Itinérance: un rapport rappelle le manque criant d’argent

Par nathalie-deraspe

Mercredi dernier, la Commission de la santé et des services sociaux déposait son rapport sur l’itinérance au Québec, dans lequel on signalait en rouge que le laisser-aller actuel entraîne des coûts économiques et sociaux qui pourraient considérablement être réduits par la simple application d’une action concertée.

Rien de nouveau sous le soleil pour le Centre Sida Amitié de Saint-Jérôme, qui réclame depuis des lustres des ressources 24h sur 24, mais qui n’a toujours pas trouvé écho à ses revendications. «Les Laurentides n’ont pas été épargnées par les pertes d’emploi, souligne le directeur de l’organisme, Gaston Leblanc. On rencontre des gens qui normalement, ne devraient pas se retrouver dans nos services. Mais quand des problèmes sociaux d’ordre mineurs se multiplient, l’estime de soi finit par diminuer et on se trouve aspiré dans une spirale qui n’en finit plus.»

Aux yeux de Gaston Leblanc, ceux qui tombent dans l’itinérance sont encore plus fragiles que ceux qui s’y sont adapté. Mais il déplore que bon nombre de la population itinérante éprouve des problèmes de santé mentale.

C’est le cas de François Lamoureux, retrouvé noyé dans la rivière du Nord à 25 ans, et dont on a célébré les funérailles il y a 3 semaines. La veille, le jeune homme était passé par le Centre Sida Amitié, se rappelle Gaston Leblanc. «Il était rendu dans un délire permanent, souligne l’intervenant. Je ne pense pas qu’il s’est suicidé. Il s’est plutôt «caché» dans l’eau. J’ai perdu un petit frère de rue.» (François Léveillée n’avait que 14 ans quand il a eu à intervenir auprès de lui la première fois.)

5e Nuit des sans-abri

Ce décès est survenu peu de temps avant la tenue de la 5e édition jérômienne de la Nuit des sans-abri, qui a connu son plus grand succès cette année. Plus de 150 personnes de la région ont répondu à l’appel. Les députés, Monique Guay et Gilles Robert ont d’abord pris la parole, suivis de ****Louise Bouchard****, représentant la ville de Saint-Jérôme, avant qu’une marche n’aboutisse au parc Labelle, pour souligner la mémoire des disparus. Des prix «coup de cœur» ont été décernés à l’organisme Soupe Café rencontre et son coordonnateur ****Robert Taylor****, ainsi qu’au policier retraité ****Richard Hamel****, pour son implication auprès des exclus de la société. L’organisme Grands-parents tendresse est venu souligner son appui à la cause en remettant un ensemble tricoté mains (tuque, foulard et mitaines).
«Il y a énormément de pauvreté, soutient Gaston Leblanc. De la pauvreté intellectuelle, financière et culturelle. Et ça, il faudrait au moins que le gouvernement le reconnaisse. Ça nous prendrait un ministre de la richesse qui apprenne à gérer la misère avec du positif. Là, on a beau nous pondre un rapport, je vais crier **hourra** quand je verrai les fruits dans l’arbre.»

Parmi les 33 recommandations énoncées la semaine dernière, il est question de la mise sur pied «le plus rapidement possible» d’une politique et d’un plan interministériel sur l’itinérance. Ce problème de société commande à agir sur plusieurs fronts, dont la prévention, la réinsertion et le logement social. La création d’un programme de financement récurrent pour les organismes oeuvrant auprès de cette clientèle est également souhaité. Il est également question d’établir un meilleur équilibre entre la judiciarisation et la médiation sociale. L’an dernier, au cours de la Nuit des sans-abri, le Centre Sida Amitié réclamait plus de sous pour pouvoir maintenir des services jour et nuit. Un an plus tard, nous en sommes au même point.

Le 25 novembre, le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) tient une manifestation à Ottawa en vue de réclamer une augmentation du financement fédéral de 50M$ pour le Québec.

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