La Fondation Enfant Secours célèbre la rentrée… d’argent!
Par nathalie-deraspe
Dès qu’on cherche **Fondation Enfant Secours** sur le net, on est systématiquement référé à un article datant de 2004 qui mettait la population en garde contre les fondations aux méthodes douteuses. Rien de rassurant, direz-vous, pour cette fondation qui prétend défrayer le matériel scolaire et les activités parascolaires des élèves démunis.
Une résidante de Saint-Sauveur a dû faire preuve de patience pour trouver qui se cache derrière cet organisme et demander à maintes reprises quelles étaient les écoles qui bénéficiaient de l’aide de cette fondation.
Un premier appel d’un certain M. Noury a tout de suite semé le doute chez la dame. Prétextant qu’elle avait déjà donné 50 $ en 2005, le type s’est vite fait insistant, exigeant de la Sauveroise qu’elle convainque certaines de ses connaissances de donner si elle ne pouvait le faire.
Malgré ses nombreuses demandes d’éclaircissements, la dame n’a eu droit qu’à un fax évasif, dans lequel figure un faux numéro et où on demande de libeller les chèques à **Enfant Secours**.
Il existe bel et bien un site Internet, à l’adresse www.enfantsecours.net. Mais là encore, impossible de savoir qui en sont les dirigeants. Pis encore, le service de dons en ligne fait appel à une société californienne spécialisée dans les achats de produits en ligne ou de versements de personne à personne. Plutôt louche, non?
****Un président peu convaincant****
Quand on finit par joindre le président coordonnateur de la Fondation Enfant Secours, le rretraité bafouille des bribes d’informations, prétextant qu’il n’est pas au bureau, donc loin de ses dossiers. Gaétan Dufour n’a pas même été en mesure d’indiquer la date de fondation de l’organisme pour lequel il œuvre et parlera à plusieurs reprises de «blancs de mémoire».
Incapable de fournir des indications claires au sujet des élèves ayant bénéficié de dons récemment, M. Dufour a préféré évoquer de façon évasive les collations apportées à des élèves «quelque part en Estrie» qui n’ont même pas de quoi déjeuner.
Un solliciteur joint au téléphone explique que ce sont les parents qui doivent faire une demande. Selon M. Dufour, c’est l’école. Cet imbroglio se poursuit quand on signale que la plupart des commissions scolaires ont mis sur pied leur propres fondations et que dans bien des cas, ce sont les élèves qui autofinancent leurs activités parascolaires par le biais de campagnes de financement de tout acabit. En guise de réponse, M. Dufour affirme que certains jeunes sont si pauvres qu’ils n’ont pas même de quoi se mettre dans les pieds. Dans ces circonstances, difficile de faire du porte-à-porte…
Même si la Fondation Enfant Secours prétend avoir versé un peu plus de 100 000$ durant l’année scolaire 20005-2006, dont 12,,2% aurait été dédié aux écoles laurentiennes, les commissions scolaires insistent pour dire que chaque région compte des organismes communautaires reconnus et mandatés par la population pour venir en aide aux élèves dans le besoin et qu’il vaut mieux faire appel à ce type d’organisme que de donner sans saoir à qui on a affaire.
***ENCADRÉ****
Titre : Crimes peu punis
Dans un rapport publié en 1997, un Groupe de travail du ministère de la Justice du Canada affirmait que «les risques d’être repérés, poursuivis et punis sont relativement faibles» pour les personnes qui adeptes de télémarketing frauduleux. Pourtant, ce type de crime représente 10% des fraudes totales commises en 2005.
Johanne Smith, du Centre opérationnel de lutte au télémarketing frauduleux (COLT) admet que peu de gens portent plainte au réseau PhoneBusters (1-888-4955-8501) et qu’il faudra des efforts mettre en place des moyens pour inciter les Québécois à dénoncer ce genre de crime grâce entre autre à des campagnes de sensibilisation.
Pour l’instant, les méthodes douteuses de la Fondation Enfant Secours n’ont pas encore fait l’objet de plaintes formelles et demeurent banales comparées aux fausses loteries qui permettent de soutirer des millions de dollars à des centaines de personnes crédules, spécifiquement des personnes âgées. Il n’empêche qu’utiliser le nom de certaines écoles ou commissions scolaires pour arriver à soutirer ne serait qu’une centaine de dollars à la fois constitue de la fausse représentation, un crime qui mérite d’être puni et dénoncé.