Le Regroupement environnemental de Saint-Jérôme dénonce les coupes à blanc
Par nathalie-deraspe
Le Regroupement environnemental de Saint-Jérôme (RESJ) exhorte la Ville à préserver davantage d’arbres sur son territoire plutôt que de laisser les promoteurs tout raser sur leur chemin. Selon l’organisme, le reboisement coûte non seulement trop cher aux contribuables mais donne des résultats plus que mitigés.
«En un an, le coût pour planter un arbre est passé de 600$ à 750$. Pourtant, un Pro-fusion crabapple de deux pouces de diamètre, comme il s’en plante dans les nouveaux développements, coûte autour de 218$ et les frais de plantation sont de 225$.
Les coûts n’ont pas augmenté chez les pépiniéristes. Comment se fait-il qu’il y ait une si grande différence de prix? Sur un bout de rue, la Ville paie 30 000$ pour reboiser après les coupes à blanc», lancent les responsables du RESJ. Une nouvelle résidente de la rue Deschâtelets s’est fait expliquer que la hausse de taxes dans son secteur était attribuable aux plantations d’arbres, alors que le seul qui s’y trouvait avait été planté par elle! «On répare les pots cassés, dénonce le RESJ, alors qu’on pourrait préserver des arbres existants.» L’arboriculteur Karl Goupil affirme que techniquement, il serait possible de préserver des végétaux même sur des terrains aussi petits que 5 000 pieds carrés, à tout le moins sur le devant et entre chaque cour des résidences. «Mais c’est plus facile de rentrer un bulldozer et de tout raser, concède-t-il. La municipalité devrait avoir un comité de l’environnement qui soit détaché de la politique. La politique dure quatre ans, le développement durable, c’est du long terme. Le problème de base vient des fusions. Avant, les villes étaient divisées par des boisés. Maintenant, on veut une vision d’ensemble qui fasse plus métropole.» Dans L’état de l’environnement urbain au Québec, Gilles Sénécal affirme que le seuil acceptable d’espace qui devrait faire l’objet d’une conservation est de 4%. À Saint-Jérôme, ce territoire est plutôt de 1,6%. En s’inspirant de l’Union internationale pour la conservation de la nature, le gouvernement veut fixer ce seuil à 8%. À l’instar de Laval et de Victoriaville, Saint-Jérôme dispose de programmes orientés vers l’action dont il reste à évaluer la portée. Mais la Ville n’a pas de comité d’environnement, ne fait pas de revitalisation urbaine et les stratégies de verdissement ne sont que ponctuelles, peut-on lire dans le document commandé par La Presse et qui visait à évaluer la situation dans 38 municipalités du Québec.
Karl Goupil nous met en garde. Si le déboisement sévère se poursuit, les insectes ravageurs et les pathogènes risquent de détruire les végétaux en santé, les vents violents se multiplieront faute d’arbres pour les rediriger et les surplus d’eau n’arriveront pas à s’écouler normalement. «Il faudrait gérer tout le territoire en fonction des bassins versants», lance-t-il en guise de conclusion.