Le Comité Haïti Laurentides tire près de 13 000$ de son spectacle bénéfice

Par nathalie-deraspe

La lune arrivait à son apogée. Les sourires resplendissaient. La salle était pratiquement bondée. La symbiose, parfaite. Un élan de générosité éclaboussant comme un feu d’artifice. Un moment qu’on souhaiterait pouvoir répéter jusqu’à plus soif.

Je connaissais très peu le Comité Haïti Laurentides. Cet organisme ne cherche pas les projecteurs. Tout au plus, j’avais couvert un sympathique dîner spaghetti, où la bonne volonté côtoyait le désordre. Trop de monde dans ce petit endroit exiguë. Quelques mots échangés à peine avec la co-fondatrice du comité, Monique Reid. Trop occupée à être dans l’action pour répondre aux questions inutiles des journalistes. Ici, le sensationnalisme se trouve dans la constance et la persévérance de cette poignée d’individus entêtés à semer un peu d’espoir au sud de nos indifférences.

Puis, l’hécatombe. Les images bombardées de cadavres empilés m’ont fait rappeler cet organisme régional et son implication légendaire en Haïti. Un collège entier bâti à coup de soupers bénéfice, de collectes du dimanche, de discours pastoraux. Des générations d’écoliers à soutenir la cause. Des enseignants dépêchés sur place, à leurs frais, pour cultiver le savoir de leurs pairs. Et tous ces autres projets autour du micro-crédit. Tant de voies pour aider à nourrir les rêves d’une nation si pauvre mais si fière à la fois. Des travailleurs de l’ombre que j’avais tout à coup envie de mettre au grand jour. J’ai lancé un ballon dans les airs. Les gens ont accepté de jouer avec moi.

Un spectacle mémorable

Parfois, il ne suffit que d’une bougie d’allumage. Dès le départ, le coordonnateur au service de la vie étudiante du Cégep de Saint-Jérôme, Alain Aubuchon, déclare: «On va tout mettre en œuvre pour faire de cette soirée un événement mémorable.» Le ton était donné. L’appui, total. Les gens du comité, enthousiastes à souhait. Et il fallait faire vite. On parle d’Haïti aujourd’hui, mais demain?

Coup de fil à Pascal Tremblay, figure emblématique de la musique dans les Laurentides. Son réseau de musiciens multiplié par mes contacts, le tableau se dessinait. «Belle attitude», aurait-il dit. Pour l’animation, comment penser à quelqu’un d’autre que Guillaume Lemay-Thivierge? Son frère, d’emblée, offre de son temps. Quelle efficacité comme régisseur! La sueur au front, à s’assurer que tous les enchaînements se fassent en douceur malgré la quantité de numéros au programme. Il fallait voir les bouts de chou de La Fourmilière chanter en chœur, véritables anges tombés du ciel. Marilou et Chloé, danser le hip hop. Ma collègue Ghislaine Néron, qui n’a jamais cessé de chanter même si elle s’est tournée vers le journalisme. Natalie Choquette, émue à tout rompre de pouvoir s’entretenir avec Gilles Vigneault. Toujours appréciée comme une diva. Éléonore, sa fille, entonner un gospel avec Alan Gerber. Et le trio MG3. Un groupe mieux connu en Allemagne qu’à Saint-Jérôme, même si Marc Morin est de Saint-Colomban… Et Zale Seck, cet Africain installé à Saint-Jérôme depuis près de 10 ans! Et ce cher Gilles Vigneault, dont le répertoire était on ne peut mieux choisi pour les circonstances.

Moi, je n’ai vu que des bribes de tout cela. Autant de moments forts puisés à même la relève et l’expérience. Trop occupée à voler d’une demande à l’autre, agrippant un sourire au passage en retour d’un autre. Mais encore aujourd’hui, je suis portée par cet élan indicible. Le meilleur de l’être humain.

Mon cœur a fait boum boum quand on a réussi à joindre en direct Eddy Pascal, un enseignant qui venait de nous montrer dans une vidéo son collège effondré. Tout à coup, notre région résonnait au même rythme qu’Haïti. Il n’y avait plus de distance, il n’y avait plus de race, il n’y avait qu’une communauté en communion avec une autre. Qui aurait dit qu’à 15 h 40 ce jour-là, il nous manquait toujours un pianiste?

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