Laurentides rock’n’roll

Par Jean-Patrice Desjardins

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Martin Alary et son groupe Domaine Alary au Bulldozer. Photo : Courtoisie
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L’harmoniciste Jim Zeller casse la baraque au Bull. Photo : Courtoisie

Un bateau de pirates dans un océan musical

Cette semaine, dans notre voyage parmi les lieux de diffusion de la musique rock dans les Laurentides, nous faisons cap sur Saint-Sauveur. Première escale : le bar Bulldozer, un incontournable qui, depuis 30 ans, a toujours fait à sa tête et présenté des univers musicaux hétéroclites.

Sur la rue Principale, en plein cœur du village de Saint-Sauveur, on retrouve le Bulldozer, un endroit où on boit beaucoup, où on peut entendre un chansonnier l’après-midi et un groupe de blues en soirée. Mais également un lieu où on joue aux échecs, au billard ou aux dards. À une certaine époque, un tournoi de golf annuel réunissait les clients du bar, ce qui créait un réel esprit de famille.
Natif de Saint-Sauveur, Martin Alary passait devant le Bulldozer pour aller à l’école. Même s’il n’avait pas encore 18 ans, il s’est faufilé pour assister à l’ouverture du bar en 1984. Il y a donné son premier spectacle avec son, groupe, Tankaochôde et ses éléments, en 1997.
L’histoire du groupe est intimement liée au Bull, un peu parce que le fils d’un des propriétaires, Simon Beaulieu, jouait de la basse dans la formation.
« Durant un été, à la fin des années 1990, la Tankaochôde y a joué tous les samedis après-midi. C’était un spectacle unplugged aux tables. Je ne voulais pas jouer sur le stage et les gens du Bulldozer, ils étaient ouverts à cette idée. On jouait gratuit, alors on nous payait avec du Jack Daniel’s. Avec les portes et les fenêtres ouvertes, ça faisait de beaux après-midi », se souvient Alary.

Les cassettes de Roger

Copropriétaire de ce bar avec sa sœur et son frère (aujourd’hui décédé), Roger Beaulieu est reconnu pour avoir un goût très développé pour la musique. Il est lui-même compositeur et a enregistré deux albums, sans compter ses nombreux spectacles au Bull.
Mais ce que les vrais habitués du Bull aiment, ce sont les compilations musicales sur cassette que Roger fait jouer dans le bar. « Il faisait des mix écœurants. J’ai découvert de nombreux nouveaux artistes grâce à ses cassettes. Même après l’arrivée du disque numérique, on a continué avec les cassettes au Bulldozer », poursuit Martin Alary, qui a travaillé pendant quatre ans au bar.
Le Bulldozer, c’est un endroit festif où on fête ardemment le Nouvel An et, à une autre époque, on y fêtait l’Halloween costumés. C’est la place pour entendre des chansonniers, de petits ensembles, du blues, mais aussi du jazz, notamment avec les mardis jazz de Laurent Bellec.
De grands noms de la musique y sont passés. Lewis Furey venait au Bulldozer pour « casser son show ». Le jazzman Vic Vogel y a joué, tout comme le groupe The Brooks, plus récemment. Certains artistes de passage au Studio Morin-Heights y venaient, par exemple Jeff Martin du groupe The Tea Party, qui a chanté seul avec sa guitare.
« On va jouer au Bulldozer lorsqu’on doit faire le rodage d’un nouveau spectacle », affirme Sébastien DeFrancesco, bassiste du groupe Motel 72. Il fait aussi partie du groupe de Roger Beaulieu, dont le plus récent album a été réalisé par George Grancharoff, batteur de Motel 72. Le groupe y a aussi tourné le vidéoclip de sa chanson Ô Marie. Très petit, le Bulldozer n’était pas construit pour accueillir des groupes et la scène est exiguë. « Mais les musiciens aiment y jouer, car c’est un endroit qui a de l’âme, du vécu », conclut Martin Alary.

RIP les Vieilles Portes

Un peu plus loin sur la rue Principale, dans une grande maison victorienne de deux étages construite au 19e siècle, on retrouvait les Vieilles Portes, un bar fermé aujourd’hui, mais qui a accueilli les musiciens pendant plus de 30 ans.
L’endroit comportait une grande scène, mais également une piste de danse. Ce n’était pas l’endroit pour entendre du rock de garage, mais plutôt pour y danser. Les Vieilles Portes ont vu défiler de nombreux groupes de funk, motown, rock et pop, et plusieurs DJ à la fin.
« J’y ai joué avec un groupe R’n’B, une fois tous les deux ou trois mois de 1996 à 2002 », explique Sébastien DeFrancesco. « Aujourd’hui, c’est fermé. La commande était de faire danser le monde. C’était l’endroit pour les band de covers. »
 

Quelques anecdotes du Bulldozer et des Vieilles Portes

Martin Alary se souvient d’avoir lancé des dards avec Geddy Lee et Alex Lifeson de Rush. « Deux gars sympathiques. Le batteur ne sortait pas, trop occupé à composer les paroles des chansons du groupe. »
En plus de son tournoi de golf annuel, le Bulldozer est reconnu pour la qualité de ses joueurs d’échecs. On y a même organisé un pentathlon du Bull. Une compétition en cinq épreuves : billard, échecs, dards, pétanque et lancer des fers à cheval.
« Les cassettes de Roger Beaulieu, ça fait partie de l’ambiance au Bulldozer. Quand Roger rentrait dans le bar et que ce n’était pas une de ses cassettes qui jouait, il la changeait! », se souvient Martin Alary.
En 1997 ou 1998, alors que son groupe The Tea Party enregistrait un album au Studio Morin-Heights, le chanteur Jeff Martin est venu aux Vieilles Portes. « Il monte sur le stage, il avait toute une présence. On a fait quelques covers et il a pris le contrôle de la place », se souvient Sébastien DeFrancesco.

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