(Photo : Docomomo Québec, Bulletin Docomomo Québec, no 6, printemps 2005)

L’ancien centre commercial du Domaine-de-l’Estérel victime du temps

Par Rédaction

Québec débloque 992 000 $ pour soutenir la rénovation de bâtiments historiques dans la MRC des Pays-d’en-Haut. Les municipalités pourront investir ces fonds dans la restauration des bâtiments patrimoniaux. Les propriétaires de domaines dits « d’intérêt patrimonial » pourront eux aussi bénéficier d’un soutien financier. Mais l’héritage des générations passées pourrait bien, pour certains sites, finir en ruine. C’est le cas de l’ancien centre commercial du Domaine-de-l’Estérel, à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson.

Depuis 2019, ce sont 86 millions de dollars qui ont été investis par le présent gouvernement dans le projet de mise en valeur du patrimoine immobilier. La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, annonçait le 8 décembre 2021 la création d’un programme visant à répertorier le patrimoine immobilier sur le territoire des MRC. Une enveloppe de 4 millions de dollars est débloquée pour soutenir le processus. Mais ces mesures suffiront-elles pour redorer les bâtisses d’antan ?

Le centre commercial du Domaine-de-l’Estérel est situé à Sainte-Marguerite, photographié en 2012.

Soutien financier insuffisant à Sainte-Marguerite

Le centre commercial du Domaine-de-l’Estérel se dégrade. Pour Michèle Dubuc, présidente de la Société d’Histoire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et Estérel, l’aide octroyée par Québec « est la bienvenue » mais reste insuffisante. « En 2012, on avait estimé les travaux de rénovation du bâtiment à un peu plus de 10 millions de dollars », continue-t-elle. Elle relance : « C’est un bâtiment classé depuis 2014 comme patrimonial par le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. »

Le 25 octobre 2013, l’ancienne mairesse de Sainte-Marguerite, Linda Fortier, vend à HBO Construction le centre commercial au coût de 100 000 $. L’actuel maire de la ville, Gilles Boucher, avait fait son possible à l’époque pour stopper la passation de biens. Docomomo Québec rapporte qu’à cette période, le maire mentionnait : « Les citoyens de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson étaient davantage concernés par la possibilité d’une augmentation des taxes, provoquées par la restauration du bâtiment, plutôt que par sa sauvegarde. » Le coût des travaux de rénovation augmente exponentiellement par rapport au temps d’inaction. « L’aide de Québec peut nous épauler mais je ne sais pas encore comment on va s’organiser », confesse Michèle Dubuc. Les dernières rénovations remontent à 1988. Il y a 9 mois, la société HBO vend finalement la structure à la filiale Olymbec, une compagnie immobilière.

Édifice gorgé d’histoire

« Le Domaine-de-l’Estérel dans les Laurentides est l’une des toutes premières manifestations de la modernité architecturale au Québec. » C’est le constat qu’émet en 2005 France Vanlaethem, gérante d’une association de gestion et de promotion du patrimoine. Érigé entre les années 1936 et 1937, le bâtiment en béton s’élève sur trois étages. Son architecture de style « art déco » remonte à la période du « Québec moderne » s’étalant de 1867 à 1960. On doit son design à l’architecte belge de renom, Antoine Courtens. Les travaux ont mis deux ans avant d’être achevés. Le Domaine-de-l’Estérel faisait partie de toute une villégiature établie par l’homme d’affaires belge Édouard-Jean Empain, dit « Wado ».

D’après Répertoire du Patrimoine culturel du Québec, « le centre commercial du Domaine-de-l’Estérel serait l’un des premiers centres commerciaux à voir le jour au Québec et au Canada ». La Seconde Guerre mondiale aura raison du domaine qui sera « mis sous séquestre par le gouvernement Canadien ». Wado retirera par la suite tous ses biens, et les bâtiments de la villégiature seront remplacés pour répondre à de nouvelles fonctions. Seul témoin encore debout de cette période : l’ancien centre commercial.

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