La congrégation juive cède sa synagogue et un vaste domaine pour une fraction du coût

Par nathalie-deraspe

Val-Morin

Un symbole vient de tomber à Val-Morin. La municipalité vient d’acquérir la synagogue au cœur de tant de litiges et une dizaine de bâtiments de la communauté juive hassidique Belz en échange de taxes et d’amendes impayées et d’un investissement de 170 000$.

Au rôle d’évaluation, le lot fraîchement acquis était estimé à 831 000$. À terme, la transaction a exigé des déboursés de 20% et des poussières à la municipalité.

L’ensemble comprend la synagogue, le terrain situé à proximité du bâtiment qui faisait office d’école, ainsi qu’un vaste domaine abritant près d’une dizaine de résidences, une large salle communautaire et une piscine de 10 mètres de large par 25 de long. Le complexe est situé derrière le parc Legault et jouxte la rivière du nord.
«On vient de s’attaquer au cœur de leurs activités, affirme le directeur général de Val-Morin, Pierre Delage. Sans synagogue et sans lieu pour enseigner, je ne sais pas si la communauté sera intéressée à accueillir des colonies de vacances comme c’était le cas autrefois.»

Pierre Delage n’en est pas à ses premières batailles du genre. C’est lui qui a réussi à «mettre la main» sur la synagogue située à l’autre bout du village en 1999 pour non-paiement de taxes.

L’endroit était abandonné depuis une dizaine d’années au moment où la municipalité en a fait l’acquisition pour en faire un théâtre. Et comme on le sait, Val-Morin vient de recevoir une imposante subvention pour rénover et agrandir le site.

La ligne dure

Depuis la cause remportée par la municipalité contre la congrégation juive devant la Cour d’appel du Québec, la communauté Belz a tout fait pour tenter d’abaisser le montant des amendes et étaler les paiements de taxes, confie Pierre Delage. Mais cette aventure judiciaire a déjà coûté plus de 150 000$ à la municipalité, rappelle-t-il. «Pour nous, il n’était pas question de négocier.»

Pourtant, Val-Morin a proposé une solution alternative dans le dossier. La municipalité avait en effet accepté de modifier son plan de zonage afin que la congrégation hassidique puisse construire une nouvelle synagogue à 7 minutes de marche de l’édifice en litige.

Mais cette proposition n’a pas plus au Congrès juif canadien, qui avait alors avisé la municipalité qu’il porterait la cause devant la Cour suprême si elle refusait de céder aux demandes de la communauté Belz. «Deux instances ont reconnu qu’ils étaient de mauvaise foi. La municipalité a mis le pied à terre», explique Pierre Delage, qui se défend bien d’être raciste. Pour lui, ce n’est qu’une question d’équité envers les autres contribuables de la municipalité.

L’avenir nous dira ce que Val-Morin entend faire de ces nouvelles acquisitions. S’agira-t-il d’un développement intégré? Donnera-t-on un meilleur accès à la rivière? Le parc Legault sera-t-il agrandi? Voilà autant de questions auxquelles la municipalité sera soumise. Chose certaine, la piscine est suffisamment en bon état pour profiter à l’ensemble des citoyens.

Par ailleurs, plusieurs prédisent d’ores et déjà que la congrégation établie depuis les années ’30 à Val-Morin déménagera peu à peu ses pénates pour s’établir dans une municipalité plus encline à se plier à ses principes.

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