L’avenir des locateurs de chalets débattu en Cour

Par nathalie-deraspe

Depuis l’automne dernier, la Ville de Saint-Sauveur a décidé de montrer les dents face aux investisseurs immobiliers qui louent des chalets en zone résidentielle. Après plusieurs reports, une première cause devrait être entendue d’ici quelques semaines. La décision du juge pourrait changer le paysage locatif de la région.

Nombreux sont ceux et celles qui viennent s’établir à temps plein dans les Laurentides pour se bercer des doux souvenirs de leur enfance, au temps où leurs parents louaient un chalet dans la région durant le temps des Fêtes. Cette pratique, qui a sans doute jeté les bases de la villégiature dans les Laurentides, s’est si bien développé au fil des ans qu’il est devenu ardu de concilier la va-et-vient de ces villégiateurs et la quiétudes des résidents.

Même si des dizaines d’hôtels et de condos ont pris le relais, certains irréductibles préfèrent et de loin se retrouver entre amis dans un chalet rustique. Mais à Saint-Sauveur, le voisinage en a assez.

L’automne dernier, excédé de voir les plaintes s’accumuler, l’administration municipale a décidé de frapper un grand coup en traînant Chalets Saint-Sauveur devant la justice. En zone résidentielle, nul ne peut offrir ce type de service en deçà de quatre mois.

Les locateurs répliquent

Pierre-André Manseau, qui possède quatre maisons cossues regroupés sous le nom de Villas du Nord, a reçu une amende de 350$ pour avoir loué l’une d’elle durant une fin de semaine. L’homme d’affaires s’explique mal que la ville veuille limiter l’offre de location de la région. «Ça se fait partout dans le monde. Sur le site VRBO (vacation rentals by owners), il y a à peu près 200 000 maisons à louer, se défend-il. Et à Saint-Sauveur, des maisons en zones commerciales, il n’y en a pas. Si la clientèle ne peut pas louer un chalet ici, elle va simplement aller ailleurs.»

M. Manseau maintient que lui et ses collègues investisseurs immobiliers sont de bonne foi et que la ville n’a jamais voulu les rencontrer pour discuter de la question. «Je peux comprendre que certains voisins soient révoltés, mais je suis prêt à m’asseoir pour trouver des solutions afin que tout le monde soit content. D’ailleurs à chaque fois que je loue, j’informe mes clients des règlements de nuisance de la ville.» Des règlements semblables sont clairement indiqués sur le site de location de Chalets Saint-Sauveur, qui propose de cesser de faire du bruit le soir, particulièrement entre 21h et 7h. À la ville donc, de faire appliquer ses propres règlements, réplique M. Manseau.

Voisins en colère

L’aspect confondant de ce genre de commerce c’est qu’ils sont rarement déclarés comme tels, donc absents d’affiches distinctes qui pourraient laisser songer qu’il y aura constamment du va-et-vient dans le chalet ou la résidence voisine. «Les gens sont sauvages, lance un résident. Ils se jettent tout nus dans la neige, beuglent à 4h du matin, ça dérange tout le monde.» Des sans-gêne voleraient le bois des maisons voisines, d’autres urineraient sur leurs terrains. Un groupe de citoyens a décidé de soutenir la ville en faisant circuler une pétition. Pour l’instant, personne ne veut parler à visage découvert, de peur de représailles. La Corporation de l’industrie touristique du Québec indique qu’en date du 1er juillet 2007, le Québec comptait 1926 résidences de tourisme de ce genre.

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