Le papa inquiet des Pays-d’en-Haut pour le choix scolaire de ses jeunes

Par Rédaction

Par Philippe Leclerc

Je m’appelle Philippe, j’ai 46 ans, je suis marié et père de trois enfants, dont deux en garde partagée. J’ai choisi de m’établir à Piedmont, dans ce magnifique territoire des Pays-d’en-Haut, où j’ai pu observer, depuis 2018, une croissance impressionnante. Comme beaucoup de Laurentiens d’adoption, je suis tombé sous le charme des paysages, des lacs, des montagnes, et surtout, des gens qui habitent ce coin de paradis.

Aujourd’hui, je m’adresse à vous non pas en tant que professionnel ou chroniqueur, mais en tant que papa. Un papa inquiet, qui se préoccupe de l’avenir de ses enfants, et plus particulièrement de leur parcours scolaire dans les Pays-d’en- Haut alors que la rentrée bat son plein.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon le CISSS des Laurentides, les jeunes représentent à peine 13 % de la population des Pays-d’en-Haut, bien en deçà de la moyenne laurentienne qui dépasse les 19 %. Pire encore, ces jeunes sont plus nombreux à grandir dans des conditions de pauvreté que leurs aînés. Et tandis que la génération des Félix Leclerc a vu plus de 3 000 personnes s’installer dans la région ces cinq dernières années, seulement 650 jeunes de la nouvelle génération ont rejoint nos rangs. Cinq fois moins ! Cette réalité me préoccupe profondément.

En tant que père, je me demande quel poids ces jeunes auront dans les décisions publiques pour notre territoire. Il n’existe plus de forums régionaux jeunesse pour promouvoir les intérêts de cette génération montante, les Conférences régionales des élus ayant été abolies. Les MRC et les municipalités ont maintenant la responsabilité d’animer ces discussions, mais je crains qu’il n’y ait plus de porteur direct de la cause des jeunes, ni politiquement, ni administrativement.

Ce constat m’amène à une autre de mes préoccupations : comment offrir un cadre propice à l’épanouissement de nos jeunes, en particulier au niveau secondaire ? L’école secondaire Augustin-Norbert- Morin, la seule école publique francophone du territoire, doit composer avec des défis immenses. Mes enfants, qui partagent leur temps entre Piedmont et Saint-Jérôme, sont de grands sportifs. À l’heure prochaine de choisir leur école secondaire, j’ai voulu explorer les possibilités offertes par l’école Augustin- Norbert-Morin. J’ai été heureux de découvrir les programmes sport-études en ski et en danse, mais ma joie s’est vite transformée en déception en comparant cette offre à celle de l’école polyvalente de Saint-Jérôme : natation, hockey, baseball, basketball, gymnastique, et plus d’une dizaine d’autres !

Pourquoi une telle disparité ? Il semble que tout soit question de financement. L’école Augustin-Norbert-Morin reçoit un budget modeste, fixé par Québec selon un classement socio-économique, tandis que l’école polyvalente de Saint- Jérôme bénéficie d’un soutien financier beaucoup plus important. L’unique école secondaire de notre territoire fait face à des besoins énormes, mais reçoit des ressources limitées, ce qui a un impact direct sur l’état de ses installations et la diversité de ses programmes. Pendant ce temps, au sud et au nord, des écoles modernes et bien équipées voient le jour, laissant notre école dans l’ombre.

Je suis persuadé que la communauté de l’École polyvalente Saint-Jérôme a su se mobiliser pour obtenir de meilleures conditions pour ses jeunes. Mais qu’en est-il de nous ? Que pensent nos trois députées, France-Élaine Duranceau, Sonia Bélanger et Agnès Grondin, de cette situation ? Et nos leaders locaux, sont-ils conscients de l’importance d’investir dans l’avenir de nos jeunes ?

