Le système carcéral pisse de partout

Par nathalie-deraspe

Détenus libérés par erreur

La semaine dernière, Radio-Canada nous apprenait que 34 détenus avaient été libérés par erreur en 2009. Les centres de détention de Québec et de Saint-Jérôme ont été particulièrement pointés du doigt. Dans la région, 8 prisonniers ont pris le large, soit le quart de tous les détenus échappés des mailles du filet l’année dernière.

En février par exemple, un homme condamné pour contacts sexuels avec un mineur a pu profiter d’une libération hâtive. Au ministère de la Sécurité publique, on indique qu’il s’agit d’erreurs humaines survenues dans le traitement des documents légaux comme la saisie des peines ou la durée des mandats. Le porte-parole du ministère, Mario Vaillancourt, précise qu’en septembre dernier, un plan d’action visant à réduire le nombre de libérations par erreur a été adopté. Un spécialiste a notamment été embauché pour le calcul des sentences.

Pour sa part, l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec (ASRSQ) a demandé à plusieurs reprises des changements substantiels à la loi et aux pratiques carcérales. En mai dernier, le Groupe de défense des droits des détenus de Québec dénonçait la surpopulation carcérale, un problème récurrent malgré l’ajout de 324 nouvelles places de détention. L’organisme est d’avis que bon nombre de personnes incarcérées ne représentent pas une menace pour la sécurité publique bien qu’elles engorgent les prisons de la province. Faute d’espace et d’argent, les programmes de réinsertion sociale sont mis aux oubliettes et les problèmes de soins de santé se multiplient. Aucune thérapie n’est offerte derrière les barreaux. Pourtant, on estime à 40% le nombre de détenus éprouvant des problèmes de santé mentale au Québec.

Une situation récurrente

En 1975, le philosophe français Michel Foucault affirmait que non seulement la prison ne permet pas de diminuer le taux de criminalité, mais favorise la récidive. On y forme des délinquants à la chaîne. En 1986, le rapport Landreville constatait que le taux d’incarcération au Québec était un des plus élevés parmi les pays occidentaux. Les études démontrent par ailleurs que la demande carcérale n’est pas proportionnelle à la criminalité mais est plutôt influencée par les politiques pénales misent de l’avant par nos gouvernements.

En 2006-2007, on dénombrait 39 527 admissions dans les établissements de détention du Québec, soit une augmentation de 3,3 % par rapport à l’année précédente. Au 31 mars 2009, les chiffres du ministère de la Sécurité publique, faisaient état de 4705 détenus, pour une capacité d’accueil de moins de 4000. Depuis 2000, le nombre de prisonniers aurait augmenté de 30%.

En date du 14 février dernier, 433 personnes étaient incarcérées à Saint-Jérôme. L’établissement peut en accueillir 388. Chaque détenu coûte à l’État 160$ par jour. L’an dernier, le gouvernement Charest a annoncé la construction éventuelle de 5 nouvelles prisons, ce qui permettrait d’ajouter quelque 338 places de plus dans le réseau correctionnel. La facture du projet s’élève à un demi-milliard de dollars. Reste à savoir comment l’État réussira à financer les nouveaux services d’un système déjà largement déficitaire.

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