Photo : Monia Proulx

Leadership politique et leadership de façade

Par Rédaction

CHRONIQUE

Par Philippe Leclerc

Prévost : une mobilisation exemplaire

Après des années de persévérance, Prévost aura enfin son école secondaire. Cette annonce confirmée il y a une dizaine de jours ne s’est pas faite du jour au lendemain, et ce n’est pas que le fruit du maire actuel, bien qu’il faille souligner et féliciter son engagement. C’est l’aboutissement d’une mobilisation citoyenne constante, du travail acharné de plusieurs élus successifs et d’une pression stratégique sur les instances gouvernementales. Parents, élus, organisations locales : tous ont uni leurs efforts pour faire reconnaître le besoin criant d’une école secondaire sur le territoire du Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord.

Des pétitions, des représentations répétées auprès du ministère de l’Éducation et des actions politiques ciblées ont permis de faire avancer ce dossier longtemps négligé par Québec. À force d’insistance et de détermination, ils ont fini par avoir gain de cause. Une victoire obtenue à la sueur de leurs efforts. Bravo !

Sainte-Adèle et Saint-Sauveur : une gestion confuse

Pendant ce temps, à Sainte-Adèle et Saint-Sauveur, c’est une toute autre histoire. En décembre dernier, quelques kilomètres au nord de Prévost, le Centre de services scolaire des Laurentides (CSSL) annonçait que 200 élèves du primaire de Sainte-Adèle seraient déplacés à Saint-Sauveur, une décision qui a immédiatement soulevé la grogne des parents. Ce n’est pas qu’un simple changement d’école : c’est un bouleversement pour ces enfants et leurs familles, qui devront parcourir 20 km par jour simplement pour aller en classe.

Face à cette levée de boucliers, le CSSL a promis de réaménager l’agrandissement prévu de l’école Chante-Au-Vent pour permettre aux élèves de revenir d’ici trois ans. Mais à peine huit jours plus tard, à la veille des Fêtes, revirement complet : le projet est suspendu. Aucune autre solution n’est avancée, laissant les familles dans l’incertitude. La confiance est brisée.

Un mépris bureaucratique pour les réalités locales

Ce qu’on observe ici, c’est une vision centralisatrice de l’éducation, où les mandarins de Québec imposent des décisions sans considération pour les réalités locales. Prévost a longtemps été perçue comme une simple banlieue de Saint-Jérôme, et les municipalités des Pays-d’en-Haut sont traitées comme un bloc homogène, sans égard pour leurs particularités.

Jamais on n’aurait osé imposer un tel déplacement à Montréal. Imaginez qu’on oblige les parents de Villeray à envoyer leurs enfants dans une école de Rosemont, soit à plus de 2 km de distance. La grogne aurait été immédiate, les élus auraient crié au scandale et les médias auraient amplifié la contestation. Mais ici, dans les Laurentides, les décisions ont été prises sans égard à l’opposition.

Un engagement politique inégal

Les élus des Pays-d’en-Haut ont-ils abandonné leurs citoyens ? Non. Certains gestes ont été posés : des résolutions d’appui, des interventions publiques. Mais étaient-ils suffisants ?

À Prévost, la lutte a été menée avec acharnement, une stratégie politique bien rodée et une pression constante sur les décideurs. Dans les Pays-d’en-Haut, la mobilisation a été plus hésitante, plus éclatée. Certes, des voix se sont élevées, mais elles n’ont pas créé le rapport de force nécessaire pour faire plier la bureaucratie scolaire. Une approche plus structurée, plus frontale et mieux coordonnée avec les parents pourrait peut-être changer la donne.

S’inspirer des réussites pour mieux avancer

Le succès de Prévost n’est pas le fruit du hasard, mais d’une méthode efficace. Les Pays-d’en-Haut ont tout à gagner en adoptant une approche similaire pour défendre leurs infrastructures scolaires et leurs demandes pour de nouvelles écoles. Ce n’est pas un manque de volonté qui freine les dossiers, mais bien une absence de stratégie efficace et d’un engagement plus combatif.

Un souhait pour 2025 : du courage politique

Pour 2025, souhaitons-nous des élus qui osent, qui prennent position, qui se tiennent debout aux côtés des citoyens et qui ne naviguent pas à vue. Des élus qui comprennent que dans les batailles comme celles de l’éducation, seule une pression continue et une vision claire permettent d’obtenir des résultats.

Car si la bureaucratie est lente et pesante, le manque de volonté politique peut être encore plus paralysant. À force d’attendre et de tergiverser, on finit par perdre plus que du temps : on perd des générations entières d’élèves qui mériteraient d’aller à l’école dans leur milieu de vie immédiat.

Peut-être que finalement, l’idée que Prévost joigne les Pays-d’en-Haut serait une piste de réflexion à considérer…

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