Itinérance : L’urgence du Book humanitaire doit déménager
Par France Poirier
Rachel Lapierre est fondatrice et directrice du Book humanitaire. Elle nous fait état de la situation du local de l’urgence du Book humanitaire. « On pensait pouvoir rester là jusqu’à la fin de l’année, mais en fait on doit quitter le plus vite possible et c’est ce que nous voulons faire. »
Le local, situé au coin de Labelle et de Martigny à Saint-Jérôme, sert d’urgence pour les personnes itinérantes. « Nous n’avons pas de bail, nous sommes locataires au mois », explique Mme Lapierre. Au départ, les propriétaires leur avaient permis de rester deux ou trois mois, puis ils ont donné une extension. « Il faut comprendre qu’au-dessus de notre local, il y a des locataires et ce n’est pas toujours facile, même si nos usagers sont très gentils. »
140 personnes sans domicile fixe
Depuis six mois, l’organisme cherche un lieu approprié avec l’aide du Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides (CISSS), et de la Ville de Saint-Jérôme qui les aident dans ce dossier. « On cherche des solutions à moyen terme. Le problème actuellement, c’est qu’il n’y a pas tant de possibilités de locaux libres à Saint-Jérôme. »
Fleur de Macadam, l’organisme qui s’occupe du lieu d’hébergement à l’ancienne église Sainte-Paule, loge 25 personnes. Dans Saint-Jérôme uniquement, on compte 140 personnes sans domicile fixe. « Le problème c’est que la pauvreté et l’itinérance ont triplé en un an. On est en train de mettre des choses en place. Le CISSS travaille fort, la Ville aussi nous appuie. Mais 140 personnes à l’approche de l’hiver, ce n’est pas rien. Il faut trouver une solution à court, moyen et long terme. Mais chose certaine, on ne les laissera pas dehors », soutient Rachel Lapierre.
Ailleurs qu’à Saint-Jérôme
Le Book humanitaire offre des services aux personnes en difficultés dans la grande région de Saint-Jérôme. Certains proviennent des municipalités environnantes et même plus au nord. « Par ailleurs, lorsqu’une personne nous arrive d’un secteur comme Laval ou Sainte-Agathe alors qu’ils ont accès à des services, on les redirige. Dans le secteur des Pays-des-Haut, il y a peu de personnes sans domicile fixe. Il y en a un que j’ai rencontré dans le secteur de Saint-Sauveur pour lui offrir des services. Il préférait rester dans le secteur pour la quête », explique Rachel Lapierre.
Première ligne
Le Book humanitaire s’occupe de l’urgence. C’est un organisme de première ligne. « Idéalement, on souhaite tous les coucher dans un lit. C’est notre rêve, mais ce n’est pas le mandat du Book humanitaire. Est-ce que ça peut le devenir? On verra, mais le mandat du coucher et de l’hébergement, c’est Fleur de Macadam. Ils en ont 25 dans l’ancienne église et nous, on a l’excédent », explique-t-elle.
L’urgence du Book humanitaire sert à les nourrir trois fois par jour, à les écouter, à les réconforter et à les soigner.
Hausse des logements
« Avant la pandémie, on en avait une trentaine, tout au plus une quarantaine, mais là on est à plus de 80. C’est une réalité. Ce que l’on prône, c’est une solution à moyen et long terme. Le problème, c’est la hausse des logements, le manque de logements à prix modiques et l’augmentation du coût de la nourriture. On voit de nouvelles personnes sans-abri qu’on n’avait jamais vues avant. Le problème aussi, ce sont les personnes âgées. Nous on travaille sur ces deux volets : la sécurité alimentaire et les sans-abri », explique Rachel Lapierre.
Les gens se retrouvent dans la rue comme ils n’ont pas d’autres options, en raison de la pénurie de logements. « Il y a de l’itinérance, de la santé mentale, de la toxicomanie et il y a aussi ceux vivent une crise situationnelle. La pandémie a multiplié ça », souligne Rachel Lapierre.