La neige: l’or blanc des Laurentides
Par jocelyne-cazin
Sur tous les tons, sur toutes les tribunes, on ne cessait de nous préparer à une facture salée pour 2008-2009. C’était au mois d’a-vril dernier, la dernière tempête, la tempête qui fait mal!
«Ah! comme la neige a neigé!»
Comme les déneigeuses s’en sont mêlées!
«Ma vitre est un jardin de givre!»
Ma rue s’est transformée en bunker isolé.
Chaque année les déneigeurs imposaient une petite augmentation. Normal! D’autant plus que le prix de l’essence n’a jamais cessé d’augmenter. Mais souvenons-nous des derniers hivers plutôt doux, moins de 275cm de neige en moyenne. Avons-nous eu droit à des ristournes à cause d’un manque de neige?
Il aurait été bien inspiré le poète Nelligan à l’hiver 2007-2008. Près de 500cm de neige en un peu plus de quatre mois, on ne rit pas! Voilà c’est fait, le coup de massue est tombé, nous paierons de 15 à 40% plus cher parce que nous sommes trop occupés, trop fatigués, trop paresseux, trop ceci ou cela pour faire nous-mêmes le sillon qui nous permet de rester connecter au reste de la société. Qu’on se le tienne pour dit, si la neige a le malheur de dépasser les 300cm, chaque tempête supplémentaire coûtera en moyenne 30$.
Le malheur des uns…
L’hiver dernier, le Québec dans toutes ses régions, y compris dans nos Laurentides a atteint des records inespérés, surtout pour les centres de ski.
Mon ami de longue date, Guy Thibodeau, le chef du commando des conditions de ski depuis belle lurette, m’affirmait cette semaine, qu’en 28 ans il n’avait jamais vu autant de neige au sol. Neige: Probablement le mot le plus prononcé l’hiver dernier. C’est drôle tout de même de parler de cette eau glacée comme si ces cristaux étaient de l’or blanc tout droit sorti d’une mine d’Afrique du Sud!
Retour en arrière
Enfant, j’adorais l’hiver surtout lorsque la première tempête se pointait à la fin d’octobre. On n’en faisait pas tout un cas. Grâce à sa petite dénivellation, la rue Lafleur à St-Sauveur devenait ma première piste de ski de la saison. Je dévalais ce qui me semblait être une pente, tout en rêvant à la Marquise. Quoi?! Vous ne savez pas qui était la Marquise?
Pourtant, que vous soyez n’importe où dans St-Sauveur, vous là voyez. Surtout ces dernières semaines, malgré toutes ces habitations, elle sort encore son plus beau bouquet d’automne. Elle redevient la plus belle, la plus fière des montagnes qui encerclent ce qui était à son époque encore un village. Vous ne voyez toujours pas qui est la Marquise? À chaque hiver en regardant les skieurs de l’autre côté, sur le Mt-St-Sauveur, elle blanchit de jalousie!
Née en 1938, elle a déjà accueilli bien plus qu’un centre pour personnes âgées! Elle a déjà été bien plus qu’un domaine de belles grosses maisons cossues! La Marquise était à la famille Charette, ce que le Mt-Sauveur est à la fa- mille Dufour. Je me vois encore avec les Lalonde, les Gratton, les Couture, les Nault et d’autres fanatiques du ski, prendre la Marquise d’assaut pour vivre à 100 à l’heure sur nos plan-ches toujours bien aiguisées. Depuis 1982, La Marquise garde à jamais tous ses secrets d’hiver, alors que l’on s’apprête à ressortir dans quelques jours ceux du Mt-Habitant.
50 ans, ça se fête!
Le premier novembre prochain, la neige aura peut-être fait son apparition pour le temps de quelques flocons, peu importe, les contemporains et anciens du Mt-Habitant triés sur le volet sont conviés à célébrer ses 50 ans.
Les familles Côté, Tessier, Marchand, Lapierre et tous les fidèles invités se feront plaisir, en se souvenant des ces journées parfois sibériennes qui fouettaient les troupes pour se taper quelques descentes supplémentaires sur la Mickey’s run ou encore sur la Grande Allée.
La fidélité a bien meilleur goût
Le mot fidélité ici prend réellement tout son sens, puisque les 50 ans du Mt-Habitant se célèbrent avec ses seuls et uniques propriétaires. Les familles Vineberg et Stein ont tenu le fort discrètement, mais avec une assurance qui leur a justement permis de se rendre jusqu’en 2008 malgré plusieurs saisons difficiles. Je serai de la fête et lorsque je verrai Steven Vineberg, nous parlerons sans doute de ses parents qui ont embauché les miens peu après leur arrivée au Québec. C’était en 1953. C’est un peu grâce au Vineberg si en 1954, le restaurant Au Petit Coin de France est né.
Voilà la boucle est bouclée, je pars dans mes terres.
Merci de m’avoir accueillie dans vos pages et bon hiver!
À une prochaine…