Le dossier du bassin d’eau refait surface

Par nathalie-deraspe

Sommet Bleu

Cette semaine, la ville de Sainte-Adèle a tenu à faire le point sur les différents litiges qui l’opposent à un propriétaire du Sommet Bleu. La municipalité a même adopté une résolution dans le but de distribuer un dépliant étalant chacun d’eux, le tout, aux frais des contribuables adélois. Campagne d’information ou de désinformation? Retour sur un scandale de plus en plus dur à avaler.

Le 7 septembre dernier, Accès dénonçait en exclusivité qu’au moins deux réservoirs d’eau de la municipalité de Sainte-Adèle étaient la proie des malfaiteurs. La semaine suivante, suite aux allégations de Lupien, un propriétaire du Sommet Bleu, les employés des travaux publics repêchaient deux carcasses de ratons laveurs flottant dans une eau parsemée de débris de tout acabit dans un réservoir destiné à approvisionner 200 résidences des alentours.

La ville a eut tôt fait de rassurer la population en affirmant, dans une conférence de presse à laquelle le journal était exclus, que «l’eau est bonne à boire au Sommet Bleu», ce qui ne l’empêcha pas d’émettre aussitôt un avis d’ébullition préventif destiné à tout le secteur.

La ville persiste et signe

Malgré le fait que plusieurs spécialistes eurent déclaré dans nos pages qu’un bassin d’eau de cette envergure aurait dû faire l’objet d’une attention particulière et que plusieurs employés de la ville ont maintes fois manifesté leurs inquiétudes à cet égard, la mairesse Marlène Houle refuse d’endosser quelque responsabilité que ce soit dans le dossier.

Mardi en conférence de presse, Mme Houle a repris mot à mot les propos de l’ex-maire Jean-Paul Cardinal, en martelant avec insistance: «Jamais la santé de la population n’a été mise en danger par l’utilisation d’eau potable provenant du bassin d’eau du Sommet Bleu».

Si tel est le cas, pourquoi la ville a-t-elle tenu à nettoyer le bassin de fond en comble deux fois de suite, de grillager les trous béants qui servaient d’aérateurs pour ensuite les bétonner définitivement et utiliser un système de drainage comme l’exige le ministère de l’Environnement depuis février 1984?

Qui dit vrai?
«La Ville a toujours fait montre d’ouverture conformément à sa loi et à ses obligations, a affirmé Marlène Houle. Nous voulons seulement avoir accès à la Croix et au bassin d’eau comme on le réclame depuis 2006.»
«La ville a toujours eu un droit de passage pour la croix mais il n’a jamais été entretenu, explique Marc Lupien. Quant au bassin, je demande seulement qu’on m’avise à l’avance. J’étais même prêt à leur donner le code d’accès, comme c’est souvent le cas pour les urgences, mais ils n’en ont pas voulu.»
«On ne veut pas avoir l’accès, on veut qu’il enlève la clôture», rétorque la ville.
«Il y avait déjà des barrières du temps du Château Dufresne, relance Lupien. Et jamais la Ville n’a demandé d’exclure les barrières des plans que j’ai proposé. Ça ne les a pas empêché de me fournir un permis de construction.» Cette chicane se poursuit par avocats interposés depuis maintenant des mois. À ce jour, Marc Lupien aurait engagé 250 000 $ de frais dans cette affaire. Il poursuit la ville pour près de 5 M$ en dommages et intérêts. À noter qu’avant les événements de septembre, la ville avait fait peu de cas du bassin du Sommet bleu. Tous s’entendent à dire qu’il s’est écoulé de 7 à 8 ans avant qu’il ne soit nettoyé. Marc Lupien s’est porté acquéreur du sommet en 2002.

Ce que la loi dit

Depuis le 20 février 1984, en vertu de la Directive 001 portant sur le captage et la distribution de l’eau, le ministère de l’Environnement exige la détermination de périmètres de protection et recommande l’adoption d’une réglementation visant à régir les usages des eaux souterraines et les activités qui en influencent la qualité. Au point 3.2.2, il est clairement indiqué qu’une clôture sécuritaire d’une hauteur minimale de 1,8m doit être installée aux limites de l’aire de protection immédiate. L’article 5.3.5.1. alinéa D, est encore plus précis: «Une clôture, des verrous sous les regards d’accès et autres précautions utiles doivent être prises pour empêcher l’entrée d’intrus, le vandalisme ou le sabotage.» Plus loin, on y lit que «des ouvertures entre le toit et les murs du réservoir ne sont pas acceptables comme moyen de ventilation. (…) Les conduites doivent empêcher l’intrusion d’eau de surface ou de pluie, l’entrée d’insectes et de poussières et éviter l’entrée d’oiseaux ou d’autres animaux.»

Ce qu’ils ont dit

Contrairement à ce qu’affirmait le directeur des travaux publics de Sainte-Adèle,Timothy Watchorn, mardi, le directeur régional au Centre de contrôle environnemental du MDDEP, Pierre Robert, a déclaré ignorer la situation du bassin. «Plus on blindait, plus les jeunes s’équipaient pour vandaliser la trappe d’ouverture du bassin», de dire un employé de la ville. Le Dr Michel Savard, de la Direction de la santé publique des Laurentides, a affirmé sans détour qu’il y avait «un risque à la santé. Même si ce risque n’est pas nécessairement élevé, est-ce socialement acceptable comme situation? La réponse est non.»

Même si la ville stipule qu’elle n’a «pas physiquement accès au bassin», une information que continue de réfuter le propriétaire des lieux, le Dr Manon Paul, de la Santé publique assure que cette anomalie ne lui a jamais été déclarée. «Si c’était aux États-Unis, avec leur crainte effrénée d’introduction de substances, c’aurait bougé déjà depuis longtemps.» a lancé Hubert Demard, un ingénieur de 30 ans d’expérience souvent appelé à travailler avec l’American Water Works Association (AWWA).

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