Le parcours de la combattante
Par Rédaction
Par Philippe Leclerc
Il y a des combats admirables, invisibles. Des combats loin des projecteurs, loin des moments tape-à-l’oeil comme Logan et Tyson. Ces combats-là ne font pas la une, mais ils changent des vies.
Louise Bertrand mène un de ces combats. Mère de Charles, autiste devenu adulte, elle s’est battue pour lui offrir plus qu’un toit : une vie autonome. Avec patience et constance, elle a cultivé chez lui le désir de se dépasser. Mais dans les Laurentides, une cruelle réalité demeure : il n’existe presque aucun lieu adapté pour des jeunes adultes comme Charles.
Un cercle vicieux
Selon un reportage de Radio-Canada, 62 % des jeunes adultes ayant une déficience intellectuelle légère ou un handicap léger vivent encore chez leurs parents. Pourquoi ? Parce que les ressources manquent. Ces jeunes, souvent pleins de potentiel, se retrouvent enfermés dans une dépendance involontaire.
Pour les rares qui accèdent à un logement, l’isolement guette. Charles, par exemple, habite un appartement entouré de logements AirBnB. Peu de contacts sociaux. Peu d’activités. Pas de réseau immédiat.
Heureusement, un projet brise ce cercle vicieux : Viv’en Logis.
Un rêve qui devient réalité
Viv’en Logis verra le jour à Sainte-Adèle. Ce projet de logements sociaux accueillera 20 jeunes adultes autonomes ayant des besoins particuliers. Grâce à des unités modernes, sécuritaires, et abordables, ces locataires pourront s’épanouir dans un véritable milieu de vie.
À quelques pas des services et activités sociales, Viv’en Logis offrira bien plus qu’un toit : des activités communautaires, une salle polyvalente, et un intervenant sur place pour assurer un filet de sécurité.
Un modèle innovant
Les locataires paieront 25 % de leur revenu grâce programme de supplément au loyer (PSL). Un modèle simple, mais efficace, soutenu également par le programme AccèsLogis, malheureusement aujourd’hui aboli. Cette initiative, rare dans les Laurentides, représente un espoir pour d’autres familles.
Mais ce n’est pas qu’un projet immobilier. C’est une promesse d’inclusion sociale, portée par des parents, des bénévoles, et des citoyens engagés.
Une course contre la montre
Le temps presse. Pour bénéficier d’AccèsLogis avant sa disparition, les travaux doivent débuter d’ici la fin 2024. La construction s’étendra sur 18 mois, avec une ouverture prévue à l’automne 2026.
Le budget total s’élève à 10 millions de dollars. Grâce à la mobilisation, 9,5 millions ont déjà été réunis. Il manque encore 500 000 $. Cette somme permettra d’aménager les espaces communs : une salle communautaire, un jardin collectif, des infrastructures adaptées.
Une communauté mobilisée
Si vous voulez comprendre pourquoi ce projet est essentiel, prenez quelques minutes pour visionner la vidéo sur leur site. Elle met des visages et des histoires sur ces chiffres.
Viv’en Logis ne répond pas seulement aux besoins des jeunes adultes : il libérera des logements dans la région et allégera la pression sur le marché locatif. Des initiatives similaires ailleurs au Québec montrent que l’impact dépasse les bénéficiaires directs. Toute la communauté y gagne.
Un combat collectif
Le parcours de Louise Bertrand et des autres parents n’a rien eu de facile. Ils ont affronté des embûches : pandémie, flambée des coûts, règles complexes, et abolition des programmes essentiels. Pourtant, ils ont persévéré.
Viv’en Logis, c’est le fruit de leur combat. Mais c’est aussi le nôtre. Parce qu’au-delà des budgets et des échéanciers, il s’agit de bâtir une communauté où chacun trouve sa place.
Parce qu’offrir un toit, c’est aussi offrir une chance de vivre pleinement, avec dignité.