Le train sur la bonne voie… mais toujours au diesel
Par nathalie-deraspe
Même si tout le monde applaudit le fait que le train rentrera vraisemblablement en gare le 8 janvier à Saint-Jérôme, Accès-Nord affirme que d’autres batailles devront être engagées, dont celle du doublement des voies ferrées.
«Ça fait sept ans que j’attends le train, affirme André Blais, et je serai le premier à monter à bord quand il arrivera à Saint-Jérôme.»
L’ex-président d’Accès-Nord (2001 à 2005) n’a pas pour autant jeté la serviette, bien au contraire. Ce mordu des transports en commun vient de lancer une pétition visant entre autres à ramener le même nombre de wagons que durant la fermeture de la 19 à Laval.
Selon les données de l’Agence métropolitaine de transport (AMT), l’achalandage a augmenté de 8% sur la ligne Blainville/Montréal durant cette période. André Blais estime que l’arrivée des passagers en provenance de Saint-Jérôme viendra amplement compenser les usagers qui ont repris leurs anciennes habitudes et qui se déplacent désormais en auto. L’AMT affirme de son côté qu’un cinquième train à deux étages est prévu dans les prochains mois, ce qui permettra du coup d’augmenter le nombre de départs le matin.
La pétition, qui circule ces jours-ci dans nos régions et sur le site d’Accès-Nord, exige en outre un nombre équivalent de départs sur toutes les lignes y compris celle de Saint-Jérôme et suggère qu’une navette fasse le trajet entre les gares de Saint-Jérôme et de Sainte-Thérèse afin de mieux accommoder les usagers qui voyagent à l’extérieur des heures de pointe.
Se portant à la défense des futurs usagers de Saint-Jérôme, M. Blais déclare que les gens se plaignent du fait qu’ils devront débourser sensiblement les mêmes tarifs qu’à Deux-Montagnes, là où le service est offert jusqu’à minuit le soir.
Autre point crucial, le stationnement. «Est-ce que les gens vont être prêts à payer pour un stationnement, questionne André Blais, j’en doute. Et le problème est partout pareil, poursuit-il. À Blainville et Rosemère, ça fait quatre ans que les stationnements sont pleins à craquer. Mais le maire dit que 50% des utilisateurs proviennent de l’extérieur de la ville. Avec un train à Saint-Jérôme, il est convaincu que ça va dégager de l’espace. Voilà pourquoi personne ne veux investir pour le moment.»
À Saint-Jérôme, le problème se pose autrement. Le stationnement incitatif de l’AMT pourrait faire les frais de l’augmentation récente de coût d’espaces de stationnement partout dans la ville. Comment en effet, s’assurer que les 320 places disponibles soient strictement réservées aux usagers du train, questionne à nouveau le porte-parole d’Accès-Nord, qui est loin d’être convaincu que la construction du boulevard du Grand Héron puisse supporter de trafic supplémentaire, même si le maire Gascon en personne lui a confirmé que cette voie de contournement avait été expressément pensée pour faciliter l’accès au train.
La filière électrique
De plus, les membres d’Accès-Nord se demandent pourquoi l’AMT n’a pas voulu choisi d’installer dès le départ des wagons électriques, beaucoup moins bruyants et polluants que ceux au diesel, un projet dans lequel Hydro-Québec aurait sauté à pieds joints, paraît-il.
«En 2001, Florence Junca-Adenot m’avait affirmé qu’il était probable d’obtenir un train électrifié pour 2010 à Saint-Jérôme, soutient à nouveau André Blais. Mais elle était loin de se douter que le train arriverait seulement en janvier 2007! »
L’AMT répond derechef que c’est en raison des coûts que cette solution n’a pas été envisagée. «La ligne Deux-Montagnes, électrifiée il y a dix ans a coûté plus de 350 M $, explique la responsable des communications de l’AMT, Mélanie Nadeau. Mais les quatre autres lignes que l’on exploite accueillent aussi les trains de marchandises du CP et du CN, poursuit-elle. Il aurait donc fallu refaire toutes les lignes au grand complet, ce qui aurait coûté des centaines de millions de dollars.»
Par ailleurs, une étude sera amorcée au cours de 2007 pour évaluer les coûts de trains bi-modes. De telles locomotives permettraient de passer sous le tunnel en mode électrique, au lieu de contourner la montagne, ce qui permettrait de raccourcir le trajet de la ligne de Saint-Jérôme/Montréal.
L’inauguration officielle du train est prévue le samedi 16 décembre à 9 h 30. Après les discours inauguraux dont celui du premier ministre Jean Charest,, qui promet d’être présent pour l’événement, la population sera invitée à profiter d’un tour inaugural qui les conduira à Rosemère. La mise en service régulière est prévue une semaine avant, soit le 8 janvier.