L’équipe de l’école Augustin-Norbert- Morin, nos élus locaux, nos députées, ainsi que les acteurs concernés par la jeunesse dans notre région doivent se retrousser les manches. Avec l’arrivée d’une nouvelle direction depuis deux ans et surtout avec les installations du nouveau Centre sportif à deux pas de l’école – une piscine de 25 mètres, une patinoire aux dimensions professionnelles, un terrain de soccer et des sentiers de plein air – il est impératif de développer de nouveaux programmes pour nos jeunes. Il est temps de capitaliser sur ces atouts pour offrir à nos enfants un environnement stimulant et riche en opportunités. Pour mes deux plus grands, il est peut-être déjà trop tard, mais pour ma plus jeune, il y a encore de l’espoir.

Ensemble, nous pouvons faire en sorte que les jeunes des Pays-d’en-Haut ne soient pas laissés pour compte, mais qu’ils aient bien leur place, ici, au coeur de notre territoire.


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2 commentaires

  1. Cher Monsieur Leclerc,
    Votre réflexion et son angoisse reliée sont fort importantes et doivent être prises de front par un gouvernement qui se dit intéressé par l’éducation.

    En 2018, j’ai posé ma candidature aux élections provinciales entre autre parce que je trouvais ignoble que notre petite région des Pays-d’en-Haut, et ma communauté qui vit juste au Sud, à Prévost, n’ait qu’une seule école secondaire publique, à Sainte-Adèle. Une excellente école d’ailleurs, munie d’un personnel enseignant motivé et engagé! Il y a aussi Saint-Jérôme, mais ce n’est toujours pas l’école en milieu de vie.

    Je suis arrivée dans la région en 1999, alors que François Legault était ministre de l’éducation. Un voisin est venu m’accueillir dans le coin, armé d’une pétition à signer, pour la construction d’une école secondaire à Prévost. Artiste lyrique et enseignante, je me suis empressée de signer.

    Devenu premier ministre, Monsieur Legault aurait-il oublié cet historique de mobilisation citoyenne? Certes, il y a d’autres utilisations urgentes de l’argent des citoyennes et des citoyens – bien que je me demande ce qui peut être plus urgent que de subvenir aux besoins de base de nos enfants, dont l’éducation – par exemple, des liens autoroutiers discutables, des subventions à une équipe de milliardaires qui se disputent une rondelle de plastique sur la glace artificielle d’une arène, à une usine de batteries qui ruinera l’environnement, ou encore, une usine de chips qui viendra certainement aider aux hausses des tarifs pour la médecine.

    Je suis pourtant réjouie de lire votre article, puisque j’y sens cette bonne vieille mobilisation, bienveillante, essentielle pour faire changer les choses. J’espère que nous saurons mieux choisir les gens pour qui nous votons, que la propagande cessera de faire des victimes innocentes aux prochaines élections et que le bilan, ainsi que la plateforme chiffrée soient les deux éléments les plus importants, ce qui motivera nos choix aux urnes. D’ailleurs, la plateforme électorale devrait servir de base à la reddition de comptes du gouvernement.

    Je suis rassurée de voir que, même après l’abolition de la participation citoyenne aux conseils et commissions scolaires, la relève de militance semble prendre un nouveau souffle qui accomplira ce que ma génération n’a pas réussi à faire.

    Insieme, alla vittoria! Sempre!

  2. Monsieur Leclerc,
    Vos inquiétudes font preuves de bienveillance à l’égard d’une cohorte populationnelle associée au mot famille et utilitaire pendant les campagnes électorales. Comment protéger la famille et les personnes qui la composent sans tenir compte du regard actuel, dont certains éléments relevés dans votre article découlent du manque de volonté d’agir des politiciens. Un exemple bien simple, la venue de l’édification d’une école élémentaire à Saint-Sauveur tout en donnant un terrain de plus de 4 millions avec l’assentiment politique, sans exiger l’ajout d’une garderie. Une garderie se veut être un filet protecteur et social pouvant améliorer les conditions économiques des familles permettant aux parents de travailler et de maintenir un revenu . Concernant les activités parascolaires dans les polyvalentes, ceux-ci devraient être gratuits afin de ne pas laisser certains adolescents assis sur le banc à regarder les autres, car la santé actuel de cette population est fragilisée par le temps consacré aux écrans et tablettes.

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