Le Mexique dans le ciel de Bell Helicopter
Par nathalie-deraspe
Depuis quelques semaines, Bell Helicopter sollicite ses employés en vue d’aller former des travailleurs mexicains. «Il faut gérer la chaîne de valeur pour tout ce qui est fait», a expliqué le président de la filiale mirabelloise de Textron inc., Jacques St-Laurent, lors d’une entrevue exclusive accordée mardi à Accès.
Cet appel lancé aux quelque 2 300 employés de la compagnie fait partie d’une manœuvre de transparence de la part de l’employeur et ne présuppose rien d’inquiétant pour l’usine d’assemblage, précise aussitôt Jacques St-Laurent. Malgré une conjoncture économique difficile, le pdg de la filiale de Textron entrevoit un futur «éblouissant» pour l’avenir de Mirabel. «Nous avons toujours été sur la scène globale, qu’il s’agisse de la Pologne, de la Corée ou de Taïwan. Le plan de match, c’est de croître ici.» La compagnie faisait même fabriquer certaines composantes en Chine, mais a cessé pour le moment de transiter avec l’hôte des Jeux Olympiques de 2008. Ce qui ne l’empêche pas de recevoir des composantes de partout dans le monde. Pour ce qui est du Mexique, M. St-Laurent avance qu’il s’agit d’une possibilité parmi tant d’autres, les évaluations n’étant pas encore complétées. «Il y a des projets qui verront le jour, d’autres non», a-t-il souligné.
Départs contestés
En partant pour le sud, Bell Helicopter imiterait Bombardier, qui s’est laissée séduire par une main-d’œuvre bon marché il y a de cela un an et demi. Les médias ont gonflé l’affaire, argue Jacques St-Laurent qui, sans le vouloir, venait de se porter à la défense d’un autre géant de l’aéronautique. «Dans le même temps, Bombardier a créé davantage d’emplois au Québec qu’il s’en est perdus.»
L’optimisme affiché de M. St-Laurent repose sur la réouverture des marchés suite aux attentats de 2001. Après avoir plafonné à 500 hélicoptères par an pour l’ensemble des fabricants de la planète, la demande est passée de 700 à 800. À lui seul, le 429, dont le quatrième prototype prendra bientôt son envol, doit produire plus de 300 appareils en commande. «On fait des réaménagements d’usine dans le but d’augmenter la productivité pour contrer les effets pervers de la force du dollar. Nous avons une rétention d’employés extrêmement élevée et on a tout intérêt à maintenir nos emplois ici. Mon seul doute, c’est un éventuel ralentissement global de la macro-économie», soutient Jacques St-Laurent.
Et l’instauration d’une grappe aéronautique spatiale dans une même concentration géographique aide l’ensemble du secteur à conserver ces objectifs, assure le président de la société.