‘‘Just a Perfect Day’’

Par Josée Pilotte

Je l’ai aperçu, juste quand je sortais de ma voiture; il marchait comme une ballerine sur l’asphalte glacé.
Tranquille, presque en deux temps, il trottinait sur la pointe des pieds pour se rendre jusqu’à un panier d’épicerie.

Parfois je trouve les gens très laids. Mais. Parfois je les trouve merveilleusement beaux.

Dans ce monde de fous où l’horreur de la vie transperce nos écrans de télé chaque soir, il y a encore du ben beau monde. Oui, dans nos vies, le Merveilleux côtoie aussi cette horreur.

Je l’ai d’ailleurs croisé hier dans le stationnement du Metro, ce Merveilleux. Je l’ai aperçu, juste quand je sortais de ma voiture; il marchait comme une ballerine sur l’asphalte glacé. Tranquille, presque en deux temps, il trottinait sur la pointe des pieds pour se rendre jusqu’à un panier d’épicerie. C’est à ce moment précis que le Merveilleux a fait son effet. D’abord j’ai souri, puis j’ai été prise d’un grand élan d’amour pour ce p’tit vieux qui se dandinait sur les plaques de glace du stationnement. Oui!, c’est à ce moment précis: je l’ai trouvé infiniment beau.

Je ne sais pas si c’est parce que j’ai été touchée par ces publicités sur la violence faite aux personnes âgées ou bien parce que mon grand-père Armand, que j’adore, a fêté ses 89 ans dernièrement, ou encore même parce que je deviens braillarde en vieillissant… mais je les trouve beaux, les vieux. Je perçois dans la fragilité de ces doyens de la vie, oui, le Merveilleux!

L’histoire ne s’arrête pas là: elle se poursuit après mes emplettes chez Metro – d’ailleurs à ce sujet, vous avez remarqué tous les produits fins que les nouveaux propriétaires ont fait rentrer? Moi j’adore! Souhaitons maintenant que le nouveau propriétaire, Monsieur Quenneville (même nom de famille que mon grand-père, je vous l’ai dit qu’il y avait un lien!), garnisse de plus en plus ses comptoirs de fruits et légumes bio!

Donc toujours est-il qu’après mes fameuses emplettes chez Metro, je me suis rendue chez Rachel Berry compléter mon épicerie. Vous comprendrez qu’à ce moment de l’histoire, j’étais dans un état, comment dire?, de «félicité absolue». Voilà que je me mets-tu pas à papoter avec Dominique, que je connais depuis des lunes mais à qui je parle plus de vitamines que du Merveilleux qui m’envahit soudainement… Je sais: vous vous dites sûrement que je suis folle, mais ça ne me dérange pas pantoute, parce que quand j’ai entendu Dominique me dire qu’elle et sa gang de «Câlins d’Amour» avait fait du «piquetage d’amour» devant l’église de Saint Sauveur pour offrir aux passants des câlins gratuits… et bien c’est là que je me suis dis: oui, le Merveilleux existe encore!

Ma journée s’est terminée comme elle a commencé. Ainsi que ce vieil homme dansait sur la glace du stationnement du Metro, j’ai vu le soir venu se déployer toute la solidarité humaine pour soutenir cette amie dont

je vous ai souvent parlé, Nathalie Prud’Homme. J’ai vu cette solidarité glisser avec amour sur la fine couche de glace qui nous sépare tous de la mort. Pour elle, cette glace est plus fragile encore puisqu’elle se bat maintenant contre un quatrième cancer; cette fois-ci le crabe a les pinces plus acérées. Oui!, j’ai vu là, lors de cette soirée organisée pour elle, tout le Merveilleux du monde dans les yeux mouillés de joie de mon amie. Peut-être le Merveilleux ne l’a-t-il pas encore guérie, mais il est à l’œuvre je vous l’assure. Il n’y a pas que Soeur Angèle qui ait droit aux miracles!

Et puis, le Merveilleux est aussi là, jour après jour, nuit après nuit, dans les yeux de mon Homme qui me regarde comme si j’étais la 7e merveille du monde depuis plus de 20 ans (okay, j’exagère un peu là…)

Mais.

Il est bien là, ce Merveilleux, marchant comme une ballerine dans le stationnement du Metro.

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