L’Église unie fait de plus en plus d’adeptes
Par nathalie-deraspe
La petite église protestante située à deux pas du Chanteclerc s’est convertie au français en novembre 2008. Et son nombre de fidèles ne cesse d’augmenter depuis.
Nous sommes dimanche, il est passé 13h. Quelques fidèles quittent la petite bâtisse, surnommée désormais la chapelle sur le lac. On se croirait quelque part en Nouvelle-Angleterre. Mais nous sommes en plein cœur de Sainte-Adèle, face à un vestige résultant des tiraillements entre catholiques et protestants au moment de la conquête des Cantons du Nord.
La messe a été célébrée à 10h30, mais comme à l’habitude, le brunch suivant la cérémonie s’est étiré jusqu’en après-midi. La pasteur Johanne Gendron nous accueille avec un large sourire et nous invite à franchir le seuil de son église.
«Quand la United Church est devenue francophone, la nouvelle a fait le tour du Canada», confie-t-elle. Après tout, la plus importante église protestante au pays ne compte que 9 paroisses francophones sur 2420. Et la décision a fini par s’imposer d’elle-même. Les bancs de l’église se vidaient au fur et à mesure que la population anglophone de la région déclinait. Au lieu de voir ce lieu de culte abandonné, la United Church a fait le pari d’y intéresser des fidèles francophones.
Une église à gauche
Comptant trois millions de membres au pays, l’Église unie du Canada tire son nom de l’unification, en 1925, des églises méthodistes, congrégationalistes et presbytériennes. Ces trois courants sont nés de la Réforme, un mouvement vieux du XVIe siècle, qui protestait certaines pratiques et croyances de l’Église d’alors. Ses adeptes insistaient pour que l’obéissance à Dieu prime sur toute autorité humaine et même ecclésiastique. Exclus de l’Église, ceux-ci sont devenus par le fait même, des «protestants». Autre distinction. On ne gagne pas son salut en faisant des bonnes œuvres. Celles-ci sont plutôt le fruit de la foi, soutiennent les protestants.
«L’Église unie est la plus libérale des églises et est très axée sur la justice sociale», confie Johanne Gendron, mariée, mère de famille et pasteur. Pour illustrer ses propos, celle-ci précise que la bataille pour l’obtention du droit de vote des femmes au Canada a été initiée par une protestante. Elle ajoute que le mouvement accueille sans discrimination les homosexuels et un nombre grandissant de paroisses y célèbrent leurs mariages. «C’est une église démocratique, soutient la pasteur. La gestion se fait par le bas. La question homosexuelle a fait tout un brouhaha dans les années ’70, mais chaque paroisse a reçu des documents pour que ses membres établissent une position avec laquelle ils étaient confortables.»
Les adeptes se multiplient
Au fil des semaines, la messe devient plus animée. Autrefois, ils pouvaient être deux à investir la charmante chapelle le dimanche. Mais depuis la journée portes ouvertes et sa série d’activités, comprenant le lancement d’un volet culturel et un service religieux «Beatles», avec un brunch «Strawberry fields forever», garni à souhait de fraises fraîches, l’église est le théâtre de belles rencontres.
Ils sont désormais une vingtaine à s’y donner rendez-vous une fois par semaine. Un chien se balade dans l’allée centrale. Des enfants se chamaillent gentiment, pendant que les adultes entonnent une prière chantée. «On aime à dire qu’il y a autant de façon de voir Dieu qu’il y a de gens dans l’église», ajoute François Frenza, époux de la pasteur, également formé aux préceptes de l’Église unie.