Le cadeau d'un père à sa fille
Par Valérie Maynard
Marche du rein à Saint-Jérôme
Véronique Fournier en sera la présidente d’honneur. Jeune femme de 28 ans, Véronique travaille comme infirmière. Elle vit avec une greffe de rein depuis 2008.
«J’avais 18 ans quand j’ai su que je souffrais d’insuffisance rénale chronique terminale», raconte-t-elle. Ses reins ne fonctionnaient plus qu’à 3 % de leur capacité. En l’espace de quelques jours, c’est toute sa vie qui a basculée. Hier elle était une jeune étudiante en technique des soins infirmiers au Cégep de Saint-Jérôme, aujourd’hui elle se retrouve subitement et durement confrontée à sa nouvelle réalité: des traitements de dialyse (hémodialyse, dans son cas), trois fois par semaine, pour le restant de sa vie.
Ce rythme, elle l’a maintenu pendant trois ans et trois mois, jusqu’à ce qu’une très grande fatigue s’empare de son corps et de son esprit.
«Je suis une personne positive. J’avais réussi malgré mes traitements à terminer mes études et j’étais bien entourée. Mais là, j’étais exaspérée et surtout découragée», concède-t-elle.
Quand la vie bascule… encore
Son histoire, on le sent, Véronique l’a racontée des dizaines de fois. Son débit est rapide et ses mots, exempts d’émotions… jusqu’à ce qu’elle arrive à ce passage de son histoire où sa vie a de nouveau basculée. «Ce matin-là, je me rappelle, j’étais tellement en colère contre ce que je vivais. J’avais juste envie de tout arrêter. C’est là que mon père m’a dit: Véro, je vais t’en donner un rein», lâche-t-elle, émue pour la première fois de l’entrevue. C’était en février 2008.
Pendant les deux mois qui ont suivi, Véronique et son père ont vécu un véritable tourbillon d’émotions. Le 11 avril 2008, après de nombreux tests, Roger Fournier entre finalement en salle d’opération pour se faire retirer un rein. Quelques heures plus tard, sa fille est entrée à son tour pour recevoir son précieux rein. «Nos deux civières se sont croisées dans le corridor et nos mains se sont touchées». Quatre jours plus tard, défiant les plus sombres pronostics, le père et la fille quittent l’hôpital, lui heureux d’avoir contribué à la guérison de sa fille et elle, radieuse de simplement retrouver sa vie.
Trois ans plus tard, presque jour pour jour, un autre miracle s’est produit avec la naissance de Jenny, fille de Véronique et petite-fille de Roger.
«Mon père c’est mon héros parce qu’il m’a redonné ma vie. La naissance de ma fille, c’est l’apothéose», termine Véronique. Véronique travaille aujourd’hui comme infirmière au cen- tre de dialyse de Saint-Jérôme.
La Marche… en chiffres
Plus de 550 000 personnes au Québec souffrent actuellement d’insuffisance rénale, stade où les reins ne fonctionnent qu’à moins de 15 % de leur capacité. Seule la greffe ou la dialyse peuvent assurer la survie de la personne atteinte. Chaque année, 1 000 nouveaux cas sont diagnostiqués.
L’an dernier, 236 marcheurs ont pris part à la première édition de la Marche du rein, à Saint- Jérôme, pour un montant amassé de 26 000 $. Cette année, les organisateurs espèrent amasser au moins 15 000 $.
Les marcheurs sont attendus, le 24 mai, dès 9 h, au Centre communautaire Notre-Dame, au 655, rue Filion, à Saint-Jérôme. Pour information, visitez le [www.rein.ca/marche- quebec]. La Marche a lieu simultanément dans 18 villes du Québec.