Julie Corbeil –
Par Martine Laval
Rencontre avec une jeune femme de vision
C’est au cours de ses études secondaires à l’école internationale que s’initie son ouverture sur le monde. Durant son apprentissage en journalisme à l’université, elle part en Équateur faire un stage d’Initiation à la coopérative internationale. En travaillant à la radio communautaire du village où elle se trouve, elle développe des liens d’amitié et entreprend de tourner ses premières images portant sur l’immigration. Ce premier documentaire intitulé Aller simple, dévoile la réalité de jeunes Équatoriens qui voient leurs parents quitter clandestinement leur pays pour rejoindre les États-Unis. «Ils quittent leur petite communauté sans grand futur, afin de travailler et subvenir de loin aux besoins de leur famille et offrir un meilleur niveau de vie à leurs enfants» explique la jeune vidéaste. Dès lors, elle s’intéressera au sujet de l’immigration et ira à la rencontre des autres, caméra à l’épaule.
Son goût de la rencontre et des entrevues? «C’est mon petit côté sociologue, psychologue. J’essaie de comprendre les gens et ce qui les motive.» Sa curiosité et son sens de l’éthique et de la recherche? Elle l’acquiert auprès de grands mentors du milieu. Son passage au sein de TVBL (Télévision des Basses-Laurentides) et son implication dans MA TV, confirmeront sa passion et le chemin qu’elle désire marcher.
Dans son documentaire Au bout du monde, Julie Corbeil s’attarde sur les réfugiés bhoutanais installés à Saint-Jérôme depuis 2008, et leur adaptation au sein de cette communauté. Trois ans de recherches, d’entrevues, et plus de vingt-cinq tournages seront nécessaires pour mettre en forme la réalité de ces exilés vivant à des lieues de leur réalité première. «S’adapter au climat, à la nourriture, au langage, à la façon de vivre, sont des enjeux majeurs pour ces gens complètement dépaysés» révèle Julie Corbeil. Elle donnera des conférences pendant trois ans dans les écoles, afin de révéler la réalité des réfugiés au Québec. «J’espère avoir contribué à faire tomber les préjugés» avoue la documentariste. La rencontre avec son amoureux, Ugo Monticone il y a sept ans, a dessiné de façon plus concrète la route à prendre… à deux. «L’un ne va pas sans l’autre, déclare-t-elle. On se complète tellement bien.» Leurs intérêts communs pour l’image et les mots, leur goût du voyage, leur sens de l’organisation et de la planification leur permet de voyager et d’accomplir des documentaires qu’ils partagent lors des conférences des Aventuriers voyageurs et des Grands Explorateurs. La diffusion de leurs périples au Maroc, au Guatemala et au Japon a permis de transmettre le goût du voyage à bien des publics, et les jeunes dans les écoles plus particulièrement.
À son arrivée dans les Laurentides, désireuse de s’impliquer dans sa communauté, Julie se joint au Ciné-Club de Prévost et en devient présidente. Inutile de dire que les documentaires sur des sujets sociaux, politiques et environnementaux ont occupé, et encore à ce jour, la majeure partie de la programmation. Pour les 20 ans du Ciné-Club qui eut lieu cet été, elle a organisé à l’aide de ses collaborateurs, le 1er Festival du Cinéma d’Ici. Elle vient tout juste d’accepter le poste d’enseignante au CEGEP de Terrebonne dans le programme pré-universitaire de deux ans en Art, lettre et communications. Les élèves y apprennent, dans le cadre journalistique, l’introduction au monde des communications et le reportage télé.
Tout juste atterrie d’un voyage à Paris avec sa mère, cadeau de ses 30 ans, quelle sera la prochaine destination? Julie et Ugo aimeraient bien explorer l’Islande. Le rêve de Julie Corbeil étant de produire des documentaires qui marquent, et d’écrire davantage, il va sans dire que le monde lui ouvre grand les bras et que ce n’est pas demain que la source de ce qui l’anime se tarira. Bonne route, et vivement les prochains films!