Le CLSC lui suggère de faire le 9-1-1

Par nathalie-deraspe

Une dame de 80 ans qui s’est présentée au CLSC de Saint-Sauveur le visage garni d’ecchymoses et une énorme bosse au front a été renvoyée chez elle sans autre conseil que celui de faire le 9-1-1. «Ces établissements ont été conçus pour désengorger les urgences», rappelle Jeanne Maranda outrée.
«Du temps où j’habitais à Montréal, je me suis toujours présentée au CLSC, que ce soit pour des vaccins ou des consultations de dernière minute», relate cette mère de famille de 4 enfants. Jeanne Maranda s’était fait avertir qu’il n’y avait pas de médecins dans les Laurentides, mais elle croyait tout de même pouvoir trouver quelqu’un qui voudrait bien lui faire un bilan de santé annuel.

Quelques mois après son arrivée, elle fait le tour des cliniques de la région en vain. On lui suggère plutôt d’aller revoir son ancien médecin à Montréal, malgré le fait qu’elle soit octogénaire. «La dernière clinique où je suis allée, une dame d’un certain âge pleurait de rage et de douleur. Elle était là depuis 6 heures le matin et elle n’avait pas encore été vue. Il était 12h30.»

Il y a deux semaines, Mme Maranda trébuche sur un trottoir inégal. Elle se retrouve avec un œil au beurre noir et une partie de la joue bleuie. Un passant l’aide à se relever et elle retourne chez elle pour reprendre peu à peu ses esprits. Le lendemain matin, la dame âgée se réveille avec un mal de tête. En la voyant aussi amochée, ses amies lui conseillent aussitôt de se rendre au CLSC pour que quelqu’un évalue si des radiographies sont nécessaires. Tout le monde garde en mémoire l’hémorragie interne qui a coûté la vie à l’actrice américaine Natasha Richardson, après une chute en ski à Tremblant. Dans ce cas-ci, Mme Maranda présentait davantage de symptômes physiques.

Services hors-pair en France

Une fois au CLSC, Jeanne Maranda se fait dire d’appeler les services d’urgence ou de se rendre à la clinique médicale. Une fois sur place, une personne a vite fait de lui mentionner qu’il fallait se présenter à 6 heures le matin si on voulait avoir une chance d’être vus. «À mon CLSC, y’a rien que des beaux meubles mais pas âme qui vive. S’il n’y a pas de médecin, faudrait au moins qu’il y ait une infirmière praticienne», suggère Mme Maranda. L’octogénaire confie que lors d’un voyage en France, elle s’est retrouvée coincée au lit par une grippe intestinale sévère. Un médecin s’est rendu à son chevet pour la soigner. Elle n’aura eu qu’à débourser 35 euros en retour, soit l’équivalent de 50 dollars canadiens. Jeanne Maranda renchérit avec le cas d’une immigrante française prise par un mal de ventre insoutenable. Elle réussit à voir une gynécologue qui, compte tenu de son état, lui fixe sans délai un autre rendez-vous. La spécialiste ne s’y est jamais présentée. Le jeudi soir, la malade téléphone en France pour joindre son ancien médecin, qui la reçoit dès le lundi suivant. Elle y est toujours et hésite à revenir au Québec. «On est trop mal soignés», dit-elle.

Un conseil par téléphone

Le CLSC a bel et bien confirmé que les seuls médecins disponibles font des visites à domicile. L’établissement précise du même coup que l’infirmière qui reçoit les patients n’est pas habiletés à donner un diagnostic. Mais Mme Maranda espérait seulement le conseil d’une spécialiste.

Accès a testé l’efficacité de la ligne 8-1-1 (la ligne Info-Santé utilisée dans les cas moins urgents). L’infirmière au bout du fil a mis 6 minutes pour évaluer la situation d’une personne deux fois plus jeune qui aurait fait une chute semblable, pour établir que dans un cas pareil, il ne fallait surtout pas dormir seule les premières 24 heures après l’incident. Là encore, on suggérait la clinique médicale en précisant de s’y rendre aux petites heures du matin. Était-ce un diagnostic ou un conseil? Peu importe. Mais une personne à l’autre bout du fil a réussi avec une grande amabilité, à rassurer cette pseudo patiente et à fournir toutes les informations qu’il lui était possible de rendre. Apparemment, une personne qui voyait le cas de Jeanne Maranda n’était pas habiletée. L’octogénaire demeure perplexe face à l’efficacité de notre système de santé. «Si les infirmières de ce pays ne sont pas capables de donner un conseil comme celui-là, c’est minable.»

Appelée à commenter la situation, la directrice générale du CSSS des Pays-d’en-Haut, Sylvie Laganière, a déclaré: «Cet incident fait ressortir la pénurie médicale et le drame que les gens vivent dans les Laurentides. Pour ce qui est de l’accueil obtenu chez nous, nous avons la réputation d’offrir des services de qualité et nous allons nous assurer d’y répondre dans la mesure du possible.»

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