Le grand retour

Par Jean-Claude Tremblay

Chronique d’un X

On l’a ignoré pendant toute la campagne électorale, et pourtant, on lui doit tout. Elle s’est formée il y a 4,54 milliards d’années, et malgré son statut d’ultime doyenne, elle a été la grande négligée — vous aurez compris que je parle de cette planète bleue, notre hôtesse, cette malmenée. Considérant ce triste fait, disons que j’étais plutôt heureux d’entendre que la cause environnementale refaisait récemment surface. Après tout, il faut être narcissique rare pour ne s’intéresser qu’à notre propre espèce, sachant qu’il y en aurait entre 7,4 et 10 millions sur Terre.

Hydro et Ste-Adolphe : un mauvais film

C’est digne d’une longue série de films qui s’étire… devenue tellement diluée que les gens s’en sont lassés. Pourtant, les multiples déversements de sédiments, la destruction massive du paysage, de la quiétude et de l’économie, sont des enjeux toujours présents et plus vrais que jamais. L’émission «Infoman» en a parlé, suivie de Guy A. Lepage et de Claude Meunier, tous outrés et fiers de dénoncer – pas certain que ça va changer, mais au moins ça redonne de la visibilité à un scandale porté à bout de bras par ce noble et vaillant comité opposé à l’absurdité et à ce « génocide paysager. »

« Un gouvernement de la CAQ demandera la suspension des travaux de la ligne à Ste-Adolphe dès son élection ».

Oups. Bip, bip, bip. Bienvenue en politique Mme la députée, c’est le temps d’assumer, de trouver des solutions, et de rendre des comptes à vos citoyens, car c’est sur cette base qu’ils ont votés.

Le pacte pour la transition

Ce « pacte », c’est l’initiative créée et endossée par des artistes et des personnalités publiques, un phénomène qui prend de l’ampleur et qui essentiellement, invite les gens à s’engager à réduire concrètement leur empreinte écologique.

Cette proposition n’est pas parfaite, mais elle est louable, au sens où elle suscite une certaine prise de conscience citoyenne. Hélas, il y en aura toujours qui trouveront une raison pour être offensé. Les réseaux sociaux regorgent d’ayatollahs de la vérité, et avec le dos de la cuillère, ils n’y sont pas allés. « On le sait bien ces maudits artistes, tous pareils en train de chialer tout en conduisant leur gros 4X4 de luxe! » Voilà l’un des commentaires les plus doux que je peux rapporter ici.

Perspective requise

Est-ce qu’il y a des gens connus et moins connus qui se servent de cette vague « pro-environnement » comme prétexte pour se draper dans la vertu ? Assurément. Est-ce que ça change quelque chose au fond du problème et au bien-fondé de la démarche ? Bien sûr que non. Quant à moi, plus on parle d’environnement, mieux c’est. On oublie vite, mais on part de loin. J’ai souvenir d’une époque où il était coutume de jeter son McDo par la fenêtre de l’auto lorsqu’on avait terminé — et je ne vous parle pas du cendrier par terre dans le stationnement, ou des appareils ménagers « dompés » dans le fond d’un lac. Bon, ça se fait encore vous allez me dire, mais pas mal moins souvent, et les gens se gardent une p’tite gêne aujourd’hui.   

Reste qu’il faut poursuivre la sensibilisation et enseigner la responsabilité, pour notre bien et celui des générations futures. Récemment, l’émission «Banc public» nous apprenait que chaque année, 40 % de la nourriture produite au Canada, de la ferme à la table, est gaspillée. Ça représente 31 milliards de dollars aux poubelles. Hormis les commerçants et les producteurs, les consommateurs, soit vous et moi, sommes responsables de la moitié de ce gâchis absolument abominable. Pendant ce temps, des gens crèvent de faim, ici et ailleurs — c’est indécent. Il faut passer d’un rapport d’exploitation à un rapport de collaboration avec la Terre. Il faut se sortir la tête de la honte et selon moi, le salut que nous avons grandement besoin passera d’abord par l’éducation.

Comment inciter des gens à poser des gestes concrets alors que beaucoup ne savent même pas ce que veut dire « empreinte écologique » et connaissent encore moins comment la calculer — cessons de culpabiliser et commençons à s’éduquer.

Comme dirait sûrement celui que j’ai côtoyé à l’UQAM, le tribun que j’ai admiré, celui qui m’a influencé de par sa vaste culture, sa verve magistrale et son respect de la Terre : « Quod humana conditio non inveni melius est abire in terra ».

L’humain doit quitter la Terre dans un meilleur état qu’il l’a trouvé. Mission accomplie, pour l’homme brave qui maintenant repose en paix — toujours je me souviendrai, et je ne vous remercierai jamais assez.

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