La rivière du Nord contaminée comme jamais

Par nathalie-deraspe

La plus récente randonnée d’échantillonnage de la rivière du Nord effectuée par un groupe d’élèves de la Polyvalente des Monts a laissé un goût amer aux participants. Les résultats d’analyse laissent supposer une pollution qui dépasse l’entendement.

Les échantillonnages de coliformes fécaux relevés le 30 mai dernier par temps sec font état de 50 000 UFC/100 ml, alors qu’en 2009 on en répertoriait 8. Jusqu’à 200, la baignade demeure tolérée, mais au-delà de 1000 UFC/100 ml toute activité nautique est à proscrire, y compris le canot. «J’ai du mal à m’expliquer comment l’usine de filtration de Sainte-Agathe-des-Monts puisse fonctionner aussi mal, lance l’enseignant en science et technologie et chef d’expédition Jean-François Giasson. Je pense qu’il y a des entreprises qui sont mal connectées au réseau.»

L’enseignant explique que les égouts pluviaux se déchargent directement dans la rivière et de ce fait, sont moins profonds dans le sol que les installations sanitaires. Sans un inspecteur de la ville présent lors du branchement au réseau d’aqueduc, un promoteur sans scrupule pourrait être tenté de choisir l’option la moins coûteuse. «C’est la conclusion que j’en tire», confie Jean-François Giasson.

Faits troublants

Le groupe a conduit une expérience qui démontrerait hors de tout doute que certains conduits sanitaires de la ville mènent directement à la rivière. Des balles de ping pong codifiées chassées dans les toilettes d’une douzaine de commerces et résidences auraient été retrouvées 10 minutes plus tard dans l’affluent Brissette. L’incident a été rapporté à la ville, mais l’administration Chalifoux refuse catégoriquement ce test.

En 2006, lors de la première année d’étude, le groupe en charge de l’échantillonnage avait constaté un dépôt sec sur le territoire de Sainte-Agathe-des-Monts et en bordure de la rivière du Nord. Deux ans plus tard, la ville avait affirmé avoir tout nettoyé. «D’habitude, l’eau est trouble, indique M. Giasson. Mais cette année, à cause de la sécheresse, on s’est rendus compte que rien n’avait été ramassé. Parmi tous les déchets, on a découvert un réservoir d’huile coupé en deux dans la rivière. Les jeunes ont été très déçus de voir ça.»

Les analyses de cette année étaient tellement étonnantes, que le groupe a décidé de refaire l’ensemble des tests à l’école. «On pensait s’être trompés», indique à nouveau le responsable du projet. Par temps pluvieux, tout passe par l’affluent Brissette. Mais normalement, à 300 mètres de là, l’eau est déjà de meilleure qualité.

Kayakiste passionné, Jean-François Giasson concède que le site sent l’eau usée au printemps. La plupart des sportifs qui l’accompagnent ne veulent plus de détails sur l’état de pollution de la rivière. «Avant, il y avait des compétitions de kayak de slalom, explique l’enseignant. Le Club de canot et de kayak d’eau vive de Montréal venait s’entraîner là. Ça peut être dangereux pour la santé, mais c’est tellement des beaux rapides, c’est tellement une belle section de la rivière. On aime vraiment notre sport!»

Jean-François Giasson envoie chaque année un rapport détaillé de son expédition au Ministère de l’Environnement, à Abrinord, ainsi qu’aux municipalités concernées par le projet. Il dit n’avoir jamais reçu d’accusé de réception. Par ailleurs, le service de Travaux public de Sainte-Agathe-des-Monts ne nous a pas retourné notre appel.

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