme tu devrais l’être pour pouvoir aider ton citoyen. » La mairesse de Sainte-Sophie est ouverte aux critiques; il y a simplement une manière de donner son opinion. « Ils nous ont élus. Il faut que la confiance revienne. Si on prend une décision et qu’ils ne la comprennent pas, qu’ils viennent nous voir. On s’explique, mais pas agressivement. »

Et si un proche souhaitait faire le saut en politique, comment réagirait-elle? « Je vais lui donner la main et je vais essayer de l’aider. Quand tu t’impliques de cette façon-là en politique, tu peux changer les choses. Mais si personne ne le fait, il n’y a rien qui va changer. »

3 commentaires

  1. Il y a maintenant un an que les gilets jaunes en France expriment leur ras-le-bol des politiciens qui ne les représentent pas. Ils réclament d’être consultés sur les questions importantes. Les québécois en sont différents et souhaitent la même chose. Ne pensez-vous pas que l’achat d’une montagne par une municipalité mériterait une consultation publique ? Et la construction d’un complexe sportif au coût de 5 millions ne vaudrait pas un référendum ? Les citoyens ne se contentent plus de voter tous les quatre ans ils veulent être consultés sur les projets que l’on développe avec leur argent. Les maires qui se font élire en promettant de faire de la politique autrement devraient comprendre qu’ils créent des attentes chez les citoyens. Et quand ils nous déçoivent ils ne doivent pas s’étonner qu’on leur fasse savoir.

  2. Je ne sais pas si les femmes se font intimider plus que les hommes. Par contre je suis certain qu’elles le sont de manière différente. Si vous vous en prenez à l’apparence d’un homme et/ou à sa sexualité, en général il sera moins perturbé qu’une femme qui subit le même commentaire. Les femmes, en général mais n’oublions pas qu’il y a des exceptions, ont une sensibilité particulière face à leur apparence et au jugement que les gens leur porte. De plus, avec leur cycle menstruel et de pré-ménopause, elles sont submergées d’émotions qui exacerbe leur sensibilité, alors un geste ou une parole peut prendre des proportions démesurées.

  3. La mairesse de Sainte-Adèle est doublement victime des attaques sans fondement de certaines personnes qui prônent la transparence et une justice réparatrice. Qui sont ces personnes qui exigent que le bien collectif soient réparti de manière équitable quand eux-mêmes pigent dans le panier public pour se faire entendre. Pourquoi ces personnes ventent les mérites d’un homme riche étant affiliées à sa cause qui ne cesse de noircir le paysage de cette magnifique ville. Certes, que certaines personnes peuvent être intimidantes, mais parfois il faut voir au delà de leur personnage pour mieux les comprendre.

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